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On était à la marche de nuit en non-mixité, on vous raconte // Source : Gabrielle Trottmann
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« Je suis là pour me battre pour les autres » : on était à la marche de nuit en non-mixité, on vous raconte

La nuit du 6 mars, plusieurs centaines de manifestantes féministes, trans et LGBT+ ont défilé en non-mixité dans les rues de Paris, entre la place de l’Opéra et l’Hôtel de Ville. L’avant-goût d’une semaine riche en mobilisations, entre le mouvement contre la réforme des retraites, le 8 mars et l’appel à la grève féministe.

Loulou, 32 ans, est l’une des organisatrices de la marche. Depuis septembre dernier, elle manifeste avec l’Assemblée générale féministe Paris-Banlieue et tisse des liens avec d’autres groupes féministes, en plus de son travail d’accompagnante d’élèves en situation de handicap. Comme nous, elle avait l’impression que le 8 mars était un peu en train de se faire récupérer par des gens qui veulent nous vendre des trucs. Alors, elle est très heureuse de participer à cette marche en non-mixité, qu’elle considère « un peu plus radicale et politique. » 

Appel à la grève féministe du travail salarial et domestique

Elle nous explique : « On marche aussi contre la loi Darmanin et contre la réforme des retraites. On appelle à la grève féministe du travail salarial et domestique. » Et ce, jusqu’à la fin des violences sexistes et sexuelles, la retraite digne pour tous et toutes, l’accès universel à un logement décent et la régularisation de tous les sans-papiers : « Si on s’arrête, c’est le monde qui s’arrête. On veut revaloriser le travail des femmes et mieux répartir les charges. On lutte aussi contre le mal logement et le racisme systémique. »

Elle se souvient très bien de la première manif’ féministe qui l’a faite vibrer, en 2019. Quand elle en parle, ses yeux se mettent à briller : « On était plusieurs milliers, c’était un vrai moment de sororité. Depuis, je me sens plus forte et plus vivante. Je ne me laisse plus faire, j’ose beaucoup plus m’écouter, envoyer chier des mecs, m’habiller comme je veux… »

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Les Dégommeuses, une équipe de foot majoritairement composée de lesbiennes et de personnes trans, se battent contre toutes les discriminations. Crédit : Gabrielle Trottmann

Pour sa copine Anouck, cette marche, c’est aussi l’occasion de « reconquérir l’espace public, pour des personnes qui sont généralement invisibilisées : les femmes, les LGBT+. On a toutes connu la peur de rentrer chez nous le soir et d’être agressées… »

« Les personnes qui sont là ce soir ont très peu d’espaces safe. Alors ce soir, on est ensemble, on fait corps. »

« On est là pour faire des vagues, être déter’ avant la grève féministe et défendre les personnes précaires et racisées », témoigne Cha. Attaquante de l’équipe de foot Les Dégommeuses, majoritairement composée de lesbiennes et de personnes trans, avec pour objectif de lutter contre toutes les discriminations, elle renchérit : « Les personnes qui sont là ce soir ont très peu d’espaces safe. Alors ce soir, on est ensemble, on fait corps. »

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L’Assemblée-générale féministe Paris-Banlieue prend la parole. Crédit : Gabrielle Trottmann

Pendant ce temps, sur les marches de l’Opéra, les prises de paroles commencent. Le collectif des mères isolées a fait le calcul : « Pour nous, la retraite à 60, 62 ou 64 ans, ça n’existe pas, nous partons à 67 ans au mieux […] Nous sommes moins payées, plus précaires, moins souvent propriétaires et nos carrières sont hachées. Nous refusons d’être sacrifiées sur l’autel du capitalisme. Nous demandons la retraite au bout de 37,5 annuités de cotisations. »

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L’association Abya Yala défend un féminisme décolonial. Crédit : Gabrielle Trottmann

L’association féministe Abya Yala – c’est comme ça que le peuple des Kunas nommaient la terre de leurs ancêtres, l’actuel Panama – dénonce les féminicides. Au cas où vous n’auriez pas suivi ce macabre décompte, en France, depuis le début de l’année, 29 femmes ont été tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint

Adèle Haenel appelle à « mettre le feu »

L’association Mamama, qui vient en aide aux mères isolées d’Île-de-France, rappelle qu’elle est menacée d’expulsion, à Saint-Denis, tout comme le squat anarcho-féministe de La Baudrière, à Montreuil. Un collectif antiraciste dénonce les violences policières. Un autre, iranien, rappelle les manifestations qui ont lieu depuis la mort de Jina Mahsa Amini après une interpellation de la police. Et Adèle Haenel a toujours autant de charisme quand elle appelle à soutenir le mouvement et à « mettre le feu »

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En bleu, les Rosies se lancent dans leur Flashmob. Crédit : Gabrielle Tottmann

Après un flashmob enflammé des Rosies (mouvement féministe pluriel qui organise des initiatives créatives pour rendre visible la question des droits des femmes dans les mouvements sociaux), les manifestantes s’élancent rue du 4 septembre.  Dans la foule, Anna, 28 ans, trouve que la marche de nuit, « c’est moins récupéré que le 8 mars, plus intersectionnel. Et puis, la non-mixité, ça permet aussi d’éviter les Bertrand, qui sont bien gentils d’avoir fait le ménage la dernière fois ! »

En vrai, on ne leur veut pas tellement de mal, aux Bertrand, ce n’est juste pas leur moment. C’est plutôt celui d’entonner un grand :

 -A-ha anti ! Antipatriarcat !

Ou alors : 

-So-So-Solidarité ! Avec les femmes, du monde entier ! 

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Crédit : Gabrielle Trottmann

Leyma, 11 ans : « Je suis là pour me battre pour les autres »

Dans la foule, c’est la fiesta. On a mal aux fessiers juste en regardant certaines se déhancher non loin du centre des Finances publiques sur du reggaeton, mais on trouve ça super. 

Certaines manifestantes sont venues en famille. C’est le cas de Jessica, qui en a plus que marre : « Marre d’être en colère, marre de ne pas être écoutées, marre de devoir encore manifester, cela fait beaucoup trop longtemps ! Ce soir, on se fait entendre ! »

Sa fille de 11 ans, Leyma, est déjà une habituée des manifs : « Je suis là pour me battre pour les autres. Dans la foule, on peut crier, dire ce qu’on pense et on peut même danser ! Il ne faut pas avoir peur de venir. » 

Quelques Batucadas (genre musical avec des percussions traditionnelles du Brésil dont les formules rythmiques en font un sous-genre de la samba) plus tard, on est déjà arrivées devant l’Hôtel de Ville. Les organisatrices appellent à une minute de silence, avant de remettre ça mercredi 8 mars.

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