Publié en avril 2020 —
Adolescente, je rêvais de m’installer à San Francisco, ville où j’avais eu l’occasion d’aller en colonie de vacances, et qui m’avait éblouie.
J’adorais ses rues tarabiscotées qui coulaient jusqu’à une mer pleine de surfeurs et de lions de mer.
Tout à San Francisco semblait plus cool que dans le reste du monde, surtout les gens, toujours prompts à un sourire ou une discussion marrante à des moments random, qui n’appellent normalement aucune interaction sociale.
Travailler pour se payer un voyage
Mes parents, toujours ok pour que je vive mes rêves, m’avaient promis de me laisser partir quelques mois là-bas après le bac, à condition que je gagne de l’argent pour me payer le voyage moi-même.
Aussitôt demandé, aussitôt trouvé !
J’ai vite décroché, une fois mon diplôme en poche, un petit job de vendeuse dans une galerie d’art minuscule, dans le 13ème arrondissement de Paris.
C’était marrant d’ailleurs car cette rue, tarabiscotée et fleurie, me faisait penser à celles qui traversent San Francisco de part en part.
Un bon présage ?
Précision : quelques mois avant de décrocher ce job, j’avais rencontré mon premier mec, un type égocentrique et obsessionnel de 10 ans plus âgé que moi, qui surveillait chacun de mes faits et gestes.
En tout, je suis restée 2 ans et demi avec ce gars.
Mais revenons-en à nos moutons…
Mon job dans une galerie du 13ème arrondissement
Mon premier jour à la galerie était placé sous le signe du stress.
Je devais vendre des objets manufacturés auxquels je connaissais peanuts et surtout, ça n’était que mon deuxième job de toute ma vie, si l’on exclut mes années de baby-sitting avec les monstres qui vivaient deux étages sous mes parents.
Mais très vite, le gérant et moi sympathisions. L’homme d’environ 45 ans était très agréable à vivre, très pédagogue, et un peu à la zbeul.
Parfait pour moi qui ne tenait à l’époque pas la rigueur en amie.
Au bout de 3 jours, Ghislain, de son prénom, m’a annoncé qu’il allait prendre une semaine de congés à partir du 22.
Nous étions le 12.
« D’ici là, tu auras tout bien en main. »
J’étais un peu stressée à l’idée de me retrouver seule avec la responsabilité de la galerie mais me suis rassurée en constatant qu’on ne vendait quasiment rien et que mon job allait surtout consisté à bouquiner sur une chaise devant la porte vitrée.
Le job parfait en somme, surtout en plein été, où le soleil tape jusque tard, permettant le port de petites robes à fleurs dans lesquelles je me sens heureuse et romantique.
Paul, un client spirituel et charmant
Ainsi, Ghislain m’a laissé me démerder à partir du 22.
Les clés en poche pour une semaine, j’arrivais plus tôt tous les matins afin de m’imposer une vraie bonne dynamique de travail.
Un rituel s’installa : j’ouvrais tôt, bouquinais, déjeunais à la brasserie du coin où tout le monde était très sympa, et l’après-midi, certaines de mes copines en vacances passaient discuter avec moi à la galerie.
De temps en temps, un client entrait mais achetait rarement, les produits étant franchement laids et trop chers.
Le soir, Jonathan, mon mec, passait me chercher, et nous fermions ensemble avant de vaquer à nos occupations nocturnes habituelles.
Trois jours après le départ de Ghislain, un client potentiel rentra dans ma boutique, alors que j’étais en pleine lecture du Siffleur, un polar qui terrorisait mes journées.
Grand, beau, avec des petites lunettes rondes et Le Monde sous le bras, il avait tout des intellos qui me faisaient fantasmer à l’époque (j’en suis un peu revenue depuis).
Comme Jonathan, il avait l’air d’avoir bien 10 ans de plus que moi.
La galerie, Paul, et des croissants
Il souleva un objet (dont j’ai oublié l’apparence et la fonction) avant de me glisser :
« C’est le genre de trucs qu’on peut offrir à sa belle-mère en cadeau. Si on déteste sa belle-mère… »
J’explosai de rire et il me suivit.
Et puis, je ne sais plus vraiment de quoi, et je ne sais plus combien de temps, nous discutâmes avec facilité.
Le feeling fut immédiat à tel point qu’il me confia habiter 200 mètres plus loin et me proposa de m’amener le petit-déjeuner à la boutique le lendemain matin.
