Les sénateurs LR ont déposé un projet de loi visant à interdire toute « transition hormonale ou chirurgicale avant 18 ans ». Brandissant la carte de la pseudo-protection de l’enfance, ils préconisent notamment d’interdire les bloqueurs de puberté. Dans une Tribune publiée sur le site de Libération lundi 15 avril, plus de 400 signataires, dont le collectif Grandir Trans, Virginie Despentes ou encore Paul B. Preciado, se sont insurgés contre ce texte de loi « criminel et discriminatoire » qui reviendrait à condamner les enfants transgenres « à des années de mal-être ».
« Nous sommes inquiets de voir à quel point le vécu de nos enfants est nié »
Les signataires déplorent des arguments bancals, fondés sur vision tronquée de la réalité et appuyés sur une idéologie rétrograde opposée au changement. « Nous sommes inquiets de voir à quel point le vécu de nos enfants est nié dans ce rapport au profit de l’inquiétude à voir notre société évoluer et permettre aux jeunes de s’approprier la question de leur genre ».
Ils rejettent en outre ces « propositions qui ignorent le vécu de nos familles et manipulent les recherches scientifiques » pour aller à l’encontre « des valeurs de la République » (qui condamnent pourtant la transphobie) en introduisant de la discrimination envers les enfants trans.
Les signataires proposent à la place une série de contre-préconisations, dans les domaines de l’éducation, de la santé ou encore des politiques publiques, pour réellement écouter et accompagner « à leur rythme et quel que soit leur cheminement » les enfants trans et assurer« qu’ils vivent heureux et sereins en accord avec leur autodétermination de genre ».
Une proposition de loi qui réduit la transidentité à une maladie mentale
« En imposant « en première intention » une prise en charge psychiatrique des mineurs transgenres présentant des troubles, la transidentité est ramenée dans le champ des maladies mentales » abondent les signataires, qui alertent sur la propension du texte à contourner l’interdiction des thérapies de conversion.
Le texte de loi véhicule en outre des stéréotypes erronés, comme l’idée que la transition médicale des mineurs serait peu encadrée et les chirurgies de réassignation de genre largement répandues chez les moins de 18 ans. Au sujet des bloqueurs de puberté, la tribune rappelle qu’ils jouent un rôle essentiel pour la santé mentale des mineurs trans : « ils permettent à nos enfants de vivre plus sereinement leur adolescence et de baisser fortement leurs tentatives de suicide ».
Sur les pseudo-regrets, les signataires sont unanimes : « les détransitions existent, mais elles sont rares et massivement liées à des pressions sociales et familiales ».
Les Commentaires
Dans les deux cas, ça ne concerne que les personnes qui sont atteintes pas le trouble mental. Donc, à chacun de décider, à chacun de faire ce qu'il peut dans cette vie difficile.
Mais ça, ça vaut pour les personnes adultes. Je pense qu'il est important de protéger les enfants. Leurs pathologies sont bien plus variables, labiles, dépendants du contexte, modifiables, réversibles. Il faut leur donner la chance de guérir, en les accompagnant réellement, en communiquant sur le trouble... Il y a énormément de personnes qui sont touchées par un trouble mental, passager ou durable, et il n'y a rien de honteux à faire partie de ce groupe qui peut tous nous toucher à un moment de notre vie. Nier un trouble n'est pas aider une personne, mais décharger la société de sa responsabilité à accompagner et inclure.
J'ai du mal à comprendre comment on en est arrivé à ce point. En fait on traite les personnes dysphoriques de genre comme une espèce à part, des sortes d'animaux fantastiques affranchis de la réalité des humains, de la science. Être une femme ou un homme, ce n'est pas un ressenti, pas plus qu'avoir 80 ans, être Noir, mesurer 1m70, avoir les yeux bleus ou être daltonien. Et il n'y a rien de mal ou de bon à ça, c'est juste neutre. Le problème n'est pas le corps, surtout s'il est en bonne santé et fonctionnel. Et si ce n'est pas le corps, alors le problème vient du psychisme.
Ou de la société, mais dans ce cas c'est un tout autre débat, et le fait de nier son sexe biologique n'est pas une réponse adaptée, au contraire. Mais autre débat.