Il y a quelques jours, Lou et Delphine m’ont fait coucou dans ma boîte mail pour me parler d’un projet un peu fou qu’elles ont monté entre mère et fille pendant le confinement :
Sans les darons, le blog argent des 18-25 ans : astuces et conseils (logement, job étudiant, finances, aides…)
Derrière ce projet, il y a une relation mère-fille hyper touchante, mais il y a surtout le ressenti de Lou et ses potes de 16 ans qui ont l’étrange sensation de ne pas être prêts à affronter la vraie vie qui les attend.
Et qui sont un peu paumés, finalement.
Lou et Delphine, une mère et une fille qui ne se retrouvent pas dans le système
Lou et Delphine habitent en Corse et elles ont lancé leur projet début mars 2020, sans avoir prévu que le confinement les enfermerait à la maison.
Lou est en première technologique ST2S (sciences et technologies de la santé et du social), elle a un sacré caractère, et elle qualifie son milieu scolaire d’« inadapté » :
« Je survis dans un milieu scolaire inadapté (lol). Mon rejet du système a commencé au CP quand j’ai vu la tonne d’exercices qu’on me donnait.
Au bout de 3 mois j’ai refusé de travailler et j’ai expliqué à l’instit que j’étais soulée, que j’allais partir faire mon vrai métier et que, promis, je reviendrai plus tard.
Ça a valu la première convocation de ma mère à l’école. À l’époque je voulais faire archéologue… bon, j’ai renoncé depuis.
J’ai choisi ST2S parce qu’il a fallu choisir quelque chose. La matière santé/sociale me parlait plus que les autres, mais bon… les matières enseignées ne me correspondent pas à 100%.
Ce sont les enseignants et enseignantes qui font la différence, et heureusement que certains et certaines aiment leur métier au point de finir par nous faire aimer leurs cours.
Malgré ça, je suis ce qu’on appelle une « bonne élève » : 15/20 de moyenne, juste de quoi terminer mes études sereinement.
En plus, cette année, je subis la réforme du bac et toute la désorganisation qui va avec : grèves, blocus, E3C et maintenant les cours à distance !
Dans la vie, la vraie, j’aime aider les gens, je suis un peu « la psy » de mes amis, parfois même leur daronne quand ça déconne un peu trop. J’aime sortir, m’amuser, et les réseaux sociaux et Netflix !
Mes aspirations : voyager (prochain voyage : Los Angeles), devenir influenceuse (si je peux et si j’ai une idée de dingue) et ne pas avoir un métier chiant, sans trop savoir encore quoi faire exactement ! »
Delphine, elle, semble être une daronne très cool de 47 ans, et elle a quitté son boulot il y a peu. C’était une question de survie :
« À l’âge de Lou, j’ai dû choisir mon orientation et savoir ce que j’allais faire de ma vie. Évidemment je n’avais aucune idée.
J’ai erré en fac de droit avant d’avoir l’idée de bosser dans la publicité. Comme ça, juste une idée, parce qu’il fallait commencer à penser à s’insérer dans la société !
Sans aucune expérience à 23 ans, un journal local m’a embauchée comme cheffe de publicité et m’a formée. J’ai adoré cet univers festif et léger.
Par la suite, j’ai bossé pour les plus grands groupes de médias en France, toujours comme cheffe de pub, et j’ai validé un Master en « communication & stratégie digitale » chez Sup de Pub à Paris.
Cadre commerciale, bien payée mais exploitée, ma vie c’était boulot-dodo en travaillant 70h par semaine.
Le drame : ma fille, en primaire, m’appelait « maman fantôme ». Quand je lui ai demandé pourquoi :
« Bah oui, t’es là, t’es plus là, et puis tu disparais ! »
De quoi se poser des questions sur mon vrai but. Pourquoi j’avais fait une fille ? Ma vision de maman c’était d’être proche d’elle, de passer du temps avec elle, de rire et partager…
Donc, pour ralentir le rythme de travail, j’ai demandé à ma grosse boîte parisienne de me muter dans une agence plus petite… du Nord de la France, me voilà en Corse !
Je suis passée d’un bureau de 200 personnes à 9 personnes, mais avec la même surcharge de travail et de moins en moins de convictions sur mon job.
J’ai donc organisé mon départ en fin d’année dernière pour construire un projet d’indépendante : être responsable de com avec mes propres clients et développer un blog sur un thème utile.