Le mardi au réveil, je m’habillai donc avec plus de soin que d’habitude, prenant garde à ne pas en faire trop pour ne pas risquer de mettre la puce à l’oreille de mon mec de l’époque, qui aurait vu cette manière de me farder comme une menace.
(Quel enfer, ce gars ! But that’s not the débat…)
Une fois à la galerie, j’eus la trouille : et s’il me posait un lapin ? Et si j’avais fantasmé toute la nuit pour rien ? Et si nous n’avions rien à nous dire ?
Et puis Paul arriva, un paquet blanc de boulangerie dans la main droite, deux bouteilles de jus d’orange pressé dans la gauche, et Le Monde, encore et toujours, coincé sous l’aisselle.
Un baiser refusé
Sur le perron de la galerie, nous avons ri pendant 2h, sans qu’aucun client ne vienne entraver notre « moment ».
Je trouvais Paul drôle, mature (contrairement à mon mec qui, bien que plus vieux, n’avait pas une once de clairvoyance), intellectuel et charmant.
Tous les matins, il m’apportait mon petit déjeuner avant d’aller travailler (car les freelance) ne connaissent pas les vacances scolaires.
Paul était rédacteur à son compte, et dessinateur aussi.
Il avait fait les Beaux-Arts de Bordeaux, et me parla longuement de ses années d’étude et du bullshit
qu’était le monde de l’art selon lui.
La preuve avec « les merdes hors de prix » que je vendais…
Tout chez Paul suintait l’intelligence. Il avait des opinions sur tout. Je n’en revenais pas de plaire à un type pareil.
Enfin, plaire… c’était ce qui était induit, mais le jeune homme n’avait jamais fait allusion à une quelconque envie de me séduire.
Jusqu’au moment, où, dans la galerie, il essaya de m’embrasser, après m’avoir collée contre un mur plein de croûtes.
Baiser que j’ai refusé, avant que Paul ne s’en aille, penaud. Je l’avais pourtant prévenu : j’avais un mec !
Mon au revoir forcé avec Paul
Paul revint plusieurs fois au cours du mois d’août, toujours avec un croissant ou un journal, causer quelques instants, ses yeux pleins de désir plongés dans les miens.
À la fin de mon job, il me donna son numéro, et me fit promettre de l’appeler si ma situation changeait et si j’avais envie de plus avec lui.
Je savais qu’il ne désirait aucune grande et belle histoire d’amour avec moi, puisqu’il m’avait confié avoir eu le cœur brisé par sa meuf précédente.
Bref, avant de se quitter, nous échangeâmes un câlin un peu bestial, plein de soupirs, de tension et d’énergie, qui signifiait beaucoup.
En regardant Paul remonter la rue, je l’ai désiré comme je n’avais jamais désiré personne (à part peut-être Orlando Bloom quand j’avais 15 ans).
Je suis ensuite partie quelques temps à San Francisco, et j’ai voyagé le reste de l’année, avec mon mec — qui me menait une vie infernale pour mille raisons sur lesquelles je n’ai aucune envie de m’attarder.
Mon premier « rencard » avec Paul
Plusieurs mois après notre rencontre dans la galerie, j’écrivis à Paul pour savoir comment il se portait, et si Le Monde n’annonçait rien de trop dramatique en ce moment.
Il me répondit que les infos étaient toutes mauvaises, que les humains étaient des cons, et que j’étais la seule bonne nouvelle de la journée.
Il avait toujours le sens de la formule et ça m’excitait beaucoup.
En rentrant d’une année à bouger un peu partout et à enchaîner les petits jobs avant de commencer des études qui ne m’enthousiasmaient que très peu, j’ai proposé à Paul un café, ou une bière.
Ma relation avec mon mec était au plus bas, et nous passions plus de temps seuls qu’ensemble.
Paul accepta un verre, dans la brasserie où je déjeunais chaque jour pendant mon job à la galerie.
Nous étions ravis de nous revoir, et discutâmes pendant 3h avant qu’il me propose de monter goûter un super rhum chez lui et l’écouter jouer du piano.
Tout était trop doux pour que je refuse.
Je le suivis.
Un baiser annonciateur d’ébats sauvages
Paul habitait au 6ème étage d’un immeuble bourgeois sans ascenseur. Surprise, son appartement était minuscule.
