« Secouer un bébé est une maltraitance qui peut être mortelle. » C’est ainsi que s’achève ce spot de prévention où l’on entend un père, par l’intermédiaire d’un baby-phone, qui crie sur son bébé qui pleure et lui dit :
« J’en ai marre, tu me pourris la vie, tout ce que tu sais faire c’est chialer ! »
Des paroles glaçantes, qui s’interrompent par un silence angoissant.
Le syndrome du bébé secoué est la forme la plus grave d’un traumatisme crânien. Il survient lorsqu’un bébé ou un jeune enfant est violemment secoué par un adulte.
De plus en plus de prévention est faite pour sensibiliser les parents, qui risquent sans forcément le savoir de commettre des gestes irréversibles.
Des centaines de drames chaque année
Alors comme ça, on se dit pourquoi un adulte secouerait un bébé, il faut être fou ou folle ! C’est pourtant bien réel, la campagne l’annonce :
“Chaque jour en France, un bébé est victime du syndrome du bébé secoué. Dans 1 cas sur 10, il va mourir. S’il survit, il gardera de graves séquelles.”
Plusieurs centaines d’enfants sont donc victimes chaque année de ce syndrome, avec un pic d’incidence entre deux et quatre mois, comme nous l’indique Science et Avenir. Cela correspond peu ou prou à la période où l’enfant pleure le plus.
Sur le site que le gouvernement consacré aux 1000 premiers jours de l’enfant, mis au point par des professionnels de la petite enfance, il est écrit :
« C’est autour de l’âge de 6 semaines que les bébés pleurent le plus : en moyenne, un bébé peut pleurer jusqu’à 2 heures par jour, en temps cumulé, même quand il est en parfaite santé.
Certains bébés peuvent pleurer plus de 3 heures par jour, plusieurs fois par semaine et c’est souvent très angoissant et difficile à vivre pour les parents, surtout quand la fatigue s’accumule. »
Quand on a un bébé, on sait à quel point les pleurs peuvent être difficiles à supporter –c’est stressant et éreintant – et à quel point on ferait tout pour que ça s’arrête, sans réfléchir aux conséquences.
Ce sont des drames qui surviennent encore quotidiennement en France. La perte d’un enfant est tragique, d’autant plus lorsque la culpabilité rentre en jeu. Cette maltraitance, aux conséquences gravissimes, était peu évoquée il y a encore quelques dizaines d’années.
Laisser pleurer plutôt que secouer
Certes, dans l’idéal, il ne faut pas laisser pleurer son bébé, comme nous vous l’expliquions dans un récent article de la rubrique « Débats de Parc ». Mais quand on est excédée, quand on est à bout de patience, qu’on ne supporte plus les pleurs, mieux vaut mettre le bébé sur le dos dans son lit, et quitter la pièce, pour se préserver d’un geste irréversible.
Si cela est possible, il faut passer le relai à une autre personne, le temps de se calmer et de souffler. Et même si l’on est seule, on peut aller boire un verre d’eau, ou sortir s’aérer quelques minutes. Tout plutôt que d’en arriver à cette extrémité, que secouer le bébé.
Les injonctions sont nombreuses pour les parents et le fait de ne pas laisser pleurer peut sembler en être une supplémentaire. C’est pour cela qu’il faut agir, dans la mesure de ses capacités, à l’instant T, et ne pas se ronger le cerveau lorsque l’on a besoin de faire une petite pause.
Un plan plus large du gouvernement
Il faut tout faire pour que les cas de bébés secoués disparaissent et le gouvernement l’a bien compris. La première chose à faire est d’informer les parents, et tous les adultes, qui de près ou de loin, ont affaire aux enfants.
Le gouvernement va mettre à disposition des professionnels et des institutions de santé un « kit de communication (affiche, dépliant, etc.) » afin de « sensibiliser leur patientèle ou les publics qu’ils reçoivent ».
Cette campagne rentre dans un plan d’action plus global – le programme des 1 000 premiers jours – mis en place par le ministre de la Santé, Adrien Taquet, qui vise à informer les parents des bonnes pratiques durant la petite enfance.
Ce plan se décline en plusieurs volets, en commençant par le site contenant beaucoup d’informations – pourquoi mon bébé pleure, comment le coucher, que puis-je manger sans risque en étant enceinte…. Il est en ligne depuis septembre 2021.
On attend également les candidats et candidates à l’élection présidentielle sur les sujets de la petite enfance. Ce sont des thèmes extrêmement importants, car la manière dont on s’occupe des enfants aujourd’hui aura des conséquences sur les adultes de demain, et parce l’égalité dans la parentalité est un levier puissant d’égalité entres les femmes et les hommes !
À lire aussi : Le gouvernement veut accompagner les parents pendant les « 1000 premiers jours ». Est-ce suffisant ?
Image en une : © Unsplash/Ginny Rose Stewart
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