Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Anaïs qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Anaïs
- Âge : 31 ans
- Profession : technicienne de laboratoire
- Salaire net avant prélèvement à la source : 5 707 chf (6 119 €)
- Salaire net après prélèvement à la source : 4 260 chf (4 567 €)
- Personnes (ou animaux) vivant sous le même toit : son conjoint, son chien et ses deux cochons d’Inde
- Lieu de vie : une petite ville dans le pays de Gex (Ain)
La situation et les revenus d’Anaïs
Anaïs, 31 ans, a quitté il y a un an avec son compagnon la banlieue parisienne pour s’installer en province, dans le pays de Gex (Ain), à quelques kilomètres de la frontière suisse.
« Mon conjoint a trouvé une mutation dans une collectivité publique et moi j’ai demandé une disponibilité. Nous habitons maintenant cette région magnifique du Jura, bordée par lacs et montagnes. »
Depuis, elle passe cinq fois par semaine la frontière pour aller travailler en Suisse, où elle exerce le métier de technicienne de laboratoire pour une université à Genève en CDI.
« Ce n’était pas tout à fait ma vocation de travailler en laboratoire mais je m’en satisfais. J’aimerais bien changer un jour car il y a de nombreuses contraintes de travail, notamment le fait de travailler de manière confinée avec des gestes très répétitifs, mais étant donné que je viens tout juste de changer, ce n’est pas d’actualité. »
En couple depuis 10 ans, Anaïs et son compagnon sont locataires depuis décembre 2022 d’un logement de fonction, « une maison de ville avec un loyer de seulement 300 €, qui est est une véritable aubaine dans cette région où les prix sont explosifs pour quelques mètres carrés à cause de la proximité avec nos voisins suisses ».
Il s’agit d’une maison « tout à fait charmante » de 70 m2 qui comprend un rez-de-chaussée, deux étages, des combles et une petite cour extérieure.
Pour son job de technicienne de laboratoire, Anaïs touche un salaire net de 4 260 chf, soit 4 567 € (1 € = 1,07 chf à l’heure où nous écrivons l’article). Son compagnon, pour sa part, touche un salaire mensuel net de 1 850 €. À ces revenus s’ajoutent 200 € d’astreintes de travail par mois, et 80 € de tickets restaurant. Soit un revenu mensuel moyen de 6 417 € pour le couple.
« On peut dire que nous avons sacrément gagné en qualité de vie depuis que j’ai quitté mon job où j’étais payée 1 700 € net. J’ai quasiment triplé mes revenus grâce à ma condition de frontalière.
Je suis tout à fait consciente de la chance que j’ai eu en ces temps compliqués pour de nombreux foyers… Nos revenus nous permettent de vivre confortablement, nous savons que nous ne sommes pas à plaindre. Mais je n’oublie pas d’où je viens, d’un milieu modeste, donc je veux toujours à ne pas non plus jeter l’argent par les fenêtres. »
Le rapport à l’argent d’Anaïs et son organisation financière
Anaïs est issue d’une « famille de la classe ouvrière », au sein de laquelle l’argent « n’a jamais coulé à flot », sans pour autant être un sujet tabou.
« On ne partait jamais en vacances en famille, ma mère s’est tout de même serré la ceinture pour nous envoyer quelques fois en colonie de vacances. »
De son enfance où chaque sou comptait, Anaïs a conservé un rapport à l’argent « raisonné » mais en a aussi tiré une leçon : « il est important de se faire plaisir quand c’est possible ».
Économe, elle veille aujourd’hui à « ne pas dépenser l’argent qu’elle n’a pas » et n’est jamais à découvert.
Côté organisation financière, la jeune femme et son conjoint disposent chacun de leur compte personnel, mais sont « solidaires l’un envers l’autre ». Ainsi, c’est son conjoint qui prend à sa charge « par simplicité » toutes les dépenses liées au foyer (loyer, charges, crédit voiture, eau, assurances, abonnement internet…) car l’appartement est à son nom. « Il prend aussi les petites dépenses comme les courses et l’essence de la voiture. »
Anaïs, qui gagne bien mieux sa vie, se charge d’honorer les dépenses plus importantes, comme les grosses courses, les factures vétérinaires et règle aussi toutes les « sorties inopinées d’argent » comme le crédit de la voiture, les vacances, l’ameublement…
« Je ne fais aucun virement à mon conjoint, ça a été convenu entre nous. Toute la partie dépenses liées au foyer que je lui dois, je l’épargne sur mes comptes car mon homme est un panier percé. C’est lui qui m’en a fait la demande, s’il a besoin d’argent pour des dépenses personnelles ou un projet commun je lui fournis les sommes nécessaires. C’est un mode de fonctionnement basé sur la confiance, on en a pleinement conscience. »
Les dépenses d’Anaïs
Pour le logement de fonction qu’ils occupent, Anaïs et son conjoint payent un loyer mensuel de 300 € – pris entièrement en charge par le compagnon d’Anaïs.
