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Société

Comment la suppression des emplois aidés affecte L’Échappée, une asso d’aide aux victimes de viol

La suppression de nombreux emplois aidés menace des projets associatifs, dont certains sont pourtant essentiels. Comme celui de L’Échappée, une association de soutien aux victimes de viol et d’agressions sexuelles.

Mise à jour du 10 janvier 2018 – Pour venir en aide à l’association L’Échappée, en difficulté financière notamment suite à la suppression d’un emploi aidé (voir ci-dessous), des militantes se mobilisent.

Un marché féministe sera organisé le 10 février – dans un mois tout pile donc – dont tous les bénéfices seront reversés à l’association. Si tu es dans le coin, passe donc ! Ça promet d’être sympa, en plus d’être une bonne action.

https://twitter.com/svanunge/status/951024733352538112

Article publié le 22 décembre 2017 – L’Échappée est une association lilloise.

Ce sont deux anciennes écoutantes qui officiaient au sein du Collectif Féministe Contre le Viol qui l’ont créée : elles constataient tous les jours dans leur travail qu’il n’y avait pas de structure locale pour accompagner les victimes d’agressions sexuelles et de viol dans la région, et ont voulu remédier à cela.

Sarah, administratrice de l’association, m’explique en quoi consiste leur travail :

« On accompagne des personnes qui ont besoin d’orientation en fonction de leurs besoins : déposer plainte, arriver à reprendre pied, mener d’autres projets, pouvoir les orienter vers les services adaptés… »

L’association tient dans ce but une permanence téléphonique.

À lire aussi : Comment réagir face à quelqu’un vous confiant avoir été victime d’un viol ?

L’Échappée, une association en besoin de financements

Jusqu’à il y a quelques mois, l’association salariait une coordinatrice et trois écoutantes à temps partiel, dont deux en CDI.

Il y avait un certain nombre de projets en route, qui pour être concrétisés, ont besoin de ressources. En l’occurrence, de ressources humaines.

Employer quelqu’un à temps partiel ou à temps plein requiert des moyens, et l’association en manque désormais.

En effet, plusieurs sources de financement se sont taries, à commencer par celle des contrats aidés qui ont subis de larges coupes budgétaires, celles qui étaient dénoncées en septembre par de nombreuses associations.

L’écoutante à temps partiel, qui a quitté son poste pour des raisons personnelles, était effectivement bénéficiaire de ce dispositif. Sans les contrats aidés, il manque 14 000 euros pour pouvoir embaucher sa remplaçante.

La perte des emplois aidés met l’association en grande difficulté

Le financement par la région, par le département, par l’Association des Régions de France et la délégation préfectorale aux droits des femmes est toujours versé à l’association, bien qu’il s’agisse en très grande partie de subventions qui découlent d’appels à projets, et non pas de subventions au fonctionnement pur et simple de l’association, qui elles, sont pérennes.

La ville de Lille devrait quant à elle continuer de soutenir L’Échappée.

Une autre source de financement dont l’association ne pourra plus bénéficier est celle de la réserve parlementaire : cet argent dont les élu·es pouvait disposer pour accorder des subventions locales.

La réserve parlementaire a en effet été supprimée dans le cadre de la loi de confiance dans l’action politique, pour éviter les risques de clientélisme.

Cumulées, ces pertes mettent l’association en difficulté.

Pour poursuivre son action, L’Échappée a besoin de financements

L’Échappée a une salariée de moins depuis quelques mois, mais le travail n’a pas pour autant cessé d’affluer, au contraire :

« On est submergées par les demandes. Le fait qu’il y ait eu une re-médiatisation des violences faites aux femmes, notamment via le mouvement #MeToo, ça nous amène quantité de nouvelles personnes qui font appel à nos services et on n’est pas en mesure de leur apporter cette aide.

On a des temps d’attente qui s’allongent pour obtenir un rendez-vous, pour répondre aux mails… »

À lire aussi : Pourquoi je n’ai pas utilisé #MeToo, même si j’ai été violée

C’est pourquoi l’association lance une campagne de financement participatif :

« L’idée serait de pouvoir rebondir sur cette prise de parole, et de ne pas la laisser s’enfuir, de pouvoir répondre là, maintenant, aux demandes qu’on reçoit.

Il faut pouvoir accueillir cette parole correctement. »

Outre le fonctionnement de ce qui existait déjà, si l’association souhaite lever 15 000 euros, c’est aussi parce qu’il y a une envie de développer de nouveaux services :

« On veut faire plus d’activités en groupe : groupe de parole, ateliers d’auto défense, ateliers audio-visuels qui vise un retour à l’autonomie via une expression qui est propre aux victimes…

Mais ce type d’action par exemple nécessite d’embaucher une intervenante réalisatrice, d’avoir du matériel vidéo : on ne peut pas pour l’heure. »

Comment soutenir l’Échappée ?

L’association est mobilisée pour trouver des financements, Sarah envisage notamment de se rapprocher de la Fondation des Femmes.

Mais si à ton échelle tu souhaites les aider, tu peux faire un don sur le site de l’association dans le cadre de leur collecte !

Et si tu ne peux pas, pas de panique : tu peux te contenter de partager leur appel.

Qui sait, dans ton entourage, peut-être que certaines personnes ne savent que faire de ce qui traine sur leur compte en banque.

Et l’aide des pouvoirs publics ?

Le cas de L’Échappée n’est pas isolé, malheureusement. Le dispositif des contrats aidés permettait justement à des petites structures de pouvoir employer des salarié·es (ce qui représente un coût non négligeable : on ne voit souvent que la partie « salaire net » lorsqu’on reçoit sa fiche de paie, mais la structure qui emploie doit également s’acquitter de charges, taxes, etc).

Le Premier ministre Edouard Philippe avait annoncé une forte baisse du nombre de contrats aidés ouverts en 2018. Cela implique, pour les associations qui y avaient recours, de devoir potentiellement renoncer à des projets.

Le cas de L’Échappée est un exemple concret de ces conséquences : ses missions répondent pourtant à un besoin d’utilité publique, tout spécialement en ces temps post-affaire Weinstein, #MeToo, où de plus en plus de victimes d’agressions sexuelles trouvent la force et le courage de réagir, de parler, de chercher de l’aide.

Le 25 novembre 2017, Emmanuel Macron avait prononcé un discours fort, faisant de la lutte pour l’égalité homme-femme une grande cause nationale du quinquennat. 

Ce combat nécessite de doter convenablement les structures associatives engagées au plus près du terrain.

Alors, si les droits des femmes sont vraiment une grande cause nationale, va-t-on laisser celles qui traduisent ces belles paroles en actes compter sur le seul crowdfunding pour pérenniser leurs missions ?

Une grande cause nationale nécessite des moyens adéquats, dont le Secrétariat d’État chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, animé par Marlène Schiappa, ne dispose visiblement pas en quantité suffisante, Monsieur le Président !

À lire aussi : Comment réagir face à quelqu’un vous confiant avoir été victime d’un viol ?


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Les Commentaires

9
Avatar de skippy01
10 janvier 2018 à 15h01
skippy01
Leur couper les vivres puis les laisser se démerder pour ne pas couler. Heureusement que c'est une grande cause nationale, sinon qu'est-ce que ce serait !
2
Voir les 9 commentaires

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