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Règlement de comptes

Hanna, 1 800€ par mois : « Je sais que je vis largement au-dessus de mes moyens »

Combien gagnez-vous par mois ? Comment dépensez-vous cet argent ? Qui paye quoi dans votre couple ? Voici quelques-unes des questions auxquelles nous nous attaquons dans Règlement de comptes !

Si jamais vous souhaitez commenter cet article, rappelez-vous qu’une vraie personne est susceptible de vous lire, merci donc de faire preuve de bienveillance et d’éviter les jugements.

Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe par certains aspects ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur rapport à l’argent et de leur organisation financière en couple ou en solo. Aujourd’hui, c’est Hanna qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.

  • Prénom : Hanna
  • Âge : 32 ans
  • Métier : Prof de français (fonctionnaire) dans un collège de banlieue parisienne
  • Salaire net : 1 800€ par mois
  • Lieu de vie : Un appartement de 50m2 en colocation dans le 19e arrondissement de Paris

Les revenus d’Hanna

Après 6 ans d’études et un CAPES en poche, Hanna est prof de français dans un collège de banlieue parisienne. À ce poste qu’elle occupe depuis 6 ans, elle touche désormais un salaire qui s’élève à 1 800€ chaque mois, et sur lequel elle porte un regard ambivalent :

« Je suis partagée sur la question d’être bien payée ou non. J’ai un bien meilleur salaire que celui que gagnait mon père, ou que touche actuellement ma mère, mais je ne m’estime pas spécialement bien payée par rapport aux efforts que demande mon métier et à ma formation (6 ans d’études + CAPES).

En même temps, je sais que beaucoup de gens gagnent moins, en ayant moins de vacances que moi et de confort de vie… Je dirais que je suis dans la moyenne. »

Pour elle, le problème principal n’est pas tant la somme qu’elle touche que le coût de la vie :

« Il y a un gros décalage entre mon salaire et le coût de la vie à Paris. Pour les profs, les heures supplémentaires peuvent faire une vraie différence sur le salaire (de plusieurs centaines d’euros)… Mais cette année, je n’en ai pas : je suis donc constamment à découvert. »

Les dépenses d’Hanna

Parmi les dépenses les plus importantes d’Hanna, il y a son loyer : le trois pièces meublés dans lequel elle réside coûte 1 430€ chaque mois, qu’elle partage équitablement avec son coloc. Elle paie donc 715€ de loyer par mois, soit plus d’un tiers de son budget total. Un coût élevé qui s’accompagne d’une grande difficulté à se loger dans Paris intra-muros :

« Comme chacun sait, le marché du logement est catastrophique à Paris et on a pas d’autre choix que de tricher si on veut pouvoir se loger.

Avant de partir à l’étranger, je vivais dans un studio pas très cher – pour Paris – et que j’aimais beaucoup. Ma grande-sœur ayant beaucoup de mal à se loger vu sa situation professionnelle et personnelle (elle vit seule et touche le smic), je le lui ai « sous-loué » pendant mon année d’absence et aujourd’hui, je suis encore sur le bail mais c’est elle la locataire. Je sais que c’est illégal, mais comment faire autrement… Je lui loue un tout petit peu moins cher que ce qu’il me coûte réellement.

D’ailleurs, je vis aussi en sous-location : mon colocataire est seul sur le bail car le propriétaire a refusé de louer à une nouvelle personne lorsque son précédent coloc est parti, c’est donc à mon ami directement que je verse le loyer. »

Elle paie aussi 90€ par mois pour sa moitié des factures d’électricité, d’internet et des charges.

Côté courses, elle estime son budget à environ 200€ mensuels sans pouvoir être très précise sur le sujet :

« Je ne fais pas très attention, j’achète ce dont j’ai besoin au jour le jour, ce qui revient plus cher… »

Une semaine sur deux, elle partage avec une amie un panier de fruits et légumes d’AMAP pour 19,5 € toutes les quatre semaines.

« Mes frais bancaires sont exorbitants »

Chaque mois, ses frais fixes comprennent aussi des abonnements à Netflix et Spotify pour 14€, 22€ pour une assurance habitation qui concerne le logement qu’elle sous-loue à sa sœur et l’assurance de son ordinateur portable, et 37€ pour la moitié de son abonnement aux transports en commun qui ne lui est pas remboursée par son employeur.

Elle estime que ses frais bancaires de 17€ par mois sont exorbitants « Je me suis faite avoir par ma banquière avant mon départ à l’étranger, et je n’ai toujours pas pris le temps d’aller changer de contrat ».

Elle paie 55€ de mutuelle (la MGEN, comme la plupart des enseignants), et son prélèvement à la source est d’environ 90€ :

« Mon taux d’impôt est bas cette année car l’an dernier, je ne vivais pas en France. Tout a été recalculé sur le tard, normalement, je paie environ 150€ par mois »

RDC_Depenses_Hanna

« Je sors très souvent dans les bars et les restaurants »

À l’année, Hanna estime dépenser environ 100€ par mois en vêtements, de manière très variable : plusieurs mois peuvent passer sans qu’elle n’en achète du tout, avant de dépenser beaucoup d’un seul coup.

Elle compte aussi 120€ mensuels de rendez-vous chez le psychologue, pour deux séances par mois.