C’était un studio qui ne devait pas faire plus de 20m². On y trouvait des vinyles accrochés au mur et un petit clavier coloré.
Je trouvais le jeune homme encore plus charmant maintenant que je savais qu’il galérait financièrement. De toute façon, à ce stade d’admiration, tout m’aurait semblé délicieux !
Il me joua du piano, me fit écouter un album de rock indé (quel cliché putain) et me servit un verre que j’acceptai volontiers… alors que je déteste le rhum.
Nous bûmes en discutant et en fumant beaucoup trop de cigarettes.
À minuit, je lui glissai qu’il fallait que je m’en aille, que j’allais commander un taxi.
Paul vint s’installer à côté de moi sur le canapé-lit, et me prit par les hanches avant de me faire basculer en arrière pour m’embrasser.
Cette fois-ci, je lui rendis son baiser, et avec passion.
Ultra-excités tous les deux, nous commençâmes à nous déshabiller, et à gémir comme si nous n’avions ni l’un ni l’autre jamais fait l’amour.
Mais d’un coup, j’eu une lueur de remords.
« Je peux pas. J’ai un mec. Je supporterais pas qu’il me fasse ça. »
Après ma rupture avec Jonathan
Paul, essoufflé, me regarda avec des yeux suppliants, avant que je ne disparaisse dans la cage d’escalier en me rhabillant.
Je ne le revis pas pendant 6 mois, au cours desquels nous échangions quand même des messages de-ci de-là. Enflammés parfois. Ces textos décrivaient ce que nous nous ferions l’un l’autre si nous le pouvions…
Tout était très précis. J’en ai fantasmé pendant des nuits entières, même lorsque je faisais l’amour avec Jonathan.
Et puis ce dernier et moi avons rompu, dans les violences et la folie.
J’étais donc, pour la première fois en deux ans et demi, célibataire et un peu brisée.
Au lendemain de cette séparation, je contactai Paul.
« J’ai rompu avec Jo, je suis libre ce soir. »
Il me répondit :
« J’aurais aimé pouvoir te dire que je suis désolée, mais tu sais que je ne le suis pas. De toute façon, avec ou sans moi, tu seras mieux sans lui. »
Bien sûr, il m’invita chez lui le soir même.
Toute la journée, mon cœur battit la chamade, au point que je ne pouvais rien faire d’autre que de penser à la nuit qui m’attendait.
À 20h, je sonnais chez Paul.
Du fantasme à la réalité
Il était plus beau que jamais, avec ses cheveux châtain éclatants qui lui tombaient dans les yeux, et sa chemise en jean négligemment portée par dessus un t-shirt à l’effigie d’un groupe de rock que je ne connaissais pas.
Alors que j’étais encore sur le pas de la porte, il me prit par les hanches, me colla contre lui, et claqua la porte. Nous nous embrassâmes comme des fous, avant que d’un coup, il ne descende mon jean pour me retourner contre la porte.
Il me susurra qu’il attendait ça depuis très longtemps, et qu’il avait pensé à mon corps chaque soir depuis notre rencontre.
Sans que j’ai vraiment le temps de le toucher ou de faire quoi que ce soit, il baissa ma culotte, enfila une capote en un temps record, et me prit comme ça, contre la porte, pendant 3 pauvres minutes, avant de jouir.
Ahurie, je restai figée sans savoir quoi dire.
Je finis par me retourner et lui faire face. Il m’embrassa rapidement, avant de boire un verre d’eau, sans gêne.
Il me dit :
« Trop cool d’avoir pu enfin le faire ».
Je n’en revenais pas. Il n’avait pas pris UNE minute pour me faire du bien à moi. Et le pire, c’est qu’il n’avait pas l’air de voir qu’il y avait un problème !
Je me dis que c’était peut-être parce qu’à force d’attendre il avait peut-être été trop excité (ce qui n’excuse pas l’égoïsme bien sûr), que j’aurais droit à mieux lors d’un second tour ?
Second tour que j’initiais 30 minutes plus tard, avant de me prendre un rejet :
« Sorry, je suis claqué et je me lève tôt demain. »
C’est ainsi que, aussi vite que j’étais arrivée, je repartis dans un taxi, abasourdie.
Toutes ces nuits et ces jours à fantasmer sur un homme qui au final ne pensait qu’à lui, et qui avait les manières post-coïtales d’un ours prépubère ?!
C’était invraisemblable.
