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Règlement de comptes

Francesca, 2 185 € par mois : « Mon objectif est de gagner 3 000 € net par mois à 30 ans »

Vivre dans une des villes les plus chères de France pèse-t-il sur son budget quotidien ? Comment gère-t-on ses dépenses quand on est angoissée vis-à-vis de l’argent ? Voici quelques-unes des questions auxquelles nous nous attaquons cette semaine dans Règlement de comptes.
  • Prénom : Francesca
  • Âge : 26 ans
  • Profession : Cheffe de projet en agence de com’
  • Salaire brut : 2 850 € 
  • Salaire net après prélèvement à la source :  2 185 € 
  • Personnes (ou animaux) qui vivent sous le même toit : personne
  • Lieu de vie : Une ville des Hauts-de-Seine (92)

La situation et les revenus de Francesca

Francesca est employée en CDI dans une grande agence de communication en tant que cheffe de projet. 

« Mon travail me plaît mais c’est souvent stressant car il faut mettre d’accord plusieurs parties prenantes et les requêtes clients peuvent être d’un jour pour le suivant. »

Pour son job, Francesca reçoit un salaire confortable : 2 850 € brut. Une fois les impôts sur le revenu payés, la jeune femme dispose de 2 185 € net par mois

« Au début de ma carrière, ça a été difficile de trouver un travail étant femme étrangère, jeune sans expérience et avec une formation pas super prestigieuse. Mais j’ai travaillé dur, j’ai acquis des compétences recherchées et je me suis passionnée pour le secteur. J’ai décroché en octobre le poste que j’occupe actuellement. »

RDC_FRANCESCA_SALAIRE

Toutefois, par rapport à ses années d’études, ses qualifications et ses responsabilités, elle ne s’estime « pas assez payée »

« Mon objectif est de gagner 3 000 € net par mois à 30 ans mais je ne sais pas si je vais y arriver, surtout là où je suis car il me semble que les agences (ou a minima la grosse agence où je travaille) payent moins bien que les entreprises.  Mais pour l’instant, j’ai choisi cette route pour me spécialiser dans l’espoir d’avoir un travail bien payé après. 

Je me sens pauvre et chaque mois, j’ai l’impression d’avoir trop dépensé quand en vrai, j’arrive à épargner en moyenne 500 €, sauf les mois de grosses dépenses comme les voyages. Rationnellement, je sais que je suis plus payée que la plupart des gens de mon âge. Cependant autour de moi au travail, j’ai beaucoup de collègues qui gagnent plus et qui occupent de positions prestigieuses à un âge relativement précoce. »

Francesca est locataire d’un appartement de 30m2 dans une ville de banlieue de l’Ouest parisien, « l’une des villes les plus chères de France »

« Le loyer est cher pour ce que c’est, mais c’est très bien relié à mon travail. Pour la région parisienne, où on peut voyager chaque jour une heure ou plus pour se rendre au bureau, habiter à 12 minutes de métro de son travail est un vrai luxe ! »

En couple, elle vit une relation à distance avec son copain, qui réside actuellement en Lorraine. Cela la contraint à dépenser beaucoup d’argent pour prendre le train. « Il vient une fois par mois, j’y vais une fois ou deux par mois. En profitant du télétravail, heureusement, je peux rester chez lui du jeudi soir au lundi soir. »

Son conjoint, actuellement en reconversion professionnelle, est à la recherche d’un emploi. 

« Ce n’est pas simple car il n’aime pas Paris et estime que mon studio est trop petit pour nous deux. En ce moment, je choisis de privilégier ma carrière jusqu’à ce qu’il ait une situation plus stable. On pourra alors emménager tous les deux, peut-être au Canada. L’avantage de mon secteur, c’est qu’il recrute partout. »

Le rapport à l’argent de Francesca et son organisation financière

Francesca a grandi dans une famille au sein de laquelle elle n’a jamais manqué de rien. Ses parents, eux, ont grandi dans des conditions moins aisées qu’elle. « Ils n’ont pas pu faire d’étude, et tout ce que l’on a eu, c’était grâce à leurs emplois. Raison pour laquelle le travail est une valeur très importante dans notre famille. »

De fait, Francesca avoue avoir un rapport « stressé et angoissé » à l’argent. Jamais à découvert, elle vérifie quotidiennement son compte bancaire. 

