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Un couple de femmes en train de rire
Grossesse

Journal de bord d’une PMA, épisode 3 : « C’est du stress, et beaucoup d’attente »

Mathilde et Amélie ont décidé de se lancer dans un parcours de procréation médicalement assistée pour avoir un enfant. Mois par mois, elles racontent les étapes, les difficultés et les joies de ce grand projet.

Ceci est le troisième article d’une série qui suit le parcours d’Amélie et Mathilde dans leur projet de PMA. C’est un cheminement qui peut être long, avec des moments de pause : la régularité de ce carnet de bord suit celle de leurs évolutions dans la vraie vie !

Les épisodes précédents sont ici :

Décembre 2022, les (petits) coups de stress s’enchaînent

Jeudi 1ᵉʳ décembre. Mathilde a eu ses règles le jeudi soir. La clinique considère le premier jour des règles comme le jour où on a ses règles avant midi, sinon c’est le lendemain. Dans notre cas, le J1 du cycle tombe donc vendredi 2 décembre.

Or, le premier ou deuxième jour de son cycle, Mathilde doit faire une prise de sang et transmettre les résultats avant 13 heures à la clinique belge. Après analyse, le médecin nous donnera le traitement de stimulation ovarienne à suivre (dosage, et durée des injections).

Coup de stress jeudi soir : vendredi 2 et samedi 3 décembre c’est un jour de grève dans les laboratoires médicaux. On cherche une solution en fouillant internet, et finit par conclure qu’on doit se rendre à l’hôpital.

Vendredi 2 décembre. Après une courte nuit, Mathilde arrive à l’hôpital à 7 heures. Dommage, les prélèvements sanguins ne se font qu’à partir de 7h30 et il faudra donc patienter un peu.

La prise de sang se passe bien et l’infirmière prend bien note de l’urgence de l’analyse. Les prélèvements sont envoyés dans la grande ville la plus proche à 35 km. Mathilde reçoit le premier résultat en milieu de matinée, mais les autres analyses n’arrivent qu’à 13h15, après 2 appels et encore du stress. On les envoie aussitôt à la clinique en espérant que ça aille quand même.

Dans l’après-midi, en bottes, au milieu du champ (et sans rien pour écrire), Mathilde reçoit un coup de téléphone de la clinique : le traitement commence le lendemain pour une semaine. Le vendredi 9 décembre, Mathilde devra faire une prise de sang et une échographie de comptage de follicules.

En fin d’après-midi, Mathilde reçoit un mail de la clinique belge l’informant que son bilan sérologique (Hépatites, VIH …) n’est pas à jour. Sans celui-ci, la ponction ne pourra pas avoir lieu. Encore un coup de stress ! On appelle le cabinet médical pour avoir une ordonnance au plus vite. La médecin n’est pas là, il faut attendre lundi. On espère que ça ne posera pas de problème et que les résultats arriveront à temps.

Samedi 3 décembre. Aujourd’hui, est un grand jour, c’est la première injection ! On doit la faire le soir, à horaires (à peu près) fixes. À 18 heures, on installe le matériel, accompagnées d’un tuto YouTube. On met aussi en route la caméra. En effet, on filme les étapes importantes du parcours PMA pour faire un petit film, garder une trace et peut-être le montrer au futur enfant. 

Le médicament se présente comme ça : la substance active (sous forme de poudre), une seringue contenant le solvant, une aiguille assez grosse et longue pour réaliser le mélange solvant + poudre et une autre aiguille courte et fine pour faire l’injection sous-cutanée.

On suit le tuto, étape après étape, avec un peu d’appréhension. Finalement, c’est fait assez facilement (merci internet !) et ce n’est pas douloureux. On recommence demain.

« Un parcours PMA, c’est du stress et de l’attente »

Mardi 6 décembre. Le soir, après l’injection, on regarde la manière dont doit être administré le second médicament que Mathilde doit commencer jeudi. Et là, c’est la panique  : il n’y a qu’une injection dans la boîte de médicament, alors que la clinique nous en a prescrit 7 !

En urgence, nous appelons la pharmacie et le gynécologue pour commander d’autres boites et avoir une ordonnance. La pharmacie accepte de nous commander une boîte supplémentaire, et commandera le reste avec l’ordonnance. Sauf que notre gynécologue ne travaille pas le mercredi. En stress, nous espérons qu’elle aura le message et que nous aurons le médicament à temps, sinon, c’est quatre jours d’injections pour rien et l’obligation de reporter au cycle suivant.

Jeudi 8 décembre. On a reçu l’ordonnance pour le médicament manquant, Mathilde va le commander à la pharmacie et apprend qu’il est en rupture de stock. La pharmacienne appelle plusieurs grossistes et finit par dégoter les six boîtes qu’il nous faut. Ouf, encore une étape franchie mais c’est encore un petit coup de stress supplémentaire, ça commence à faire beaucoup de péripéties !

Mathilde supporte bien le traitement mis à part quelques tiraillements dans les ovaires, et le bas du ventre gonflé. Elle est aussi très fatiguée, sûrement par un mélange de stress et des effets du traitement.