Les sorties et loisirs constituent le deuxième budget mensuel le plus important d’Hanna avec 400€ par mois. Elle compte dans cette somme un abonnement au cinéma à 20€, des billets de train lorsqu’elle part pendant les vacances scolaires, mais aussi et surtout les sorties :

« Je peux dire que toute ma vie sociale s’organise autour des bars et des restaurants — des restaurants pas très chers, comme l’échoppe vietnamienne du quartier par exemple — et ce depuis mon adolescence. Je sors plusieurs fois par semaine, je crois que c’est le cas de la plupart des personnes qui ont grandi à Paris ou bien y vivent depuis longtemps…

Même quand je suis à découvert, je ne dis pas non à un verre ou à un restau. »

Le rapport paradoxal à l’argent d’Hanna

À découvert régulièrement, Hanna se considère comme assez dépensière. Elle explique :

« J’ai un rapport assez paradoxal à l’argent parce que j’ai un mode de vie très hédoniste, alors qu’au fond, je suis toujours anxieuse à l’idée de manquer d’argent. Par exemple, je consulte mes comptes tous les jours, je passe du temps à élaborer des budgets dans ma tête pour tout et n’importe quoi…

Mais j’aime me faire plaisir, et j’ai toujours vu l’argent comme un moyen et non une fin. »

Un rapport complexe à ses comptes, qu’elle lie entre autres à son milieu social :

« Mes parents n’ont jamais eu d’argent (ma mère a toujours eu un mini salaire et touche des aides sociales, mon père gagnait le smic), nous avons vécu dans un tout petit appartement mais nous n’avons jamais manqué de rien, car leurs familles respectives (plutôt aisées sur le plan financier) nous ont toujours aidé.

J’ai à la fois déjà vu ma mère s’effondrer en larmes car elle n’arrivait pas à payer ses factures, et dans le même temps, nous étions invités par la famille à passer des vacances dans des hôtels luxueux. Je me sentais entre deux mondes, et j’en ai tiré une certaine ambivalence sur le rapport à l’argent…

On m’a éduquée en me rabâchant le classique « travaille bien à l’école pour ne manquer de rien », mais je sais bien que je vis largement au-dessus de mes moyens. »

Et si Hanna aime se faire plaisir, elle essaie de gérer ses envies avec raison :

« J’essaie de réduire mes dépenses taxi et de ne pas me faire livrer de nourriture. C’est un poste de dépense inutile et qui a pu parfois vraiment peser dans mon budget (il y a deux ou trois ans, je m’étais rendue compte que je pouvais dépenser près de 150 euros en taxi par mois…). Désormais, quand je sors, je rentre le plus possible en métro ou à vélo.

Je me considère comme un panier-percé mais pour autant, je crois que je gère quand même plutôt bien ma vie. J’ai la chance d’avoir souvent des bons plans, notamment pour les vacances : il m’arrive fréquemment de passer des vacances dans les maisons secondaires de parents d’amis, de squatter chez les uns, chez les autres… »

Ainsi, elle s’achète rarement d’objets ou de vêtements chers, mais garde son budget pour dépenser son argent en voyage : son dernier craquage, par exemple, est un voyage en Asie du Sud pour aller voir une amie, pendant les vacances d’hiver.

« Mon mode de vie fait que je suis à découvert tous les mois, mais j’essaie de ne pas aller au-delà de 200 euros de découvert. Ce mois-ci par exemple, je suis à découvert de 250 euros et ça me stresse pas mal, sans pour autant que j’arrête de sortir… »

«Je ne mets pas de côté, je n’y arrive pas »

Avec ce mode de vie qu’elle qualifie d’hédoniste, Hanna ne peut pas, pour le moment, mettre d’argent de côté :

« Je n’économise pas, je n’y arrive pas. Parfois, en début de mois je mets 100 ou 200€ sur mon livret A, mais je récupère toujours cet argent en milieu de mois. Cependant, grâce à une année où j’ai enseigné dans un lycée français à l’étranger et où j’étais très bien payée (environ 400€ par mois), j’ai pu mettre de côté en un an une énorme somme : 10 000 €. Je suis rentrée en France il y a moins d’un an et j’essaie au maximum de ne pas y toucher, mais c’est difficile. J’ai déjà grignoté 2000€ en 8 mois. »

Ces économies n’ont pas encore de but précis, et elle explique avoir du mal à se projeter :

« J’ai toujours eu beaucoup de mal à me projeter. Je ne cherche pas à acheter de voiture (je n’ai pas mon permis) ni d’appartement…
Même si je commence à y penser de plus en plus. Ça me trotte dans la tête mais les démarches à lancer me semblent insurmontables et je sais que mon mode de vie actuel ne le permet pas. D’ici quelques années, je toucherais une part d’héritage de la vente de l’appartement de mes grands-parents et peut-être que je pourrais l’envisager plus sérieusement à ce moment-là. »

Merci à Hanna d’avoir répondu à nos questions !

Participez à Règlement de comptes !

Pour participer à la rubrique, envoyez-nous un mail en vous présentant rapidement à l’adresse [email protected].

Nous vous répondrons avec un questionnaire pour en savoir plus sur votre profil !

Crédit photo : Duncan Adler / Unsplash


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Les Commentaires

20
Avatar de Alzire
11 août 2024 à 22h08
Alzire
@Théa-Lou Les salaires des enseignants avec peu d'ancienneté ont été augmentés depuis 2022 (avant on débutait autour de 1400 euros...), je pense que c'est pour ça.
1
Voir les 20 commentaires

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