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Cinéma

Une fille facile, la bombe ciné de l’été avec Zahia, qui démolit les clichés sur la « bimbo »

Une fille facile a ébloui le festival de Cannes et Kalindi avec lui. Voilà pourquoi il faut absolument que tu fonces au cinéma le 28 août découvrir ce film qui pulvérise les stéréotypes.

En partenariat avec Ad Vitam (notre Manifeste)

« Qu’est ce que ça veut dire, avoir des belles jambes ? »

Quand j’étais gamine, je me rappelle avoir posé la question à ma mère qui venait de faire ce compliment à l’une de ses copines.

L’adolescence et ses tempêtes

J’avais regardé les miennes sans être capable de juger de leurs qualités physiques.

Jusqu’à mes 15 ou 16 ans je pense, je ne me suis considérée qu’au travers de mes activités scolaires et parascolaires, sans jamais vraiment prêter attention à mon corps, qui grandissait sans que ça m’intéresse.

Et puis d’un coup j’ai compris que ce corps n’était pas que le vaisseau de mon esprit et une machine bien huilée par le sport, mais avait également un pouvoir d’attraction. 

Mais alors comment vivre avec cette nouvelle enveloppe susceptible d’attiser le désir ? Que faire de ce corps quasiment formé, qui était désormais, même pour moi, agréable à regarder et à toucher ?

La découverte de mon corps, de ma sensualité, et de ma sexualité a provoqué comme pour beaucoup d’adolescents pas mal de bouleversements dans ma vie.

Ces nouvelles tempêtes, ce sont celles qui d’ailleurs secouent la jeune Naïma, héroïne du nouveau film de Rebecca Zlotowski. 

Une fille facile, de quoi ça parle ?

Naïma a 16 ans, vit à Cannes chez sa mère dans un appartement avec vue sur la mer.

Elle ne sait pas encore précisément ce qu’elle veut faire de sa vie, mais a quelques pistes.

Alors que l’été est bien entamé, Cannes vibre sous les soirées, et brûle sous le soleil trop franc du sud.

C’est le moment que choisit Sofia, la cousine de Naïma pour débarquer dans sa vie et venir tout bousculer.

Naïma et Sofia sont très différentes. La première passe tout son temps avec son meilleur ami, un artiste pluriel en devenir, qui aime rire fort et ne se laisse pas embêter par les garçons.

La seconde aime dévoiler son corps et se moule dans des vêtements transparents, arbore des sacs de luxe et se met seins nus sur la plage. 

Sofia est l’archétype de la « bimbo » et assume à 2000% son côté ultra-sexy.

Elle s’en sert même pour séduire les hommes, dont un qui passe ses vacances sur son yacht dans le port de Cannes, et propose aux deux cousines d’y passer elles aussi un moment.

Tandis que Sofia rit et parade devant son beau millionnaire, Naïma s’endort sagement sur la banquette du yacht, couvée par le regard tendre et protecteur d’un collègue du riche propriétaire du bateau (un Benoît Magimel doux et formidable).

Ensemble, les deux cousines vont passer un été bouleversant et sensoriel, un été inoubliable.

Une fille facile déconstruit les clichés

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Sofia est belle, elle le sait et elle entretient son image de fille sexy.

Ses atouts physiques, elle s’en sert pour avoir les faveurs des hommes et se faire offrir des objets de luxe comme des sacs et des montres.

Son personnage de femme hyper sexualisée, elle l’embrasse complètement, et ne se vexe pas quand des garçons sur la plage la traitent de fille légère.

Parce qu’en réalité, Sofia se moque du carcan dans lequel on essaie de l’enfermer. La jeune femme est très loin d’être écervelée.

Rebecca Zlotowski, la réalisatrice de Une fille facile, prend grand soin de briser les clichés pour proposer une héroïne ultra-moderne, qui se fiche des qu’en dira-t-on et vit librement sa sexualité.

Dans une scène, sans doute ma préférée de tout le film, la jeune femme se fait inviter avec son riche homme d’affaires dans une demeure sublime où les attend une Clotilde Courau coiffée d’un chapeau, aux airs de parfaite bourgeoise.

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Alors que tous discutent autour d’une table à l’extérieur, Sofia évoque son amour pour Marguerite Duras.

