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Comment réagir face à quelqu’un vous confiant avoir été victime d’un viol ?

Comment réagir lorsqu’un•e ami•e, un•e membre de votre famille ou votre moitié vous confie avoir été victime d’un viol ? Comment l’assurer de votre soutien et ne pas commettre d’erreur ? Mymy vous donne des pistes.

Depuis l’affaire Harvey Weinstein, la parole autour des viols, agressions sexuelles et situations de harcèlement se délie.

Via des hashtags comme #BalanceTonPorc ou #MeToo, des centaines de milliers de personnes, très majoritairement des femmes, ont raconté avoir été victimes de violences sexuelles.

Certaines ne l’avaient jamais dit. À personne. D’autres ont gardé le silence — une madmoiZelle nous a expliqué craindre de n’être plus vue que comme « une victime de viol » si elle s’exprimait.

Le nombre de témoignages donne le vertige. Vous imaginez, ça, dans la vie physique ? Vous imaginez les rues, les places, les boulevards, les champs emplis de femmes serinant :

« Moi aussi. Moi aussi. Moi aussi. »

Le pays s’arrêterait. Bon sang, le monde s’arrêterait.

Mais si ces personnes ont mis parfois très longtemps à s’exprimer, et ont souvent privilégié l’anonymat, c’est parce que les victimes de violences sexuelles ne sont pas toujours correctement écoutées.

Trop souvent encore, on rejette la faute sur elles, on doute de leur sincérité, pas forcément par méchanceté, parfois par simple méconnaissance de la réalité du viol, par peur, par peine.

À lire aussi : Aux femmes et aux hommes, à tout le monde : posez-nous toutes vos questions à propos de #MeToo

Alors je me suis dit que j’allais essayer d’aider, à ma petite échelle. De donner quelques conseils sur les façons possibles de réagir si demain, une personne vous confie : « Moi aussi ».

Bien sûr, toutes les situations sont différentes. L’échange ne sera pas le même partout. Cet article n’a pas vocation à être un manuel rigide, simplement une base de réflexion.

Écoutez une personne vous confiant avoir été victime de viol

Ça me semble être la base pour commencer.

Peut-être que cette personne a réuni ses forces pendant des heures, voire des jours, des semaines, avant de s’ouvrir à vous. Peut-être qu’elle a peur, même si elle a confiance en vous. Peut-être qu’elle a honte.

Peut-être que si vous l’interrompez, elle ne pourra pas reprendre le fil.

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Alors voici mon premier conseil : même si vous êtes surpris•e, heurté•e, peiné•e, même si vous tombez des nues, essayez d’interrompre le moins possible.

Selon la situation, vous pourrez peut-être demander des précisions ensuite, et bien sûr réagir, réconforter, soutenir. Soyez patient•e. Laissez le récit couler.

À l’inverse, il est possible que la personne avance péniblement, mot à mot, semble « coincée » dans son témoignage. Vous pouvez essayer de poser de petites questions ouvertes, la rassurer en lui disant qu’elle peut prendre son temps.

C’est autant écouter qu’être à l’écoute, au final : quelqu’un a quelque chose de douloureux à vous confier. Le mieux est de le ou la laisser le faire à son rythme, et avec ses propres mots.

À lire aussi : « J’ai dit « Arrête » et tu as continué » : lettre ouverte à l’homme qui a abusé de moi

Croyez en la sincérité d’une personne vous confiant avoir été victime de viol

Il est possible que certains points vous paraissent incohérents, soulèvent des questions. C’est tout à fait humain. Surtout quand on sait que les souvenirs d’un traumatisme peuvent être flous et difficiles à rassembler, a fortiori à communiquer.

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Mais il est important de ne pas sembler mettre en doute la sincérité de la personne qui se confie à vous. C’est la « double peine » des victimes de violences sexuelles : trop souvent, la société ne les croit pas.

Notamment parce que trop de gens croient encore que le viol, c’est un acte cruel et prémédité commis par un dangereux inconnu rôdant en quête d’une victime dans un coin sombre…

Face à une réalité méconnue, comme celle du viol conjugal, des hommes victimes de viol ou du viol dans le cadre familial, certain•es se braquent et remettent en doute la sincérité du témoignage.

À lire aussi : Je veux comprendre… la culture du viol

C’est une des raisons qui font qu’autant de victimes gardent le silence : elles ont peur de ne pas être crues. Je ne peux que vous conseiller de vous montrer confiant•e sur ce point-ci.

Rappelez-vous que ce n’est pas « votre moment »

Je ne sais pas trop comment expliquer ça.

