Des jouets encore plus dangereux que l’an dernier
Chaque année, Toy Industries of Europe (TIE) met les jouets en vente sur les grandes marketplaces à l’épreuve. Et chaque année, on espère que les résultats vont s’améliorer.
Spoiler : c’est tout l’inverse. Sur les 70 jouets achetés anonymement cette année sur AliExpress, Amazon Marketplace, CDiscount, Fruugo, Joom, Shein et Temu, 96 % sont non conformes aux normes européennes. Et 86 % présentent un danger réel pour les enfants.
Ce qui inquiète particulièrement les auteurs du rapport, c’est que des jouets déjà signalés l’an dernier continuent d’être vendus, parfois par les mêmes vendeurs tiers, souvent basés hors Union européenne. Ils sont difficiles à tracer, changent facilement d’identité commerciale, et profitent de l’immensité des marketplaces pour réapparaître sous d’autres noms.
Pour les familles, c’est d’autant plus piégeux que ces jouets sont ultra attractifs : petits prix, livraisons rapides, apparences soignées. Tout pour ressembler à de “bonnes affaires”.
Des risques très concrets pour les enfants
Les défauts relevés ne relèvent pas du simple manque de solidité. Ils posent des risques graves et immédiats pour les enfants. Les tests montrent par exemple :
- des petites pièces qui se détachent facilement, pouvant être ingérées ou inhalées ;
- des compartiments à piles qui s’ouvrent sans outil, donnant accès à des piles bouton au lithium, extrêmement dangereuses si elles sont avalées ;
- des matériaux qui chauffent anormalement ou menacent de prendre feu ;
- des niveaux sonores dangereux pour l’audition des tout-petits ;
- des substances toxiques à des taux parfois vertigineux, notamment du formaldéhyde ou des perturbateurs endocriniens.
Une enquête de l’UFC-Que Choisir confirme ce constat : elle a relevé dans certains jouets jusqu’à 164 mg/kg de formaldéhyde, soit plus de cinq fois la limite autorisée. Et dans d’autres, des métaux lourds comme le cadmium, qui n’a rien à faire entre les mains, ni dans la bouche, d’un enfant.
Pourquoi ces produits continuent d’inonder le marché ?
Sur le papier, l’Union européenne a l’une des réglementations les plus strictes au monde concernant les jouets. Dans la pratique, des vendeurs tiers installés hors UE passent entre les mailles du filet. Les marketplaces ont des obligations renforcées depuis le Digital Services Act (DSA), mais leur réaction ressemble encore trop souvent à un « merci pour votre signalement, contactez le service client ».
Certaines plateformes réagissent lorsqu’un rapport officiel leur est transmis, retirent des références, voire lancent un rappel. Mais la réalité est moins rassurante : des produits similaires réapparaissent aussitôt sous un autre nom, chez un autre vendeur bariolé, avec toujours les mêmes risques.
La Fédération Française des Industries Jouets Puéricultures (FFJP) pousse désormais pour que les marketplaces soient rendues juridiquement responsables des produits vendus chez elles. En clair : si elles deviennent responsables, elles devront vraiment contrôler.
Comment acheter en ligne sans paniquer ?
On ne le répétera jamais assez : les parents ne sont pas responsables d’une réglementation qui ne suit pas le rythme des marketplaces. Acheter en ligne n’a rien de coupable, surtout quand les prix des jouets en magasin explosent.
Mais quelques repères peuvent aider :
- Vérifier la présence d’un vrai marquage CE (le vrai logo, pas sa version douteuse).
- Favoriser les vendeurs basés en Europe ou les produits vendus et expédiés directement par la plateforme.
- Se méfier des jouets très complexes vendus à des prix ridiculement bas.
- Regarder les avis, mais avec un œil critique : beaucoup sont artificiels.
Et surtout, suivre son instinct : si un jouet semble trop beau (et trop bon marché) pour être vrai… c’est généralement le cas.
En attendant, les fêtes approchent, les listes au Père Noël s’allongent et les promos clignotent. On ne vous dira pas d’abandonner les achats en ligne, ni de vous méfier de chaque jouet. Simplement d’acheter avec un peu plus de vigilance que d’habitude. Parce qu’un cadeau qui met en danger un enfant n’est pas un vrai cadeau, même à 3 €. La bonne nouvelle : en gardant quelques réflexes en tête, on peut naviguer dans tout ça sans perdre la magie.
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