Je relis rarement un roman.
Certes, il m’arrive de parcourir à nouveau mes passages préférés du Seigneur des Anneaux, voire l’oeuvre dans son intégralité (en occultant ceux qui me font croire que Pippin est mort). Ou bien la trilogie Millenium juste pour le plaisir de (re)voir perdre les salopards. Ou encore de me retaper une saga dans son intégralité de type The Sandman parce que je ne sais plus où j’en suis dans tous ces tomes.
Oui, bon bref : je relis rarement un roman. Puisque je vous le dis.
Mais il n’y a qu’un seul type de roman que je peux décider d’attraper, comme ça, dans ma bibliothèque, pour l’avaler en une journée en cas de baisse de moral et/ou de foi en l’humanité. Un petit rituel que j’ai instauré sans trop m’en rendre compte depuis ma première rencontre littéraire avec Marie-Aude Murail.
Des Je Bouquine à Nils Hazard, ou grandir avec ses romans préférés
Bon, je ne me souviens pas exactement du tout premier texte de Marie-Aude Murail que j’ai pu lire. Je ne suis même pas certaine de ne pas l’avoir découverte après avoir lu un roman de sa soeur, Elvire Murail alias Moka (paie ton histoire d’amour).
Mais je me souviens très bien de ce petit coin d’étagère vers lequel je me jetais à chacun de nos passages à la librairie avec mes parents — étagère où s’étalaient les très reconnaissables petits livres de la collection Medium de L’École des Loisirs.
J’avais peut-être une dizaine d’années, et je dévorais les ouvrages sans distinction, que ce soit Moka, Susie Morgenstern, Malika Ferdjoukh, Lois Lowry, ou Marie-Aude Murail. Chacune pour son style à la fois simple et incisif, et leur très appréciable habitude de ne pas prendre les enfants pour des andouilles (ou les ados pour des homards).
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Pour autant, celle qui m’a accompagnée au cours de mon adolescence est sans conteste Marie-Aude Murail, et je doute être la seule dans ce cas. Il faut dire qu’elle a toujours eu ce don, à la fois de faire rêver enfants et adolescents en passant d’un univers à un autre sans difficulté… Et de leur parler au travers de ses personnages d’une complexité particulièrement réaliste.
J’avais beau ne pas être très portée sur les histoires romantiques, sa série D’amour et de Sang, publiée à l’époque dans Je Bouquine, m’a fascinée jusqu’au bout. Je n’avais peut-être grand-chose à voir avec Émilien, jeune ado élevé par une mère célibataire, mais ce personnage un peu paumé, un peu cynique et très touchant m’a probablement aidée à me sentir moins perdue moi-même.

Quant à ce grand original de Nils Hazard, étruscologue professeur à la Sorbonne un brin charmeur et complètement immature, sa propension à fourrer son nez dans des situations pas possibles était une façon très divertissante d’aborder des thèmes un peu plus matures. Sectes, dérives du monde de la mode, manipulations génétiques, abandon… Le tout sur fond de meurtres, romans policiers oblige.
Avouez qu’on est pas mal pour parler de la mort à un jeune public !
Ma vie a changé et autres modes d’emploi du bonheur
Parce que c’est là toute la magie de Marie-Aude Murail, et ce qui fait que je la lis et la relis encore aujourd’hui : sa façon d’aborder avec humour et un certain décalage des sujets difficiles. Oh, et son acharnement à faire en sorte que ses histoires ne se terminent jamais mal, bien sûr.
Oh, boy ! et Miss Charity, que j’ai découverts alors que j’étais déjà pratiquement à l’âge adulte, en sont peut-être la preuve la plus évidente. L’homophobie et l’amour fraternel d’un côté, la solitude et la peur de la mort sur fond féministe de l’autre, il est impossible de ne pas finir ces bouquins le sourire aux lèvres et les larmes aux yeux.
Bon sang, on a traversé les pires épreuves avec ces personnages, et à l’issue de tout ça, on se sent… Mieux.

Aujourd’hui, j’ai 26 ans (bientôt 27), et je viens de (re-re-)terminer Rendez-vous avec Monsieur X et Miss Charity, dans l’attente de faire un échange de bons procédés avec Mélissa pour son tout dernier roman, Sauveur & Fils. Je me fais la réflexion que mon Twilight à moi a probablement été Amour, vampire et loup-garou, et que, scandale ! Je ne compte même pas ce roman fantastique et un peu barré dans ma collection…
C’est que j’y tiens, à ma réserve de bouquins « feel good », mon petit coin d’étagère personnel. Et je continuerai longtemps à les relire jusqu’à épuisement. Parce que s’il y a bien une chose à retenir de Marie-Aude Murail, c’est que ses romans jeunesse sont à mettre entre toutes les mains, qu’elles soient petites, larges, fines ou fripées.
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Moi, j’avais peut-être dix ans quand j’ai ouvert un de ses livres et, à la manière de cette femme qui découvre un elfe dans une boîte, Ma Vie a changé. Ou pas loin.
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