L’écart de salaire mensuel net moyen entre les hommes et les femmes est de 19%
Pour faire court, on résume souvent les inégalités salariales à un seul nombre : celui de 19%. Il correspond à l’écart mensuel moyen entre les salaires nets des hommes et celui des femmes, toutes catégories socio-professionnelles, âges, conditions d’emploi (temps plein, temps partiel…) et secteurs d’activité confondus, mesuré par l’INSEE.
Bref, chaque mois, les femmes qui travaillent gagnent en moyenne 19% de moins que les hommes qui travaillent.
Maintenant, si on remet à plat les différents critères, à conditions égales, 10% d’écart en défaveur des femmes persistent encore. Alors que, me direz-vous, la discrimination selon le genre est illégale, et certaines entreprises ont pourtant des grilles de salaire à l’embauche, en fonction des études. Mais ça n’aide pas forcément à faire avancer le schmillblick. La vraie question est : pourquoi ces inégalités persistent ?
Les femmes n’accèdent pas aux mêmes postes
Les femmes font souvent face à de multiples difficultés dans le monde du travail. En premier lieu, elles sont plus nombreuses à occuper des emplois précaires ou à mi-temps : 80% des emplois précaires sont occupés par des femmes, selon un rapport publié par le Ministère des Droits des femmes.
Même lorsqu’elles sont sur les mêmes carrières que les hommes, elles se heurtent aussi au fameux « plafond de verre », terme qui désigne l’impossibilité d’accéder à des fonctions plus élevées dans la hiérarchie pour une raison « invisible » (comprenez, parce que vous n’êtes pas un Gérard : un homme blanc hétérosexuel) ou pour le reformuler, à cause d’une discrimination complètement illégale aux termes de l’article L1132-1 du code du travail.
Les femmes seraient moins disponibles pour leur travail
Mais elles ne sont pas discriminées qu’une fois bien installées dans leurs postes. Elles sont déjà discriminées à l’embauche. Pour une raison assumée avec une grande désinvolture par une partie de la société, à savoir que « les femmes seraient moins disponibles pour leur travail ». Présomption que chacun•e est en droit d’avoir… mais qui devient une action illégale si elle est mise en pratique dans un processus de recrutement, par exemple.
Techniquement, les femmes disposent de moins de temps dans la journée que les hommes lorsqu’elles vivent en ménage. C’est encore pire quand elles ont des enfants. En cause, la répartition des tâches domestiques (courses, enfants, ménage etc.), qui incombent encore majoritairement aux femmes, toujours selon l’INSEE.
Étonnant comme le temps domestique en plus et le temps au travail en moins pour les femmes coïncident…
D’autres raisons, plus insidieuses, sont aussi à prendre en compte. La société considère, en général, que les femmes qui ont des enfants (oui, ça a une incidence sur l’écart salarial… je vous laisse deviner si c’est en mieux ou en pire) les font passer en priorité sur leur investissement professionnel. Ce qui amène certains managers à les « oublier » pendant les périodes de promotion…
Le syndrome de l’imposteur ne vous veut pas du bien
Histoire d’en rajouter une couche, les êtres humains peuvent aussi se faire troller par leur propre cerveau, en particulier les femmes
, par le biais du fameux syndrome de l’imposteur.
Le syndrome de l’imposteur est le fait de ne pas se sentir légitime dans sa fonction, dans un poste proposé, de penser ne pas avoir les compétences requises, et de croire qu’un jour où l’autre on sera « démasqué•e ».
Il affecte principalement les femmes (éducation genrée bonjour, et merci hein !), qui ont donc tendance à sous-évaluer leurs propres compétences. Ce qui fait qu’elles osent moins souvent demander (ou réclamer) une promotion, une augmentation ou une valorisation quelle qu’elle soit.
Mais elles négocient également moins leur salaire à l’embauche, et s’en tirent donc à moins bon compte. Ce qui explique en partie l’écart de salaire de 10% mentionné plus haut (« écart, toute choses égales par ailleurs, non expliqué », selon cette étude de la DARES pour le ministère du Travail.)
Nous avons donc entre nos mains une partie de la solution. Ceci étant dit, certains recruteurs ne seront pas forcément très réceptifs à une femme qui négocie, puisqu’ils n’y sont pas habitués, voire ne considèrent pas que c’est « normal » ! Le sexisme ordinaire est partout, et surtout dans les mentalités…
Ce qui signifie que même parmi les femmes qui s’engagent dans des négociations de salaire, certaines n’obtiennent pas les mêmes résultats que leurs homologues masculins, et viennent grossir les rangs des inégalités salariales, malgré leurs efforts.
Elles seront plus susceptibles de laisser passer d’autres formes de discrimination au sein même de l’entreprise
Personnellement, je reste convaincue que si vous êtes dans cette position, et dans la mesure du possible, mieux vaut éviter ces entreprises ouvertement ou « inconsciemment » sexistes, si vous pouvez vous le permettre. Car un peu comme l’arbre qui cache la forêt, elles seront plus susceptibles de laisser passer d’autres formes de discrimination au sein même de l’entreprise.
Vous pouvez également tenter de faire bouger cette culture d’entreprise depuis l’intérieur, le plus difficile étant souvent de passer outre le déni ambiant. Mais si le problème ne faiblit pas, rien ne vous empêche de mettre vos talents au service d’autres entreprises, qui en seront plus dignes !
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L’égalité, ce concept récent (malheureusement)
Récemment, j’ai eu un gros choc, lorsque j’ai réalisé que notre génération était la première à être composée de femmes née avec les mêmes droits que les hommes. Eh oui… c’est vraiment très récent, l’égalité des droits !
La dernière loi concernant les droits civils et politiques des femmes a été actée le 13 juillet 1983 (il s’agit de la loi Roudy), et a posé les premiers jalons de la parité, notamment avec la notion « à travail égal, salaire égal ».
L’égalité, la vraie, date de 2014 année de la Loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, qui permettait (entre autres choses, mais ce point est essentiel) aux pères d’avoir le même congé parental que les mères. Libérant ainsi un peu de la pression qui pesait sur les épaules des femmes.
Pour nous, donc, rien de plus évident que de pointer du doigt les inégalités et discriminations que les femmes subissent, nous avons été éduqués dans l’optique que l’égalité nous est due.
En revanche, pour les générations qui précèdent, il y a visiblement des points qui ne sont pas acquis, voire qui sont carrément niés ou rejetés.
En l’espace d’à peine un siècle, nous sommes donc passé•es de la Fâme, propriété de son mari/père/frère (barrer la mention inutile), à « free du frifri ». Et les privilégiés d’hier résistent, certains en s’accrochant à leurs avantages, au mépris de la moitié des êtres humains.
La société est une créature qui évolue lentement, et s’il n’est pas question d’attendre les bras ballants que les choses se tassent, il me paraît pour autant raisonnable d’espérer atteindre l’égalité professionnelle (et l’égalité tout court) un jour, si possible prochain.
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