En fait ce n’est pas un changement de boulot pour moi, c’est le prolongement de tout ce que je connais du web et de la communication au profit de causes plus vraies : aider des petites entreprises à communiquer et aider des jeunes qui en ont besoin. »
La relation mère-fille de Lou et Delphine, créatrices de Sans les darons
S’il y avait 7 mots pour définir la relation mère-fille de Lou et Delphine, ce serait :
Confiance, dialogue, respect mutuel et grande complicité.
Lou raconte à quel point elle se sent à l’aise dans le dialogue avec Delphine, et qu’elle mesure la chance d’avoir une telle complicité avec sa maman :
« Ma mère est une maman drôle, ouverte d’esprit, qui donne des bons conseils, sans juger mais en essayant de comprendre quand je lui parle de mes problèmes.
Je n’ai pas de blocages pour lui dire les choses que j’ai sur le cœur : ce qui va ou ne va pas, si j’ai un problème ou besoin de quelque chose.
Alors bien sûr ce n’est pas comme une pote, il y a des limites, mais je sais qu’elle peut tout entendre et souvent elle arrive à me faire relativiser, on rigole bien.
Je sais aussi que c’est rare d’avoir une relation comme ça. En général les gens de mon âge ne s’entendent pas super bien avec leurs parents. J’ai 2 ou 3 copines seulement qui sont assez proches de leur mère.
Souvent les darons peuvent avoir des vieux principes qui font qu’ils jugent ce qu’on fait sans essayer de comprendre.
Du coup, les jeunes font quand même leurs conneries derrière sans que personne ne soit au courant. Ma mère en a aidé plus d’un comme ça.
Je pense qu’il y a certains parents qui reproduisent ce qu’ils ont vécu eux-mêmes : une éducation stricte et fermée au dialogue, après ils élèvent leurs gosses comme ça aussi. »
Loin d’être une maman stricte et fermée, Delphine a pourtant évolué dans un environnement familial qui ne ressemble pas vraiment à celui de Lou :
« Je n’aurais pas imaginé avoir un autre type de relation avec Lou. Moi, je n’ai pas eu la chance d’évoluer dans une famille où les choses se disaient, et je pense avoir mis en place une attitude inverse avec ma fille.
Je l’ai toujours incitée à parler, sans la juger et en essayant de me mettre à sa place.
On a bâti une relation basée sur la confiance réciproque, et comme ça fonctionne bien, finalement elle est assez libre de faire ce qu’elle veut.
En plus j’ai l’impression que mes 17 ans c’était hier tellement je me souviens de tout ce qui pouvait me préoccuper à l’époque.
Ce n’est pas parce que c’est ma fille, mais elle a un esprit vif, intelligent et drôle qui fait qu’on peut discuter des heures avec elle.
C’est d’ailleurs la première personne à qui j’ai parlé de mes projets, et sans elle, je n’en serais pas là dans le blog. »
Sans les darons : un blog pour aider les jeunes à se lancer dans la vraie vie
C’est en observant les potes de Lou et toutes les problématiques qui remontaient à ses oreilles que Delphine s’est rendue compte de l’importance de leur donner des informations pratiques et fiables sur la vie d’adulte.
En voyant qu’ils et elles ne trouvaient pas de réponses pertinentes, ni dans leur environnement scolaire, ni dans leur famille et que c’était vers elle qu’ils et elles se tournaient, elle s’est rendu compte que quelque chose clochait :
« Les amis de Lou, je les connais presque tous, certains plus que d’autres, car Lou est libre de les recevoir à la maison, et on a toujours encouragé ça, petite ou ado.
Pas de problèmes pour nous, car on ne les juge pas, on rigole avec eux ou on discute, tout en les laissant faire leurs trucs.
Alors, forcément ça crée des liens, et une certaine confiance et quand ils ont une galère, je suis assez rapidement sollicitée :
— Dis Delphine, je me suis fait planter sur mon job d’été, tu connais pas quelqu’un qui cherche ? Pour une alternance à qui je peux demander ?
— J’ai un entretien Skype, je dois dire quoi ?
— Pour acheter une voiture, on me prêterait de l’argent ?
Alors tout y passe : compte bancaire, mutuelle, voyages, contraception…
J’adore les aider, mais pour beaucoup d’entre eux, il n’y a pas de communication avec leurs parents. Chez certains, c’est même souvent le néant.
Le problème c’est qu’on ne leur apprend pas tout ça au lycée.
