Précédemment dans #62jours : Ce que mes tics de langage disent de moi
Je sors cette réflexion de mes archives. Parce qu’en août 2016, j’étais en Indonésie, en train de suivre une formation de guide de plongée sous-marine.
Après avoir passé 20 ans de ma vie dans la posture de l’élève, je devais apprendre celle du professeur. À moi d’enseigner à des débutants les bases de la plongée. Oui, mais… comment ?
J’apprends sans m’en rendre compte
Comment et pourquoi on apprend ? Je m’étais fait cette réflexion par 18 mètres de fond, en encadrant un couple de Belges débutants, avec sept plongées seulement au compteur.
Dans l’eau, ils gesticulent les bras comme si c’étaient des nageoires et ils ont siphonné leur bouteille en trente minutes (il y avait du courant, je les voyais palmer comme des dératés).
Je les regardais bouger dans tous les sens, galérer à maintenir leur stabilité et j’ai eu un flash de mes propres débuts.
Y a pas de miroir sous l’eau, donc je ne me suis jamais vue, mais j’imagine que je ressemblais à ça, un pantin désarticulé qui secoue ses membres dans tous les sens.
J’ai progressé, j’ai appris, et maintenant c’est mon tour de pointer les erreurs et d’aider à progresser.
Qu’est-ce qu’on m’avait dit, à moi ? Et qu’est-ce que j’avais besoin/envie d’entendre, quand j’étais à leur place ?
Pourquoi j’apprends ?
Tout ceci m’a amenée à me poser des questions : pourquoi j’apprends des trucs ? Et comment ?
Si je décortique ça, je vais réussir à reproduire le schéma avec d’autres personnes. L’idée étant d’aider les autres à apprendre des trucs sans en avoir l’air,
ce qui est particulièrement utile avec les gens (un peu) traumatisés de l’école et sa pédagogie du bâton.
Alors c’est parti…
J’apprends par curiosité : quelque chose retient mon attention parce que ça sort de l’ordinaire, j’ai envie d’en savoir plus. C’est un apprentissage motivé par l’envie.
J’apprends par pragmatisme et intérêt : quelque chose est utile et va me servir à obtenir quelque chose d’autre par la suite. Ce sont des méthodes ou des connaissances que j’ai besoin d’acquérir comme outil, qui auront une utilité future. C’est un apprentissage motivé par la nécessité, le besoin.
J’apprends par défi, par challenge : quelque chose est inaccessible, ou difficile à atteindre. Apprendre devient aussi gratifiant que d’entreprendre l’ascension d’un sommet.
On dit que c’est pour la vue, mais soyons honnête : si c’était pas l’effort en soi qu’on kiffait, on se contenterait des photos. C’est un apprentissage motivé par l’inspiration, le « drive » en anglais. L’intuition ? La « faim » ?
Comment apprendre ?
Sans surprise, j’apprends plus vite et plus efficacement quand ces trois canaux convergent, que lorsque je suis uniquement la voie de la nécessité.
L’envie seule peut m’amener à court de motivation assez rapidement, c’est difficile à tenir sur le long terme. Et le défi est trop incertain de nature pour justifier un investissement trop important.
Mais combiner envie, besoin et challenge, c’est l’autoroute de l’apprentissage réussi.
Pour moi-même, ou pour les autres, je dirais donc que la recette d’un apprentissage réussi c’est :
- Une bonne base de nécessité : identifier une compétence utile à acquérir et à développer.
- Une couche généreuse d’envie : susciter la curiosité et l’intérêt pour cette compétence, qu’il y ait davantage à y gagner que juste la maîtrise d’un truc utile.
- Un soupçon de challenge : les plus joueurs seront réceptifs à la simple présence d’un défi, pour les autres, il s’agit de donner le goût de l’effort (par exemple avec des points d’étapes pour mesurer le chemin parcouru). Et s’il n’y a pas de sommet à l’horizon, à moi d’en fixer un.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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