Je sais que si quelqu’un de cher à votre cœur vous confie avoir été victime de viol, vous pouvez ressentir de très vives émotions, car vous l’aimez, vous êtes plein•e d’empathie.

J’ai moi-même reçu des témoignages venant de femmes et d’hommes que j’aime énormément, que je voudrais protéger, et j’ai eu du mal à garder mon calme.

À lire aussi : J’ai aidé une victime de viol à briser le déni — Témoignage

Mais ce n’est pas « votre moment ». Ce n’est pas le bon moment pour hurler, pleurer, avoir envie de casser des trucs, de vomir, de foncer au commissariat…

Parce que si vous faites ça, soudain, c’est à l’autre de « s’occuper de vous », de faire avec vos émotions, de vous aider à vous calmer, de vous rassurer, etc. Alors que ça devrait être l’inverse !

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Évidemment, il n’est pas question d’agir comme un robot et de nier ce que vous ressentez. Vous pouvez par exemple demander une petite pause pour digérer tout ça, sortir prendre un peu l’air, vous aérer l’esprit et intégrer ce que vous venez d’entendre.

Mais il est probable que la personne ait plus besoin de soutien que vous, dans l’immédiat — essayez de tenir bon pour l’aider.

Dans la même veine, vous pouvez vous sentir impuissant•e et essayer d’aider la victime a posteriori. Par exemple en lui conseillant quoi faire si ça lui arrive à nouveau, ou pour éviter que ça lui arrive…

Même si vos intentions sont bonnes, « Apprenons le krav-maga ensemble, le prochain on le défonce ! » ça peut sonner comme « Ah, si tu avais fait du krav-maga, ça ne te serait pas arrivé ».

Là encore, il faut accepter le fait que vous n’êtes pas là pour remonter dans le passé et annuler ce crime. Sachez écouter de quoi votre confient•e a besoin, en premier lieu.

Laissez la personne vous confiant avoir été victime d’un viol le vivre à sa façon

Je connais des personnes qui ont été absolument détruites par un viol. Qui sont en état de stress post-traumatique et ne vivront plus jamais de la même façon.

Je connais des personnes victimes de viol qui n’ont pas été bouleversées d’un iota. Qui continuent à vivre comme avant. Qui n’y pensent même pas, ou presque jamais.

Il n’y a pas « une bonne façon » de mener sa vie après avoir subi un crime sexuel, car les humain•es sont des êtres multiples et complexes.

Il est important de ne pas juger, de ne pas « s’attendre » à telle ou telle façon de réagir.

À lire aussi : Voici pourquoi les victimes de viol, parfois, ne se défendent pas

On vous confiera peut-être un viol au détour d’un café, d’une part de gâteau, d’un trajet en voiture. De façon désinvolte ou totalement inattendue. Froide ou viscérale. Ça aura peut-être l’air de sortir de nulle part, ça peut surprendre.

Là encore, il est important de laisser vos préjugés à la porte — de recevoir ce témoignage comme il vient, même s’il ne ressemble pas à ce que vous auriez pu imaginer.

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Chaque victime de viol a sa parole, respectons-la

En substance, je vous conseillerais d’être à l’écoute, de respecter la personne se confiant à vous, et de ne pas hésiter à lui demander de quoi elle pense avoir besoin.

Elle ne le saura peut-être pas, elle n’aura peut-être aucune idée de la raison pour laquelle elle s’est ouverte à vous, mais ce n’est pas grave : elle saura que vous l’avez écoutée, que vous n’avez pas jugé, que vous avez accepté sa parole.

Et parfois, quand on a vécu un viol, c’est déjà immense.

À lire aussi : Après 5 tentatives de viol, je refuse de m’arrêter de vivre


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

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Avatar de Skarov
5 novembre 2017 à 08h11
Skarov
Mon compagnon ma encouragé d'aller voir un psy. Mais il m'en parler les jours où j'allais un peu mieux. Comme ça on était à même de discuter de l'idée. Ça ne la pas empêchait de trop insister. Mais je trouve que ce d'aborder le sujet aussitôt que la victime ait parlé.

Ça a été une des premières réactions de ma soeur et j'ai eu l'impression moi aussi de ne pas être une bonne victime, que c'était de ma faute si j'allais toujours aussi mal. (Le pire c'est qu'à ce moment là j'étais déjà suivie, je prenais parfois des somnifères, mais elle n'a pas pose la question de savoir si je voyais un psy, mais m'a bien ordonné d'aller en voir un)
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