— Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec Milady. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.
La semaine dernière a eu lieu la remise du prix des Lectrices parmi une sélection de livres édités par Milady.
La particularité de ce prix est qu’il est décerné à partir des votes des lectrices, sans sélection d’un jury ni restriction dans les participations. En bref, si tu as aimé un livre en particulier, tu peux voter pour lui.
Pour sa troisième édition, le prix des Lectrices 2016 a donc récompensé un livre parmi les dix sélectionnés. Et le gagnant est (suspense insoutenable)… La Perle et la Coquille de Nadia Hashimi.
Pour lire un extrait, c’est par ici
L’histoire de La Perle et la Coquille est celle de la famille de Rahima, en Afghanistan. Au fur et à mesure que ses sœurs et elle grandissent, elles voient les interdictions se multiplier, comme celle d’aller à l’école. Les Talibans font la loi dans les rues, et les femmes n’y ont pas leur mot à dire : elles se font harceler par des garçons, il est proscrit pour elles de se rendre dehors sans être accompagnées d’un homme…
Les femmes n’ont pas leur mot à dire, surtout dans la rue, et ce sont les Talibans qui font la loi.
Seule Rahima peut contourner ces interdictions
, grâce à la tradition des « bacha posh » qui consiste à se travestir en garçon. Elle est autorisée à circuler librement, peut aller à l’école, jouer au foot avec les garçons, faire les courses et négocier les prix… une astuce qui n’est pourtant destinée qu’à durer qu’un temps, jusqu’à la puberté et la saison des mariages.
Rahima n’est d’ailleurs pas la seule héroïne du roman, puisque Shekiba, son arrière-arrière-grand-mère, avait également pu s’émanciper grâce à cette même tradition. Avec ces récits croisés, qui occupent un chapitre sur deux, les histoires des deux femmes nées à un siècle d’intervalle se mêlent et contrastent l’une avec l’autre.
Les personnages cachent une incroyable personnalité qui laisse tour à tour démuni•e puis bluffé•e.
Certains passages du livre sont très prenants, notamment la scène de la lapidation (je ne t’en dis pas plus…). Le/la lecteur•trice est tour à tour démuni•e, passionné•e, puis bluffé•e par les incroyables personnalités que cachent les personnages et la force dont font preuve les deux héroïnes.
On se rend progressivement compte de la force d’inertie des traditions et des inégalités hommes-femmes en Afghanistan, telles que l’auteure les dépeint. Des thèmes chers à Nadia Hashimi comme elle l’explique dans sa vidéo de remerciements, et qui font écho aux combats quotidiens des femmes afghanes pour faire reconnaître leurs droits.
Nadia Hashimi n’a pas fini de parler des Afghanes puisque son nouveau roman est d’ores et déjà prévu pour cet automne. Avec Si la lune éclaire nos pas, la romancière s’attaque à une nouvelle thématique pour continuer à parler des femmes et de leurs difficultés : celle des migrant•es.
Fereiba est une Afghane, mère de trois enfants, dont le mari a été assassiné. Pour survivre, elle va entreprendre la traversée de l’Europe avec sa progéniture pour se réfugier chez sa sœur, à Londres. D’obstacles en actes de courage, Fereiba va faire montre de toute sa force pour aller au bout de son épopée.
En ce qui me concerne, je pense que Nadia Hashimi n’a pas fini de passionner ses lecteur•rices, et j’ai bien hâte de lire son prochain roman !
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
J'ai lu le roman et effectivement il est trèèèèès passionnant et dépaysant ! Je l'ai même prêté à une amie qui a beaucoup aimé aussi Donc je le conseille vraiment mais évidemment c'est toi qui te connais le mieux et jauge le mieux ta sensibilité à ces sujets uppyeyes:
Pour l'une des scènes violentes que Chloé a évoqué dans son article, je tiens à préciser qu'il y en a peu (2-3 pour 600 pages) et elles ne sont pas décrites physiquement mais plutôt selon le point de vue des spectateurs, leurs causes sociales, leurs conséquences etc., ce qui rend les passages moins brutaux (je trouve).