Chaque relation est différente car chaque personne est différente. Soit.
Mais certaines personnes sont plus différentes que d’autres. Certaines personnes sont même qualifiées, au départ, par leur différence.
Cette différence de départ s’efface ensuite peu à peu dans le regard des autres pour laisser place à la personne elle-même. Je parle ici des « personnes en situation de handicap ».
Mon copain est en situation de handicap
Si je me pose d’ordinaire beaucoup de questions au début d’une relation, je m’en suis posée encore plus au début de cette relation avec une personne en situation de handicap, il y a un peu moins d’un an.
Et les questions étaient différentes de celles qui se posent avec une personne « valide ».
En plus de me demander : « Est-ce que lui aussi il s’intéresse à moi ? », « Est-ce sa première fois ? », se sont ajouté les questions « Est-ce qu’il peut faire l’amour ? », « Est-ce pareil pour lui ?».
La réponse est non. Ce n’est pas pareil. Mais ce n’est jamais pareil de toute façon.
Mon mec est hémiplégique. Il a eu un AVC qui a entraîné une paralysie d’un côté du corps.
Cette paralysie est surtout visible sur l’un de ses bras et une main qui est raide et complique la saisie d’objets. La jambe n’est pas aussi handicapée que la main mais il boite légèrement.
Sexe et handicap : quid des sensations ?
L’hémiplégie ne touchant qu’un côté du corps, je me suis demandée comment cela se passait au niveau des parties intimes.
Il a très rapidement balayé mes questions, que je n’osais pas poser de peur de paraitre bête ou indiscrète, en m’assurant que non, il n’y avait pas de « problème » de ce côté-là.
La relation évoluant, nous avons fait l’amour ensemble.
J’ai donc découvert un nouveau partenaire et une autre manière de faire l’amour.
Car n’avoir qu’une main valide nécessite quelques adaptations.
Tout d’abord, il faut être du bon côté pour pouvoir être caressée par la main valide. Ou être contorsionniste. À présent c’est un automatisme que nous avons mais il faut y penser !
Une des choses vraiment très cool de son handicap, que je n’arrive pas à expliquer scientifiquement, c’est sa très grande sensibilité aux caresses, très légères
, sur les épaules, le flanx, le bas du dos.
Ces parties sont particulièrement sensibles d’un côté. Je m’y donne donc à coeur joie, c’est une véritable zone de désir à laquelle j’ai accès.
Si je touche ces parties, je peux en faire ce que je veux. C’est un jeu, et savoir quel l’on a un tel pouvoir est très excitant. Aucun de mes partenaires « valides » n’avait une telle sensibilité.
Franchement, c’est un truc de ouf !
Adapter sa sexualité aux possibilités
Ensuite, vient l’étape du préservatif.
Certaines personnes aiment se faire poser le préservatif, d’autres le mettre elle-même… Dans notre cas, c’est obligatoirement à moi de le poser !
Du coup, je suis devenue experte en la matière, et ça aussi c’est cool.
C’est un apprentissage du corps de l’autre, contraint certes, mais important avec quelque partenaire que ce soit. À titre personnel, devoir s’adapter à la mobilité réduite est un jeu entre nous, un jeu avec notre sexualité. C’est un partage.
La mobilité se limite aussi pendant l’acte car, avec une main « en moins », certaines positions sont fatigantes voire impossibles.
Quand nous sommes en missionnaire, nos corps sont très proches, puisqu’il ne peut pas prendre appui sur ses deux mains. Les avant-bras collés au sol, ça rapproche !
Par exemple, le bateau ivre (la femme couchée les jambes en l’air, et l’homme au-dessus) demande un appui main à plat donc elle n’est pas possible pour nous. Dommage, c’est l’une de mes préférées !
Au début, j’étais frustrée. C’était pas cool. Puis on a trouvé d’autres positions et créé notre manière de faire l’amour ensemble, en fonction des goûts et des capacités de chacun.
La levrette, l’andromaque (la femme au-dessus) et la position assise sont par exemple tout à fait adaptées à notre couple.
Sexe et handicap, une expérience vraiment différente ?
Faire l’amour avec une personne en situation de handicap demande des adaptations… Comme avec n’importe quelle personne en fait.
Il faut s’adapter à l’autre, ce qu’il aime, ce qu’il peut. Il faut s’adapter, comme dans tous les autres domaines de la vie finalement.
Sauf que la sexualité, et en particulier la sexualité des personnes en situation de handicap, est très peu abordée. Au début de notre relation, je me suis donc posé beaucoup de questions.
J’ai eu la chance de tomber sur une personne qui sait exprimer ses besoins, ses capacités et incapacités.
Au départ, je n’étais pas très à l’aise avec le fait de parler sexualité avec lui. Avec le temps et le fait qu’il verbalise vraiment beaucoup (qui n’est pas dû à son handicap, c’est sa manière d’être en général), on parle plus de nos désirs.
La communication pour une sexualité épanouie
C’est cette communication qui m’a permis de mieux comprendre son corps, ses désirs, ses envies et de vivre une sexualité différente de ce que j’avais connu mais très agréable !
Alors je ne peux qu’inciter les mad à parler, à découvrir la sexualité des personnes en situation de handicap, qu’il soit auditif, visuel, moteur, intellectuel.
Et si votre crush a un handicap, parlez-en avec lui ou elle.
C’est en parlant qu’on lève le tabou sur la sexualité des personnes en situation de handicap, et qu’on comprend que, comme avec tous les autres partenaires, il suffit d’échanger, comprendre et s’adapter !
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Les Commentaires
Une personne en situation de handicap ça sous-entend que la situation peut changer.
Par exemple un aveugle si tout est en braille et adapté pour lui il n'est plus en situation de handicap. Et si il invite ses amis voyants dans un resto où le menu est en seul braille il devient le seul à ne pas l'être, tous les autres le sont.
C'est un terme qui fait peser la responsabilité du handicap sur la société, non adaptée, et non sur la personne elle-même.
Je pense qu'on peut aussi être "en situation de handicap" en tant que valide si on se casse les 2 jambes ou ce genre de choses...