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Cinéma

« Room », un chef-d’œuvre qui t’embarque… et ne te lâche plus

Amy est allée voir Room ; elle en est sortie chamboulée et en retient une véritable expérience cinématographique.

Cet article a été écrit dans le cadre d’un partenariat avec Universal Pictures. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.

Si je devais vous convaincre sans rien raconter du film, je vous dirais ça : ne ratez pas l’occasion d’aller voir Room, en salles le 9 mars, c’est une claque dont vous vous souviendrez.

Ne ratez pas l’occasion d’aller voir Room, c’est une claque dont vous vous souviendrez.

Je ne vous promets ni rire, ni feel-good, ni d’en ressortir comme si de rien n’était… Au contraire. Entre pleurs, sourires mouillés et coeur qui bat à 200 à l’heure, voir Room, c’est éprouvant. Je suis ressortie de la projection errante, heurtée par le monde, et étonnée que ce dernier tourne encore en dehors de cette salle de cinéma. Et c’est pour cette raison qu’il faut courir le voir.

Je ne spoilerai pas plus loin que la bande-annonce, mais si vous voulez aller voir le film au cinéma avec le moins d’informations possibles, vous pouvez lire seulement la première partie et éviter le trailer ! Attention, le film peut heurter les plus sensibles.

Grandir loin du monde

Il n’y a que deux personnes dans cette pièce : Joy, la maman (interprétée par Brie Larson), séquestrée depuis 7 ans et violée presque chaque soir par son ravisseur, et Jack, le fils qu’elle a eu avec ce dernier. Le fils a 5 ans, il est né sur le tapis miteux au milieu de la chambre. Le tapis ensanglanté est toujours là, le fils aussi, il n’a jamais quitté la pièce.

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Un rectangle entoure « Room » comme s’il séparait le mot de l’extérieur. Entre les quatre murs de la pièce où sont enfermés les deux protagonistes, une seule ouverture : une fenêtre au plafond d’où ils peuvent regarder le ciel.

Il n’y a que deux personnes dans cette pièce, pourtant il y existe tout un monde, créé par la mère pour protéger l’enfant. Jack commence sa journée avec son petit rituel : il dit bonjour à l’évier, bonjour à la lampe, bonjour au lit… ce sont ses seuls compagnons. Et puis c’est un jour joyeux pour lui, il vient d’avoir 5 ans !

Il n’y a que deux personnes dans cette pièce, pourtant il y existe tout un monde.

Il se sent grand, ne ressent aucun manque et va même faire un gâteau avec sa maman. Il ne sait pas trop d’où viennent les ingrédients mais ce n’est pas grave. Il allume ensuite la télé,. Sa mère lui répète que ce qu’il voit à l’intérieur vient d’une autre planète, très loin de la leur, où vivent des gens en 2D. Elle développe son imagination et lui enseigne ce qu’elle peut.

C’est la seule manière qu’elle a trouvée pour préserver l’enfant et qu’il s’épanouisse dans cette pièce sans vouloir y sortir.

Je conseille à ceux et celles qui ne veulent rien savoir de ne pas lire la suite (même si elle fait partie du trailer et de l’intrigue principale) !
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Casser les murs et se confronter à la réalité

Nick, le ravisseur et père de Jack, a perdu son travail et ne pourra sans doute pas garder sa maison. Joy réalise que leur sort sera sinistre. Après une altercation entre son fils et son violeur, elle décide de briser le monde de l’enfant et de le confronter difficilement à la réalité. Brique par brique, il y a tout à faire, tout à ré-expliquer.

Comment l’enfant pourrait-il appréhender une réalité qui le dépasse ?

Mais comment l’enfant pourrait-il appréhender une réalité qui le dépasse ? Comment lui faire imaginer la grandeur de la Terre, comment lui expliquer les arbres, les voitures, les sons ? Comment lui dire que les gens à la télévision sont derrière leur porte ?

Dès qu’elle sent Jack prêt, Joy met au point des techniques d’évasion pour l’exfiltrer. J’ai personnellement presque arrêté de respirer durant toute cette partie du film. Le temps est tout à coup suspendu. On alterne entre musique assourdissante et silence, entre les cris et la voix douce de l’enfant.

La délivrance de Joy et Jack se fait dans la douleur. À l’abri dans l’hôpital où ils atterissent après l’arrestation de Nick, la jeune maman retrouve ses parents, et l’enfant tente de comprendre ce qu’il lui arrive. Le fils est heurté par les microbes, la lumière, le bruit. Il ne sait même pas descendre des escaliers.

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L’histoire ne s’arrête pas là pour autant. Joy réalise que le monde n’a pas cessé de tourner et angoisse devant toutes les possibilités qui s’offrent de nouveau à elle. Jack, lui, doit s’ouvrir au monde avec son esprit d’enfant mais n’est pas sûr d’aimer ce qu’il y voit : « quand pourrons-nous retourner dans notre chambre ? » demande-t-il souvent. Les médias et la population, quant à eux, s’arrachent l’histoire et portent des regards attendris mais parfois sévères envers la mère.

Le retour à la réalité devient une épreuve aussi difficile que la séquestration.

Un film qui donne à réfléchir

Le lien entre la mère et son fils vaut à lui seul le coup d’aller voir ce film. Ils ont autant besoin l’un de l’autre et vont s’aider chacun à leur tour. L’inversion des rôles est très intelligente, la mère devient fragile et ça m’a fait réaliser à quel point un enfant peut faire preuve d’autant de force et d’amour qu’un adulte.

Le lien entre la mère et son fils vaut à lui seul le coup d’aller voir ce film.

Puis de temps en temps, une voix-off nous parvient aux oreilles : c’est celle de Jack, tentant d’appréhender des situations qui le dépassent avec ses propres mots. Ses propos ajoutent beaucoup de poésie aux moments les plus sombres du film.

Certains m’ont fait particulièrement réfléchir longtemps après la projection. Alors que la notion de temps n’existait pas dans son chez-lui de quelques mètres carrés et alors qu’il n’avait pas à se soucier de quoi faire le lendemain, il se dit : « il y a tellement de choses à faire que le choix me paraît impossible ». Au final, que faisons-nous de notre temps sur Terre et quelle est son utilité ? Tout ce que nous avons nous paraît acquis, et nous l’oublions vite.

« Ce monde est si grand que le temps devient plus fin. Tout doit se faire plus vite. »

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Room est nommé dans 4 catégories aux Oscars et Brie Larson a remporté le Golden Globe 2016 de la meilleure actrice ainsi que l’Oscar, excusez du peu ! Tout est mérité amplement. Lenny Abrahamson, le réalisateur, a su montrer de la beauté dans un contexte difficile. Quant à moi, je suis ressortie de la séance comme les deux personnages de leur pièce : épuisée et éblouie par le monde extérieur à la salle. Rien à regretter : ce film est une expérience que je conseille à tout le monde.

 


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Les Commentaires

8
Avatar de Amy
30 mars 2016 à 10h03
Amy
Je viens de voir Room au ciné, à peine rentrée chez moi grosse crise de larmes, jamais un film ne m'avait autant touché. Je me suis mise à pleurer pour tout et pour rien et ça fait du bien.
Merci à Madmoizelle de m'avoir incité à aller le voir!

Je me rends compte que j'ai jamais répondu mais je suis beaucoup trop contente que tu sois allée voir Room grâce à Mad <3
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Voir les 8 commentaires

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