Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Lola* qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Lola*
- Âge : 30 ans
- Profession : Contrôleuse de gestion en finance
- Salaire net avant prélèvement à la source : 2 344,24 €
- Salaire net après prélèvement à la source : 2 244,55 €
- Lieu de vie : un appartement à Cergy (Val-d’Oise)
La situation et les revenus de Lola
Lola a 30 ans et est contrôleuse de gestion en finance. En CDI, elle travaille dans une entreprise de publicité, qui fait partie du groupe Vivendi.
« Ce n’était pas le métier de mes rêves mais j’y ai trouvé un équilibre pendant plusieurs années. Cependant, depuis peu, j’ai entamé des démarches pour une reconversion professionnelle vers le métier de coiffeuse, que je rêve de faire depuis l’âge de 15 ans. »
Célibataire, Lola habite seule dans un deux pièces de 50 m2 avec balcon à Cergy, dans le Val-d’Oise. Elle en est propriétaire depuis octobre 2019.
Pour son job de contrôleuse de gestion, Lola touche un salaire net de 2 344 €, ramené à 2 244 € une fois le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu effectué. Avec ce revenu, la jeune femme se sent « dans la moyenne » et vit confortablement.
« En revanche, je sais que je suis en dessous du salaire moyen en comptabilité/finance au vu de mes diplômes et de mon expérience. Je suis actuellement à 35K et je devrais être à 45K, comme mes camarades de promo qui travaillent dans d’autres entreprises. »
Lola sait par ailleurs que son changement de voie professionnelle risque de lui faire perdre en qualité de vie.
« Il existe un écart considérable entre les salaires de contrôleuse de gestion et coiffeuse : approximativement 1 000 €. Pour anticiper cela, je prévois d’entamer une reconversion progressive à partir de septembre 2024 en cumulant deux mi-temps CDI : un en comptabilité et l’autre en coiffure. »
Le rapport à l’argent de Lola et son organisation financière
Lola a grandi au Bénin auprès de parents qui n’avaient pas du tout le même rapport à l’argent.
« Ma mère était très à l’aise financièrement mais nous a élevés comme si on en avait peu, en nous inculquant la valeur de l’argent. Mon père, qui était auto-entrepreneur, était très juste financièrement mais il nous gâtait dès qu’il le pouvait.
Pour ma part, j’ai aussi grandi au Bénin pendant toute ma petite enfance. C’est à cette période que s’est ancrée en moi la peur de la faillite. Puis à mon tour, à l’âge de 18 ans, je suis devenue le soutien financier de mon père et de mon frère lorsque j’ai commencé à travailler en apprentissage. »
Aujourd’hui, Lola a le sentiment d’être « un mélange des deux modèles » que lui ont donné ses parents. « Je fais attention à mes finances tout en n’oubliant pas de vivre et en profitant des plaisirs de la vie. Car comme j’aime le dire, nous n’emporterons pas nos économies dans notre tombe ! »
Mais cette philosophie peut aussi avoir ses inconvénients… « Il m’est déjà arrivé d’être à découvert », avoue Lola, qui pallie systématiquement en faisant des virements depuis son compte épargne. « Travaillant dans la finance, je fais partie des cordonniers les moins bien chaussés. »
Côté organisation financière, Lola dispose d’un compte courant, où sont prélevées ses dépenses, et de deux livrets d’épargne. Déformation professionnelle oblige, la trentenaire a aussi mis au point un tableau annuel prévisionnel, qui lui permet d’avoir une vision à long terme de ses charges mensuelles fixes, pour mieux anticiper ses dépenses et rentrées d’argent et ainsi éviter d’être dans le rouge. « Je l’ajuste aussi régulièrement que possible. »
Les dépenses de Lola
Pour son appartement à Cergy dont elle est propriétaire, Lola rembourse chaque mois 590 € d’emprunt immobilier. Elle bénéficie par ailleurs via son entreprise de l’Action Logement (AL) qui finance son 1% patronal, et qu’elle rembourse à hauteur de 117 € par mois.
En tant que propriétaire, elle doit aussi s’acquitter de la taxe foncière, mensualisée à 127 €.
Parmi ses autres dépenses fixes, Lola liste EDF (70 € par mois), ses assurances auto et habitation (104 € par mois), son abonnement téléphonique (26 €) et internet (36,50 €). Elle est aussi abonnée à Netflix et à Spotify (11 € chacun par mois). Les frais bancaires lui coûtent 9,52 €.
Pour se rendre au travail, la trentenaire utilise les transports en commun. Elle paye donc un abonnement Navigo, à 86,40 € par mois. En complément, elle a une voiture, qui lui coûte 150 € mensuels pour l’essence.
