Pas encore examinée, mais déjà décevante. On pourrait résumer ainsi la loi Climat et Résilience qui va être examinée à partir d’aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Si le texte de loi est déjà si contesté, c’est parce que pour les organisations qui luttent contre l’inaction face au réchauffement climatique, il est loin de proposer des mesures suffisamment fortes et efficaces pour endiguer la catastrophe.
En réaction, des Marches pour le climat ont eu lieu ce dimanche 28 mars à Paris et dans plusieurs grandes villes, rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Tout avait pourtant bien commencé : la Convention citoyenne pour le climat, lancée en octobre 2019, a réuni 150 personnes tirées au sort, afin d’être représentatives au mieux de la société française. Cette assemblée a débattu et échangé pendant plusieurs mois pour produire 149 propositions visant à lutter contre le changement climatique de façon concrète, notamment en s’attaquant à des enjeux de la vie quotidienne, comme l’alimentation et la consommation.
Ce sont ces propositions qui ont servi pour écrire le projet de loi qui sera dès cette semaine discuté à l’Assemblée nationale.
Des reculs sur le transport, des attentes sur l’alimentation
Mais aujourd’hui, force est de constater que plusieurs mesures phare ont été modifiées de sorte que leur portée et leur impact sur l’environnement en sera fortement amoindri. Prenons quelques exemples :
Concernant les transports, la Convention citoyenne pour le climat avait proposé d’interdire les vols intérieurs afin de diminuer l’impact du trafic aérien sur la pollution. L’idée était d’interdire ces vols à partir du moment où il existe une alternative ferroviaire de moins de quatre heures.
Dans le projet de loi Climat et Résilience, ces vols seront interdits… mais seulement s’il existe une alternative ferroviaire permettant de faire le même trajet en moins de deux heures.
Concrètement, cela signifie que les lignes les plus émettrices de CO2 ne seront même pas concernées
par cette restriction (Paris-Nice, Paris Toulouse et Paris Marseille), rappelle Greenpeace. Et finalement seules cinq lignes seront visées sur une centaine de connexions.
Autre inquiétude du côté des organisations, l’absence du vélo dans le projet de loi alors que la Convention citoyenne du climat a émis plusieurs propositions allant dans le sens de la réduction de l’utilisation de la voiture au profit des moyens de transport sans moteurs ou partagés.
D’autres enjeux vont être particulièrement surveillés, notamment ceux liés à la consommation : si les organisations environnementales défendent les propositions de la Convention citoyenne pour favoriser des menus végétariens dans les collectivités, ce point-là a été récemment sujet à de nombreuses polémiques et réveille les passions.
Afin d’examiner en temps réel comment vont être débattus les articles de la loi Climat et Résilience et les amendements, le Réseau Action Climat propose un Climatomètre qui permettra de voir à travers 15 grandes mesures si le contrat est rempli.
Les ONG veulent maintenir la pression
Quelles sont les marges de manœuvre pour améliorer la future loi et combler certains reculs ? Plus de 7000 amendements ont été déposés, ce qui signifie que les parlementaires vont pouvoir débattre en séance de nouvelles dispositions. Parmi eux, les députés Delphine Batho et Mathieu Orphelin qui portent 17 mesures pour réduire de façon plus efficace les émissions de gaz à effet de serre.
Et pendant la discussion du texte à l’Assemblée nationale, les ONG ne vont pas ménager leurs efforts pour continuer à mobiliser dans la rue. En tête de cortège dans la capitale ce dimanche, on pouvait lire « Pour une vraie loi climat, stop au blabla. » Pour les personnes qui étaient dans la rue ce week-end, les belles paroles ne suffisent plus, encore moins si une initiative inédite comme la Convention citoyenne pour le climat est finalement vidée de sa substance et n’aboutit qu’à une loi insuffisante au regard de l’urgence climatique.
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