Son affection pour la femme de lettres étonne le personnage de Clothilde Courau, qui se sert de cette information pour coincer celle qu’elle voit sans doute comme une rivale.

« Quel est votre livre préféré de Marguerite Duras ? »

Sofia prend son temps et répond qu’elle les aime tous.

En face, son interlocutrice galvanisée par l’idée d’humilier publiquement la jeune femme, insiste pour qu’elle réponde.

Et elle ne s’attendait sûrement pas à la brève tirade que lui oppose Sofia, le visage détendu et la voix très calme. 

Bien sûr douce lectrice, je ne peux pas te révéler la teneur de sa réponse. Pour t’en délecter, il te faudra aller en salles le 28 août prochain.

En tout cas le personnage de Sofia surprend.

Avec beaucoup d’habileté, Rebecca Zlotowski pose un regard frais et féministe sur l’une de ses héroïnes et vient déconstruire doucement le concept de « fille facile ».

Concept sur lequel l’une des actrices du film a d’ailleurs un avis bien éclairé.

Une fille facile, un casting étonnant

Une fille facile Rebecca Zlotowski // Source : Ad Vitam

Ça n’aura pas pu t’échapper car elle est sur toutes les affiches du film qui recouvrent le pays : Zahia Dehar tient ici l’un des rôles principaux et donne la réplique à la lumineuse Mina Farid.

Pour rappel, la jeune femme a été escort-girl dès l’âge de 16 ans et s’amuse dans le film de son image.

Dans une interview donnée à Cannes (où Une fille facile a d’ailleurs été primé à la Quinzaine des réalisateurs), Zahia Dehar s’est exprimée sur sa vision à elle et son interprétation de ce qu’est une « fille facile ».

« Être une fille facile, ça n’est pas quelque chose de péjoratif comme pense la majorité des gens dans notre société. Pour moi c’est plutôt le contraire. Une fille facile c’est quelque chose d’extrêmement positif.

C’est une femme forte, qui s’épanouit dans sa sexualité à l’égal de l’homme. Selon moi, tous ces mots — fille facile, traînée, etc. — ont été créés pour seul objectif d’emprisonner les femmes. »

Je n’aurais franchement pas dit mieux.

Zahia, c’est la très bonne surprise de ce film (et loin d’être la seule). Sans mentir, je pense qu’une partie du bruit qui a entouré le film est dû à son nom au casting.

Et la jeune femme honore parfaitement cette curiosité. De bout en bout, elle surprend, déconcerte et séduit au-delà de son apparence.

Elle a des airs à la fois naïfs et très mûrs qui la rendent difficile à cerner.

C’est ce que j’ai adoré : me perdre dans les nuances de son personnage, pour finalement l’admirer. 

Son jeu candide rappelle celui des actrices de la Nouvelle Vague, notamment Brigitte Bardot dans Le Mépris.

Solaire, elle illumine le film, sans jamais non plus éclipser l’autre grande héroïne, Mina Farid, dont c’est la toute première apparition sur grand écran.

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La jeune femme est parfaite, son jeu tranche avec celui de Zahia.

Il est facile de se reconnaitre dans son personnage d’ado qui se cherche et dont les désirs éclosent.

Elle va vivre son été comme une aventure, avec ce que ça comporte de risques et de déceptions, mais aussi de belles surprises.

Bref, Rebecca Zlotowski parvient à mettre en scène deux beaux portraits de femmes très différentes sans jamais les enfermer dans des caricatures.

Cette belle fable sur l’adolescence est sans aucun doute le film que j’ai préféré cet été, alors écoute-moi douce lectrice, et fonce au cinéma dès le 28 août découvrir Une Fille facile, dont madmoiZelle est fière d’être partenaire.

À lire aussi : Il faut voir ce film pour comprendre le « monstre » Weinstein


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Les Commentaires

45
Avatar de grenouilleau
16 septembre 2019 à 00h09
grenouilleau
Pour un autre point de vue sur le film, y a aussi cet article du blog féministe Le genre et l'écran, qui souligne notamment le fait que, comme dans Jeune et Jolie du réalisateur misogyne Ozon, le riche qui représente le client de la prostituée Sofia est loin du physique d'Harvey Weinstein.
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Voir les 45 commentaires

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