Elle prend également soin de sa santé mentale puisqu’elle dépense chaque mois 200 € pour quatre séances chez un psy.
« L’achat de cartouches de cigarettes est le poste qui me revient le plus cher »
Niveau alimentation, Lola dépense 340 € par mois, ainsi que 100 € de restaurant d’entreprise.
« Je fais mes courses dans les commerces de proximité près de chez moi : Casino, Lidl, Carrefour Market. Je privilégie le prix en choisissant au maximum les produits de marque distributeur. »
Elle n’a pas de budget prédéfini pour les dépenses dites « féminines » puisqu’elles sont incorporées à son budget mensuel « courses ». Les protections hygiéniques ne lui coûtent presque rien car elle a investi il y a quelques années dans des culottes menstruelles.
« Pour l’épilation et les produits de beauté comme les soins du visage, je fais un achat tous les trimestres environ. Je ne dépense rien en maquillage car je me maquille deux fois par an. »
Quant à la contraception, elle n’en a plus depuis sept ans, hormis des préservatifs : « Depuis deux ans, j’en achète deux à trois fois par an pour anticiper les fois où mes partenaires n’en auraient pas. »
Si Lola gère bien son budget, il y a une dépense qu’elle aimerait stopper : le tabac, pour 135 € par mois.
« L’achat de cartouches de cigarettes est le poste qui me revient le plus cher depuis bientôt deux ans. J’avais arrêté pendant huit ans, et puis j’ai repris suite à un événement difficile dans ma vie. »
Sinon, la jeune femme s’autorise rarement de « coup de folie » :
« J’ai une peur bleue de la faillite financière depuis mon enfance. Si je souhaite quelque chose d’onéreux, je vais attendre d’avoir économisé pour me l’acheter. »
Parmi les autres dépenses occasionnelles listées par Lola en février, on peut noter une séance d’ostéopathie à 80 € et un massage à 150 €.
Les dépenses loisirs de Lola
Pour socialiser et s’aérer l’esprit, Lola prend des cours de gospel. Cela lui revient à 500 € par an, prélevés sur trois trimestres. Soit 42 € par mois. Elle compte aussi environ 100 € par mois de loisirs, pour des sorties et des restaurants.
Mais la véritable vraie passion de Lola, c’est la coiffure. Elle vient d’ailleurs d’entamer un CAP coiffure et réalise régulièrement des achats pour s’exercer.
« Depuis décembre 2023 où j’ai entamé mon CAP coiffure, je pense avoir dépensé près de 1 500 € en matériels et produits nécessaires au bon déroulement de ma formation. C’est clairement un investissement, et le matériel sera facilement rentabilisé sur l’année, voire les prochaines années. Par conséquent, je pense qu’on peut facilement allonger ce budget à 3 000 € sur toute l’année 2024 ! »
Il arrive à Lola de s’acheter des vêtements, « mais jamais de façon frénétique » comme lorsqu’elle avait 18 ans.
« Je suis coquette et j’aime m’habiller, mais avant tout achat je me pose toujours deux questions : est-ce que je n’ai pas déjà quelque chose de similaire et est-ce que j’en ai vraiment besoin ? Cela me calme rapidement.
Par conséquent, ne faisant pas beaucoup de dépenses sur ce poste, je dirai de manière approximative que je dois dépenser à l’année à minima 150 € et au maximum 300 €. »
Soit lissé sur l’année, 25 € au maximum par mois.
L’épargne et les projets d’avenir de Lola
Lola reconnaît que depuis qu’elle est devenue propriétaire, elle n’a plus beaucoup d’épargne de disponible. C’est pour cela qu’elle essaye de la renflouer dès qu’elle le peut. Mais ce n’est pas toujours facile :
« Après avoir payé mes charges fixes mensuelles, il me reste environ 200 ou 300 €, qui souvent étaient dépensés dans les sorties, les restos. De manière générale, mes économies servaient à combler mes découverts, à programmer des achats exceptionnels type cadeaux d’anniversaire ou pour payer les vacances. »
C’est pour cela qu’en bonne gestionnaire, et pour se « forcer » à faire des économies, elle a décidé de mettre en place, en anticipation de sa reconversion professionnelle, un virement automatique de 100 € tous les mois à compter du 1er mars 2024.
Aujourd’hui, devenir coiffeuse est le principal projet de Lola. « Je pense être heureuse à environ 70 %, je le serai à 100 % lorsque je vivrai de ma passion en tant que coiffeuse. »
Merci à Lola* de nous avoir ouvert ses comptes !
* Le prénom a été modifié.
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