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Société

Le sexisme a encore de beaux jours devant lui en France, selon le HCE

Lundi 23 janvier, le Haut Conseil à l’égalité a publié son deuxième baromètre annuel sur le sexisme en France, et ses résultats sont inquiétants : dans l’Hexagone, non seulement le sexisme ne recule pas, mais ses manifestations les plus violentes s’aggravent, les jeunes étant les plus touchés.

Pour la deuxième année consécutive, le Haut Conseil à l’égalité publie son baromètre annuel sur le sexisme, mené par l’Institut Viavoice auprès d’un échantillon représentatif de la population française constitué de 2500 femmes et hommes. Et à en croire ses résultats, il semblerait que le sexisme ait encore de beaux jours devant lui dans l’Hexagone.

Les Français déplore le sexisme… mais adhèrent aux stéréotypes qu’il véhicule

Cette année encore, le baromètre met une lumière un paradoxe qui nous fait soupirer bien fort : 93 %, soit une immense majorité des Français et Françaises, estiment que les femmes et les hommes connaissent des différences de traitement dans au moins une des sphères de la société (travail, espace public, école, famille…), ce qui n’empêche pas une large part de la population d’adhérer à des stéréotypes sexistes. Par exemple, seulement 49 % des femmes et 37 % des hommes estiment qu’il est problématique qu’une femme cuisine tous les jours pour toute la famille. 40 % des hommes et 27 % des femmes déclarent aussi qu’il est normal pour une femme qu’elle s’arrête de travailler pour s’occuper de ses enfants (un chiffre en hausse de 6 points par rapport au baromètre publié l’an dernier). Côté couple et rapport de séduction, 38 % des femmes et 52 % des hommes considèrent qu’il est normal que l’homme paye l’addition au premier rendez-vous. Un florilège du sexisme ordinaire, donc.

La jeune génération d’hommes, abreuvée par le masculinisme

Mais le plus inquiétant réside dans le fait que, malgré l’émergence de #MeToo et les prises de paroles successives autour des questions de sexisme et de violences de genre, la jeune génération ne semble pas encline à faire sauter les biais sexistes. Le baromètre révèle en effet que les clichés masculinistes, largement répandus grâce aux réseaux sociaux, sont les plus ancrés chez les hommes de moins de 35 ans, une réalité particulièrement inquiétante. 20 % des 25-34 ans considèrent par exemple que pour être respecté en tant qu’homme dans la société, il faut vanter ses exploits sexuels auprès de ses amis. 32 % d’entre eux considèrent aussi que le barbecue est une affaire d’homme, soit quasiment 10 points de plus que la moyenne générale des hommes (qui se place, elle, à 23 %).

Émergence et affirmation d’une « sphère masculiniste et antiféministe »

Le rapport met enfin en évidence un manque de confiance de la part des personnes interrogées à l’égard des pouvoirs publics et l’inefficacité des outils mis en place, notamment pour lutter contre le sexisme et contre des phénomènes d’ampleur qui émergent : violence accrue sur les réseaux sociaux, barbarie dans de très nombreuses productions de l’industrie pornographique, émergence et affirmation d’une « sphère masculiniste et antiféministe »… Sans compter un mouvement de recul majeur concernant les droits des femmes partout dans le monde, avec notamment la remise en cause de l’abrogation du droit à l’avortement aux États-Unis ou encore la situation des femmes en Afghanistan ou en Iran. Un véritable « backlash », qui aura été le signe de l’année 2022.

À lire aussi : Regardez notre premier MadPrime, spécial IVG : on décrypte les conséquences de Roe vs. wade

10 recommandations pour un plan d’urgence de lutte contre le sexisme

Face à ces constats alarmants, le Haut Conseil à l’égalité le martèle : il faut lutter contre le sexisme dans l’ensemble de la société. Pour cela, l’institution suggère la mise en place de dix recommandations pour un plan d’urgence de lutte contre le sexisme.

  • Augmenter les moyens financiers et humains pour former plus, et plus largement les magistrats et magistrats au sein des juridictions chargées de traiter les violences intrafamiliales, sur le modèle espagnol
  • Instaurer une obligation de résultat pour l’application de la loi sur l’éducation à la sexualité et à la vie affective dans un délai de trois ans
  • Réguler les contenus numériques pour lutter contre les stéréotypes, représentations dégradantes et traitements inégaux ou violents des femmes, en particulier les contenus pornographiques en ligne
  • Rendre obligatoires les formations contre le sexisme par les employeurs
  • Généraliser l’égaconditionnalité (qui conditionne l’argent public à une contrepartie en terme d’égalité) et la budgétisation sensible au genre
  • Créer une Haute Autorité indépendante pour lutter contre les violences sexistes en politique
  • Conditionner les aides publiques à la presse écrite à des engagements en matière d’égalité
  • Rendre obligatoire un système d’évaluation et une publication annuelle sur la part de représentation des femmes dans les manuelles scolaires, conditionnant leur mise sur le marché, sur le modèle belge
  • Interdire la publicité pour les jouets genrés sur le modèle espagnol
  • Institutionnaliser la journée nationale de lutte contre le sexisme le 25 janvier

À lire aussi : Égalité à l’école : On n’a pas besoin d’uniformes, mais d’éducation sexuelle


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

2
Avatar de Bloem
27 janvier 2023 à 09h01
Bloem
En mème temps certaines formulations sont maladroites. C’est pas forcément « problématique » qu’une femme ait la responsabilité des repas.
Un couple se répartit les tâches ménagères comme il souhaite.
Si par exemple, une femme fait la cuisine et son compagnon les lessives, je vois pas en quoi c’est « problématique ».
Même le « c’est normal qu’un homme paye l’addition au premier rendez-vous ». Ça serait au contraire « anormal »?? Le terme semble un peu exagéré.
Le gros combat du féminisme ne me semble pas être « payer l’addition du resto ».
Ce qui serait anormal c’est que personne ne paye. Le reste que ça soit l’homme, la femme ou les deux qui payent me semble rentrer dans la « normalité ».
D’ailleurs les recommandations de concernent pas l’addition parce-que c’est pas ça qui pose problème.
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