Vendredi 9 décembre. C’est le 8e jour du cycle de Mathilde et le programme est chargé. 7 heures : prise de sang ; 9 heures : retour à la maison pour l’injection du médicament qui bloque l’ovulation ; 11 heures : rendez-vous chez la gynécologue pour l’échographie de comptage des follicules. Comme d’habitude, il faut envoyer envoyer les résultats avant 13 heures à la clinique belge.

L’échographie se passe bien et la gynécologue informe Mathilde que la stimulation fonctionne très bien. Il y a 14 follicules, dont 3 très beaux. C’est rassurant !

L’après-midi, Mathilde attend le coup de téléphone de la clinique belge. Un parcours PMA, c’est du stress et de l’attente : attendre les résultats pour les envoyer en temps et en heure, attendre de savoir si les médicaments vont être disponibles, attendre l’appel de la clinique pour les étapes suivantes…

Vers 15h30, la clinique nous annonce que la ponction aura lieu mardi prochain, dans 4 jours. Ça y est, c’est concret et c’est excitant !

En attendant, il faut continuer l’injection pour stimuler la production ovarienne le soir et l’autre injection pour bloquer l’ovulation le matin. Dimanche, la clinique doit nous rappeler pour nous indiquer l’heure de la dernière injection, c’est un 3ᵉ médicament qui déclenchera l’ovulation. La ponction aura lieu 36 heures après.

Une énième péripétie

Samedi 10 décembre. On cherche un tuto sur le 3ᵉ médicament, celui qui déclenchera l’ovulation. En ouvrant la boite, surprise : il n’y a ni seringue ni aiguille pour l’injection ! Seulement des flacons de poudre et des ampoules de solvant. Bien entendu, notre pharmacie est fermée le samedi après-midi.

On appelle la pharmacie de la ville la plus proche, et la personne au bout du fil se renseigne avant de nous informe de la marche à suivre pour pouvoir faire l’injection. Entre les pénuries de médicaments, les grèves et les quantités insuffisantes sur les ordonnances, on finit par rire de cette énième péripétie — en espérant tout de même que ce sera la dernière ! 

Un conseil aux personnes se lançant en parcours PMA : vérifiez dès que vous avez les médicaments qu’il y a la quantité qu’il vous faut et le matériel nécessaire. Les pharmacies n’ont pas forcément l’habitude de ce genre de traitement et ne savent pas toujours ce qu’il faut. Il faut aussi demander une boite pour jeter les aiguilles ! 

Dimanche 11 décembre. La journée est longue et les minutes passent de plus en plus lentement ! Vers 15 heures, on reçoit le coup de fil tant attendu de la clinique avec les dernières instructions.

Nous injectons le dernier médicament pour déclencher l’ovulation à 21h50 précises le soir même. On est attendues à la clinique mardi 13 décembre, à 7h50 et la ponction aura lieu à 9h50. Deux à trois heures après la ponction, Mathilde pourra sortir de l’hôpital. Amélie ne sera pas admise dans la salle de ponction et pourra attendre dans la chambre. 

En route pour la Belgique

Lundi 12 décembre. Départ à 7h30 de chez nous, c’est parti pour 9 heures de route ! Mathilde est un peu stressée par la ponction.

Mardi 13 décembre. Le réveil sonne tôt, car nous devons être à 7h50 à l’hôpital. Première étape, s’enregistrer à l’accueil et payer la ponction et fécondation des ovocytes : 4 500 €. Nous nous étions renseignées en amont et nos banques nous avaient indiqué les plafonds de paiement. Avec nos différentes cartes bancaires ça devait passer sans problème…  sauf que non !  La personne à l’accueil a été très compréhensive et nous avons fini par réussir à payer la totalité de la somme en fractionnant les montants.

Vers 9 heures, on administre un décontractant à Mathilde et elle est emmenée par une infirmière.  

La ponction folliculaire de Mathilde

Deux infirmières m’emmènent au bloc, elles me préparent : désinfection, draps stériles. La gynécologue se présente, très gentille aussi. Une infirmière reste à côté de moi pendant toute l’intervention, m’explique ce qui se passe à chaque étape, me demande si ça va et si la douleur est soutenable.

On commence l’anesthésie locale : la gynécologue insère un spéculum puis me fait 4 piqûres anesthésiantes sur les parois de l’utérus. C’est assez douloureux, mais ça ne dure pas. Ensuite, elle retire le spéculum et insère une sonde échographique avec une aiguille. Elle perce la paroi de l’utérus qui est anesthésiée, puis la paroi de l’ovaire. Celle-ci n’est pas anesthésiée, c’est douloureux. J’essaie de me concentrer sur les mots de l’infirmière et sur l’écran pour détourner mon attention de la douleur. Avec l’aiguille, elle prélève l’intérieur des follicules. Ce sont des sortes de petits sacs qui contiennent des cellules folliculaires et un ovocyte. Chaque prélèvement est envoyé par un tuyau au labo juste à côté du bloc opératoire.