J’ai essayé d’éduquer sexuellement Paul
Toutefois, et croyez-moi ou non, j’ai revu Paul.
Pendant… plusieurs semaines, dans l’espoir de l’éduquer sexuellement au plaisir de sa partenaire.
Mais rien n’y fit. Il essaya bien une fois ou deux de me toucher, mais privilégia toujours son excitation à la mienne.
Je finis par rompre tout contact avec lui un jour où il avait eu une énième attitude de gros connard.
Aujourd’hui, l’attitude de Paul ne passerait plus
Aujourd’hui, j’ai 25 ans, et je sais qu’une telle situation ne se reproduirait plus.
Bien sûr, je pourrais encore fantasmer sur un homme qui s’avère finalement égoïste, mais je lui parlerais tout de suite. J’essaierais de faire de la pédagogie sur le plaisir féminin.
Et surtout, s’il ne voulait rien entendre, je partirais illico presto, sans lui laisser d’autres chances !
J’ai bien grandi depuis Paul, mais ne suis pas sûre que lui en ait fait autant…
Je le sais maintenant, en tout cas : entre fantasme et réalité, il y a parfois un cap cruel à franchir.
Aujourd’hui, je ne garde rien de positif de mes ébats avec Paul. Mais j’ai toujours aussi chaud quand je pense à ce que j’avais imaginé avant de passer à l’action !
Comme quoi, le meilleur peut parfois se passer dans la tête.
Depuis, j’ai rencontré plusieurs partenaires géniaux et attentifs avec lesquels j’ai partagé des expériences enrichissantes, basées sur le respect et l’écoute mutuels.
Des Paul, je n’en veux plus, même avec des boucles souples et dorées, même derrière un piano coloré.
À lire aussi : Les connards seront des connards, mais comment protéger mes nudes le mieux possible ?
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Les Commentaires
Je plante le décor: 2007, j'ai 19 ans et je viens d'emménager dans mon premier appartement. Nouveau voisin: paf beau gosse! On passe des soirées ensemble (être les 2 seuls jeunes dans l'immeuble, ca rapproche) avec ses potes. Voisin beau gosse a une copine. Tant pis! Mais voisin beau gosse a un pote encore plus beau gosse donc Jackpot! Monsieur et moi, on se tourne vite autour, c'est évident qu'on se plait. Je ne sais plus quand on s'est embrassés pour la première fois (c'était ya 13 ans quand même!) mais ca m'a marqué et pour cause: il embrasse comme un dieu! Tout en douceur et en finesse, s'interrompt entre temps pour me passer la main dans les cheveux ou pour me serrer encore plus contre lui, bref, Monsieur sait faire!! De mon côté, je suis en ébullition, ni plus ni moins et mes jambes sont en coton!
Je ne sais plus pourquoi mais Monsieur a dû partir ce qui a interrompu nos actions plus que promettrices! Le lendemain, je suis partie en vacances pour 3 semaines. On s'est envoyés des textos chauds comme la braise en se décrivant ce qu'on ferait dès que je serai de retour.
Je rentre donc de vacances, encore plus en ébullition qu'avant! On se voit le soir même, nos ébas sont de plus en plus torrides. Au moment de déballer mon "cadeau", il me prévient qu'il est plutôt très bien membré. Je me dis "ouais ouais, typique!" mais son paquet est clairement impressionant. Je me dis que je dois absolument aller jouer au loto demain, avec une chance pareille!
Bref, les ébas battent leur plein et là, Monsieur s'allonge sur moi, me respire dans le cou, fait 3-4 va-et-vient, jouit, se retourne et dit "ah ca faisait longtemps que je voulais te faire tout ca".
Euh... Pardon? Tout ca quoi? Euh, on peut la refaire parce que je dois avoir loupé qqch!
Immense déception, monsieur enlève sa capote qu'il jette au pied du lit et dort (et ronfle!).
On est resté plan cul pendant 3-4 mois, j'ai prolongé les préliminaires au maximum (on fait ce qu'on peut et on profite de ce qu'il y a) mais c'est resté une déception.
Je suis partie vivre ailleurs, on s'est perdus de vue et c'est tout. J'espère qu'il a trouvé une copine qui lui a montré comme faire mieux, parce dès ce moment-là, Monsieur serait un véritable artiste! Mais on avait 19 ans, on était jeunes et encore novices.
N'empêche que je repense à nos baisers langoureux parfois et ca m'émoustille toujours pas mal