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Protection de l’enfance : 550 millions d’euros pour réparer un système à bout de souffle

L’Aide sociale à l’enfance (ASE) protège les enfants lorsque leurs parents ne peuvent plus assurer leur sécurité, mais ce filet de protection est aujourd’hui fragilisé. La Caisse des Dépôts vient d’annoncer un plan d’investissement de 550 millions d’euros d’ici 2028 pour moderniser les lieux d’accueil et soutenir les départements, en première ligne du dispositif.

Un plan massif pour moderniser l’accueil

L’ASE, qui protège les enfants dans les situations familiales les plus difficiles, fonctionne depuis des années avec des moyens trop limités.

Les équipes dénoncent des bâtiments vieillissants, des places insuffisantes et des accueils souvent improvisés dans l’urgence. C’est précisément pour répondre à cette urgence que la Caisse des Dépôts lance un plan d’investissement de 550 millions d’euros d’ici 2028.

L’investissement vise à rénover les structures, en construire de nouvelles et augmenter les capacités d’accueil, pour offrir des environnements plus dignes et plus adaptés aux enfants confiés.

Davantage d’enfants confiés, moins de solutions

Selon la DREES, 221 000 mineurs et jeunes majeurs étaient confiés à l’ASE fin 2023, soit 6 % de plus qu’en 2022 – une hausse d’une ampleur rarement observée. Plus largement, 384 900 jeunes de moins de 21 ans bénéficiaient d’une mesure de protection, un chiffre en progression continue depuis vingt ans.

Cette augmentation traduit l’accumulation de situations familiales fragilisées par la crise sociale, le manque d’accès aux soins psychiques et la précarisation de nombreuses familles. Elle met aussi en lumière un besoin croissant d’accompagnement éducatif qui, faute de moyens, se transforme souvent en placement.

Les situations se complexifient : violences, précarité, santé mentale… Les placements se multiplient et les solutions manquent. Les conséquences sont lourdes : fratries séparées, changements de foyer successifs, parcours instables.

Les familles d’accueil se raréfient

Pilier du dispositif, les assistants familiaux sont de moins en moins nombreux : selon la DREES, en 2022 seuls 38 % des enfants confiés à l’ASE étaient accueillis en famille d’accueil, contre 56 % en 2006.

Départs en retraite non remplacés, manque de reconnaissance, rémunération faible : la profession peine à attirer.

« C’est un métier magnifique que je ne recommanderais à personne », lâche Valérie, assistante familiale depuis vingt-deux ans, citée dans l’enquête de la Union fédérative nationale des assistants familiaux et des assistants maternels (Ufnafaam).

Cette pénurie pèse directement sur les enfants. Certains se retrouvent en structures collectives alors qu’un accueil familial serait plus adapté. D’autres changent plusieurs fois de lieu de vie parce que rien de stable n’est disponible. Et les équipes, déjà débordées, jonglent avec des situations intenables.

Pourquoi ces investissements comptent vraiment pour les enfants

On pourrait croire que moderniser des bâtiments, c’est accessoire. En réalité, c’est essentiel.
Un lieu d’accueil rénové peut offrir :

  • un espace où un enfant peut s’isoler quand il en a besoin ;
  • des conditions de visite dignes pour maintenir le lien avec les parents ;
  • des équipes qui peuvent travailler dans de meilleures conditions au lieu de gérer l’urgence permanente.

Une avancée majeure, mais un système qui demande bien plus

550 millions, c’est déjà une belle promesse pour restructurer l’Aide Sociale à l’Enfance, mais cela ne constitue pas une fin en soi.

Le système a encore besoin de revaloriser le métier d’assistant familial, de réduire les inégalités énormes entre départements, de renforcer la prévention pour éviter certains placements ou encore de stabiliser les équipes pour que les enfants ne voient pas leurs repères changer tous les six mois.

Le chantier est titanesque, le plan d’investissement reconnaît enfin ce que les acteurs répètent depuis longtemps : on ne peut pas protéger les enfants sans moyens solides.


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