Postule sur Parcours Sup, trouve un stage, trouve une entreprise en alternance ou un job. Passe ton permis, achète une voiture, projette toi dans la vie… Mais sans être préparé ou aidé. »
C’est quand sa fille lui a dit elle-même qu’elle « serait dans la merde quand elle ne serait plus au lycée parce qu’on ne lui apprend rien de la vraie vie » que Delphine s’est lancée pour de bon :
« C’est cette première remarque de Lou qui m’a fait m’intéresser à comment aider nos jeunes à devenir adulte.
En fouinant sur des sites américains, j’ai découvert que le concept d’adulting est déjà développé avec des universités qui proposent aux étudiants des cours pour devenir adultes et savoir gérer les choses de la vie courante.
En Grande-Bretagne, plusieurs sites proposent aussi beaucoup de contenus sur l’autonomie financière.
Et puis il y a nous en France…
Des sites officiels sur les aides, les études, des sites d’apparts ou de jobs, mais rien qui regroupe toutes les informations en un seul site sur TOUT ce qui concerne les étudiants : financer, travailler, économiser, se loger, être aidé.
Avec des vrais conseils pratiques et des modes d’emploi. »
Encouragée par Lou qui l’a aidée à trouver le nom du site Sans les darons, Delphine s’est lancée dans la foulée.
Elle se charge de la rédaction de tous les contenus et de la partie marketing, sa fille valide les sujets en amont, en propose, trouve des visuels, des mèmes, et gère une partie des réseaux sociaux.
Romain, un développeur à son compte, les aide pour la partie technique du site.
Des centaines de jeunes ont déjà téléchargé leur guide 100 idées de jobs d’été qui dead ça, et on peut déjà lire tout un tas d’articles comme Vacances d’été 2020 : les bons plans pour partir, Faire un beau CV… même sans expérience, ou encore 6 astuces pour réduire son budget courses !
Soutiens et suis Lou et Delphine dans leur projet Sans les darons !
Je t’invite vivement à soutenir et suivre Delphine et Lou dans leur super projet en t’abonnant à leur compte Instagram et à leur page Facebook !
Le site se développe, et Delphine compte bien le monétiser plus tard grâce à des partenariats et de l’affiliation, tout en donnant toujours des conseils objectifs, utiles et sincères aux étudiants et étudiantes !
N’hésite aussi surtout pas à partager le lien du blog à tes potes, frères, sœurs, cousines étudiantes !
À lire aussi : Lettre d’une fille hypersensible à sa mère, pour essayer de lui pardonner
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Les Commentaires
Ce qui m’a incitée a le lire c’est le sujet sur le thème de la relation mère /fille...
...et puis au fur et à mesure de ma lecture je me suis dit que vous étiez tombée sur une pépite avec Delphine et Lou . D’où mon commentaire car je veux souligner plusieurs points très positifs :
- Leur relation est très émouvante et vraie. Je pense que beaucoup d’adolescents voudraient avoir cette osmose avec l’un de leur parent, père ou mère.
- Initier un tel projet pendant l’épidémie qui a frappé notre pays est juste incroyable. Nous avons dû faire face à une onde de choc inédite, traumatisante et troublante qui provoque la peur d’entreprendre et qui a paralysé la population en plongeant tout le monde dans le pessimisme.
- Faire participer Lou à ce projet est une action très positive et formatrice. Quelle que soit la suite du site sanslesdarons, et pour citer Nelson Mandela : « on ne perd pas, jamais, soit on gagne..soit on apprend ». Donc cette expérience va obligatoirement vous apprendre un tas de choses. Bravo Delphine de mettre cette lumière dans l’esprit de Lou qui n’a que 16 ans !!!
- Pour parler de leur chouette idée de faire un blog pour aider les jeunes, que dire à part que c’est un beau projet. Le blog est tout à fait dans le ton des 18/25 ans (leur cible, il faut quand même le rappeler !). J’ai vu que Delphine était une spécialiste du Marketing Digital, donc elle a forcément adapté le contenu éditorial en fonction des lecteurs et c’est plutôt intelligent car les jeunes adhèrent d’après les commentaires que j’ai lu sur leurs réseaux sociaux.
Peu importe les mauvais jugements de valeurs que vous recevrez, n’en tenez pas compte. Je ne vous dis qu’une chose : bravo, poursuivez votre route et vos ambitions ! Vous réussirez c’est certain ! Merci à vous pour ce beau témoignage