La gynécologue prélève dans les deux ovaires, et à chaque fois, l’introduction de l’aiguille dans l’ovaire fait mal. La ponction est rapide, ça dure une dizaine de minutes (et heureusement !). L’infirmière m’annonce qu’ils ont trouvé six ovocytes, c’est bien. Je suis un peu dans le cirage, elle me ramène en salle de réveil. J’ai mal aux ovaires. Pendant ce temps, Amélie attend ; on me ramène dans ma chambre vers 11 heures et on m’administre un anti-douleur.

On prend quelques photos souvenirs.  Les effets du décontractant et de l’anesthésie s’estompent petit à petit, je retrouve un peu de tonus.

 Après 1 heure, je suis autorisée à me lever mais je ne me sens pas encore capable car une très forte douleur survient de nouveau. Je demande un autre antidouleur.

Vers 13 heures ça va mieux, et nous sommes autorisées à quitter l’hôpital après un dernier passage dans le bureau de l’infirmière. Elle nous explique que les ovocytes seront fécondés le lendemain et que l’on saura le 20 décembre combien cela a donné d’embryon. Le 20 décembre c’est l’anniversaire de Mathilde, on espère qu’ils nous annonceront une bonne nouvelle.

Nous avons été très agréablement surprises par la gentillesse et la bienveillance de l’ensemble du personnel qui est très à l’écoute et essaie vraiment de rendre les procédures médicales le plus humaines possible ! On nous répond gentiment et clairement. Le fait qu’on soit un couple de femmes n’est jamais un sujet.

On se crée des souvenirs doux au marché de Noël, des moments agréables pour ne pas retenir que l’hôpital, la douleur et le médical. Nous repartons le lendemain ! Il n’y a plus qu’à attendre maintenant, en espérant avoir le plus grand nombre d’embryons possible.

Le retour… Et les premiers résultats !

Mercredi 14 décembre. Retour en voiture sans encombre avec des pauses régulières car Mathilde a besoin de marcher, rester assise longtemps lui fait mal.

Au retour, nous mettons à jour notre tableur Excel sur le coût de la PMA. À ce jour, nous totalisons 7 300 € dépensés, comprenant les déplacements, le logement sur place, le coût des actes médicaux et les dépassements d’honoraires en France.

Mardi 20 décembre. C’est l’anniversaire de Mathilde. C’est aussi le jour où nous allons connaître les résultats de la fécondation ! Dès le réveil, les minutes paraissent des heures.

Vers 12h15, le téléphone d’Amélie sonne, c’est la clinique. Grosse montée d’adrénaline et les quelques secondes précédant l’annonce me paraissent une éternité ! La dame au téléphone m’annonce que sur les 6 ovocytes prélevés, 4 étaient suffisamment matures pour être fécondés et que nous avons maintenant 4 embryons, ce qui est selon elle un très bon résultat.

On est contentes et soulagées que cela ait marché. On se dit que 4 embryons ça nous laisse un peu de marge pour avoir une grossesse. On va maintenant profiter des fêtes en famille et penser un peu à autre chose. 

Nous ferons probablement le premier transfert sur le cycle de mars. En effet, nous nous marions en juillet prochain et ne voulons pas qu’Amélie soit enceinte de 8 mois pour ce grand évènement !

Janvier 2023 : l’année de tous les projets

L’année 2023 va être très riche. Début janvier, Mathilde s’installe en agriculture avec un collègue pour reprendre une ferme maraîchère bio et y créer une brasserie. En février, nous signons l’achat de notre maison, avec des travaux à prévoir. En juillet, nous nous marions ! Nous avions anticipé pas mal de chose sur la préparation, donc pas d’inquiétudes particulières sur ce plan, tout est presque prêt. Seules nos tenues restent en suspens : si Amélie est enceinte, la robe devra être choisie au dernier moment !

Pendant les fêtes, nous avons annoncé à nos parents que nous étions en projet de PMA en Belgique. Nous les avons un peu pris de court : ils ont été surpris, et n’ont peut-être pas trop su comment réagir. Ce n’est pas étonnant, puisque annoncer un parcours de PMA, c’est une demi-annonce, celle que les hétéros n’ont pas à faire. On dit qu’on a envie d’avoir un enfant, mais personne n’est enceinte. Mais globalement, tout le monde est content pour nous !

D’ici mars, le temps va passer vite : dans quelques semaines, nous serons de nouveau en Belgique et d’ici là, on a tout un déménagement à prévoir. Les choses vont avancer vite ! 

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Les Commentaires

12
Avatar de MaiaLea
14 février 2023 à 16h02
MaiaLea
@MaïaLéa
Dans la rédaction de nos phrases on avait bien précisé couples heteros qui ont pas de pb de conception mais ça a été coupé à la publication, désolé si ça t'a blessé !
Les difficultés avec les médicaments sont triples : ils n'ont pas le même nom partout, les gynecos ne sont pas spécialisés PMA donc ne savent pas forcément ce qu'il faut et il y a des difficultés d'approvisionnement sur certains.
Merci pour l’explication. Ça ne m’a pas tant blessée, juste je trouvais cela bizarre.
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Voir les 12 commentaires

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