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Culture

Ode à Panayotis Pascot : la libération par les mots 

En deux mois, il a vendu 100 000 exemplaires de son premier livre coup de poing, “La prochaine fois que tu mordras la poussière”, paru aux Éditions Stock le 23 août dernier. On vous explique pourquoi l’humoriste est devenu la sensation littéraire de la rentrée. 

Les critiques du “Masque et la plume”, vénérable émission littéraire sur France
Inter, ont beau pester contre ce récit intimiste un brin chaotique, qui contient
beaucoup trop de “fais chier” à leur goût, force est de constater qu’il se passe
quelque chose avec la première incursion littéraire de Panayotis Pascot, 25 ans au
compteur et une vie médiatique déjà bien remplie. Sa notoriété, acquise sur le
réseau social Vine dès 2014, puis comme chroniqueur de l’émission Quotidien à
seulement 17 ans, aide forcément, mais elle n’explique pas tout. La sincérité avec
laquelle se livre le vingtenaire et les sujets sensibles ne sont pas étrangers à ce
succès que personne n’a vu venir. Dans ce récit autobiographique, il retrace son
passage à l’âge adulte, qui passe par la difficile acceptation de son homosexualité et
une relation conflictuelle au père.

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Étouffé par la masculinité toxique  

Dans son premier seul en scène, “Presque” (disponible sur Netflix), qu’il défend entre 2019 et 2022, Panayotis Pascot raconte sa timidité avec les filles et ses rapports familiaux, en tant que petit dernier d’une fratrie de six enfants. Une mère aimante, qui porte ses émotions en bandoulière, et un père ombrageux, enfermé dans une conception traditionnelle de la masculinité. À travers des sketchs où il l’imite, on découvre une figure familière du paternel qui a toujours raison, même quand il a tort (levez la main si vous avez le même à la maison !). Un homme qui ne pleure jamais, même quand il en a très envie. Un homme qui refuse de parler de ses sentiments ou de réagir à ceux des autres. 

“[…] tu n’as jamais fait quelque chose qui nécessite un pardon. Mais j’en veux un quand même, c’est une question de principe, tu nous a colonisé, tu es en nous, tu es en moi, tout le temps, tu me ronges et ça me fait chier. Demande-moi pardon, j’en ai besoin. J’ai besoin de ton regard.” écrit-il. C’est là que se niche le propos universel de son livre. À travers sa propre expérience avec ce père “à l’ancienne”, l’auteur explique comment sont éduqués les hommes depuis des générations, et quelle éducation ils transmettent par la suite à leurs propres fils. 

Coming-out et coming-in 

Les critiques du Masque et de la plume se moquaient du fait que Panayotis Pascot n’a pas vraiment de raisons précises d’en vouloir à son père. Pas de graves traumatismes à l’horizon, donc où est le problème ? Et c’est là qu’ils et elles n’ont rien compris. Ce père lui a transmis des valeurs de masculinité toxique et hétéronormative qui entrent en profonde contradiction avec sa propre identité, qu’il s’agisse de son orientation sexuelle, acceptée sur le tard (il dévoilait son homosexualité du bout des lèvres dans le final de “Presque” et l’explore dans son livre) ou de sa sensibilité. 

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Avec un langage parlé et volontiers cru, parfois un peu répétitif, parfois éclairé de belles fulgurances, et toujours d’une sincérité désarmante, Panayotis Pascot explique comment il s’est menti à lui-même pendant huit ans, pour faire comme les copains, pour se sentir validé par le père. Avant de se rendre finalement à l’évidence : “Mais le formuler était le plus dur. C’était livrer aux autres ce combat qui se joue depuis si longtemps au fond de moi, ce combat qui n’appartenait qu’à moi.” Avant un coming-out, l’auteur nous raconte surtout son coming-in, c’est-à-dire la prise de conscience de sa propre homosexualité. Puis viennent les premières histoires d’amour gay et la réalisation des discriminations LGBTQ+, dans l’espace public par exemple. “Dès que sa main est dans la mienne, je deviens une caméra infrarouge qui repère tout individu à cinquante mètres à la ronde.”

Dépression au masculin 

La santé mentale se présente comme l’autre grande thématique du livre. Panayotis Pascot écrit sur sa dépression de type mélancolique, qu’il définit comme “des cycles dépressifs intenses qui débarquent tous les cinq à huit ans”. Il décrit avec précision et une honnêteté brute le chemin de ses pensées obsessionnelles, cette sensation de marcher à côté de la vie” et cette tentative de suicide, à 18 ans. Plus étonnant pour lui encore, la réalisation que son propre père a souffert de dépression en silence. Panayotis Pascot n’est pas son père, il refuse de souffrir en silence. Ce faisant, son histoire presque ordinaire (ce qui lui donne une puissance universelle) parlera à de nombreuses personnes, en particulier aux hommes qui n’osent pas prendre en main leur santé mentale ou qui se sentent enfermés dans un rôle qui n’est pas vraiment eux. 

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On aimerait qu’il en soit autrement, mais il faut encore un certain courage dans cette société pour exposer de cette façon son être dans toutes ses vulnérabilités, et annoncer son homosexualité dans un milieu médiatique français où les personnalités out se font très rares et se retrouvent placardisées (comme l’a rappelé récemment Muriel Robin). “Quand est-ce que ça commence ? Quand est-ce que je suis moi ?” se demande-t-il.

À n’en pas douter, Panayotis Pascot a commencé à répondre à cette question, avec ce premier écrit aussi libérateur que prometteur.


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

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Avatar de alice-louve
9 novembre 2023 à 00h11
alice-louve
Je zieute sur son livre depuis que je l'ai aperçu en librairie. C'est une personnalité que j'apprécie beaucoup, et je n'ai feuilleté que quelques pages mais j'étais déjà happée. J'ai hâte !
2
Voir les 2 commentaires

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