C’est aussi lui qui règle les factures courantes : 200 € d’électricité, 35 € d’eau, 35 € au titre des déchets ménagers.
S’il s’acquitte aussi de la facture d’internet (30 € par mois), Anaïs règle en revanche les divers abonnements auxquels ils ont souscrit : 39 € pour Canal+, 32,99 € chacun pour leur abonnement téléphonique, 24 € pour Adobe Photoshop, 10 € pour Netflix et 13 € pour Disney+.
Autres dépenses que le compagnon d’Anaïs assume seul : le remboursement du crédit voiture (200 € par mois), et les assurances (170 € pour la voiture et la maison ; 50 € de mutuelle). Anaïs paye en revanche son assurance santé suisse à 163 € par mois.
Les frais de transports sont divisés par deux par le couple : 80 € d’abonnement au réseau de transports en commun et de covoiturage, 80 € d’essence.
Anaïs paye 16 € de frais bancaires, son compagnon 22 €.
« J’ai la dépense facile quand il s’agit de nos animaux »
Chaque mois, pour se nourrir, le couple dépense 400 €, principalement au drive pour « gagner du temps ». « Et aussi pour éviter les achats inutiles », explique Anaïs, qui se rend aussi sur le marché le week-end pour compléter.
C’est Anaïs qui règle les frais liés aux animaux du couple : un chien et deux cochons d’Inde. Ces dépenses sont estimées à 120 € par mois.
« J’avoue avoir la dépense facilement quand il s’agit de mes animaux, toujours un nouveau jouet ou une friandise à leur offrir.
Mon dernier craquage, c’est notre chienne que nous sommes allés chercher chez un éleveur, j’en rêvais depuis toujours. Elle nous a coûté 1 600 €, sans compter les frais d’équipement et vétérinaire… Et tout ce qu’elle nous a détruit à la maison. »
Concernant ses dépenses dites « féminines », Anaïs les évalue à environ 115 € par mois. Cela comprend 15 € d’achat de protections périodiques et 100 € d’extensions de cils.
« Je fais pas mal de soins de beauté moi même, donc je ne vais pas souvent en institut.
Vis à vis de mon activité professionnelle, je ne me maquille que très rarement, je préfère investir dans les extensions de cils et le maquillage semi permanent (600 € tous les deux à trois ans). Je me fais de temps en temps les ongles (environ 50 € tous les trois mois).
Je vais peut-être deux fois dans l’année faire un soin en institut et je ne dois pas dépenser plus de 50 € par an de maquillage. »
Elle n’a pas non plus de budget pour la contraception car elle n’en prend actuellement aucune.
Les dépenses loisirs d’Anaïs
Pour Anaïs, avoir des activités variées est très important. Fan de cosplay, elle n’hésite pas y mettre le prix : environ 600 € de budget annuel. « J’essaie de ne pas dépasser. »
Elle est aussi fan de photographie, tout comme son copain, ce qui alimente une activité de scrapbooking.
Anaïs est aussi inscrite dans une salle de sport (52 € par mois l’abonnement), achète des livres d’occasion et aime aller au restaurant (100 € par mois environ) au cinéma une à deux fois par semaine (20 € mensuels). Soit une dépense totale d’environ 170 € par mois.
« J’aime essayer de temps en temps des activités plus originales comme du chien de traîneau, une balade à cheval, un laser game ou tout simplement faire des promenades en forêt avec notre chienne, des piques niques au lac.
Sinon notre plus gros poste de dépense reste les voyages, je n’ai pas beaucoup voyagé petite donc c’est très important pour moi de voir du pays, on essaye de faire plusieurs week-ends dans l’année, deux semaines l’été et de temps un temps un gros séjour à l’étranger. »
Côté vêtements, elle n’est pas très dépensière :
« Nous ne faisons pas beaucoup de shopping, comme nous avons des tenues fournies par le travail et j’achète souvent des vêtements de seconde main pour raison d’écologie et d’économies. »
L’épargne d’Anaïs et ses projets d’avenir
Chaque mois, le couple réussit à épargner une somme conséquente : 2 300 €, « voire plus certains mois ».
« C’est mon côté écureuil, j’en garde toujours ‘au cas où’. On ne sait jamais, il peut y avoir une machine à laver à remplacer, le crédit de la voiture à finaliser, des cadeaux pour les anniversaires… Ou tout simplement l’envie de se concocter un beau séjour à l’étranger ou de m’offrir du matériel photo. »
Sur le long terme, la trentenaire aimerait investir dans l’immobilier, même si elle a conscience que les prix dans sa région restent « explosifs ».
En attendant de pouvoir concrétiser cette envie, elle profite du calme de sa région.
« On fait en sorte de rester soudés et heureux. On va continuer à sillonner les forêts et montagnes de la région. Et je veux voyager, c’est mon péché mignon. »
Merci à Anaïs de nous avoir ouvert ses comptes !
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