« J’ai peur de trop dépenser, mais en même temps, j’ai plein de petits plaisirs auxquels je n’arrive pas à renoncer. Plus j’épargne, plus je suis heureuse. »

Même si elle ne réside pas dans la même ville que son copain, ils essayent de partager équitablement les dépenses : 50/50, ou plutôt 60/40 comme il est actuellement sans emploi.  

« Cependant, sa famille a un niveau de vie plus élevé que la mienne. Il est habitué à manger dehors et à commander Deliveroo ou Ubereats plus souvent. Il ne renonce pas à ses plaisirs quitte à être à découvert ou à laisser très peu sur son compte. Ça me fait peur, pour quand on habitera ensemble. Je suis sûre qu’il ne sera pas prêt à faire de compromis. »

Les dépenses de Francesca

Pour son studio à Neuilly-sur-Seine, Francesca débourse chaque mois un loyer de 815 €. C’est le poste de dépenses fixes qui pèse le plus lourd sur son budget. Parmi les autres factures courantes de Francesca, on trouve 24 € d’électricité, 16 € d’abonnement internet, 12 € de forfait téléphonique

Elle ne règle que 10 € par mois pour ses assurances. « Mon employeur prend en charge 90 € de ma mutuelle, du coup je ne paye que 5 €. Et j’ai aussi choisi une assurance habitation à 5 € aussi. »

La vingtenaire a récemment souscrit à un abonnement Netflix (13 € par mois) et ne règle que 2 € de frais bancaires

Concernant ses frais de transports, ils sont aussi peu élevés : 35 €, puisque l’employeur de Francesca lui en rembourse la moitié, comme c’est souvent l’usage. 

Du côté des dépenses dites « féminines », Francesca est loin de faire des folies. La jeune femme les évalue à 20 € par mois environ. Cela comprend sa pilule 4e génération qui n’est que partiellement remboursée par sa mutuelle, une crème pour le visage en parapharmacie et une crème dépilatoire, qu’elle n’achète pas tous les mois. 

« Je ne suis pas obsédée par les poils, je m’épile l’été pour m’habiller léger, mais l’hiver je n’en sens pas le besoin. Je n’achète plus de protections hygiéniques, j’utilise des culottes menstruelles et je les conseille à tout le monde car elles sont moins polluantes, plus confortables et plus rentables dans la durée. » 

RDC_FRANCESCA_DÉPENSES

« Les vêtements, ça n’est pas prioritaire pour moi »

Francesca évalue son budget alimentaire à environ 300 € par mois, frais de cantine d’entreprise inclus. 

« Je paye autour de 5 € par repas au restau d’entreprise pour trois jours de présence par semaine. Ça reste cher pour ce que ça vaut mais c’est un moment pour socialiser avec les collègues et pour varier mon alimentation. »

Pour le reste, Francesca fait ses courses chez Monoprix et Picard, « plus beaux et plus propres qu’un discount, mais aussi très chers »

« J’ai du mal à acheter au marché même si je voudrais le privilégier car je ne sais pas exactement les prix des aliments et j’ai peur de dépasser mon budget ou de devoir demander aux commerçants de laisser tomber mon achat car trop cher… »

De manière générale, la cheffe de projet aimerait diminuer ce poste de dépenses, qu’elle considère comme trop élevé. « Je suis passionnée de thé et de café, j’en consomme pour 30 € par mois. »

Elle compense cependant en dépensant peu pour s’habiller : 10 € par mois environ, principalement dans les friperies et occasionnellement chez Primark. 

« J’achète très peu de vêtements neufs pour des raisons écologiques et body conscious. Je fais une taille 40, mais la société me fait ressentir que 40, c’est gros. Les vêtements, ça n’est pas prioritaire pour moi. J’attends les soldes pour me faire plaisir avec une paire de chaussures. »

Les loisirs de Francesca

La plus grosse partie du budget loisirs de Francesca est consacré aux voyages : pour aller voir ses parents en Italie au moins deux fois par an, et pour un voyage à l’étranger, comme le Maroc ou la Jordanie. Les allers-retours SNCF pour aller voir son copain sont aussi onéreux : en moyenne 180 € par mois

« J’aimerais mieux m’organiser pour payer moins cher, mais s’organiser très à l’avance risque de coûter presque plus cher à cause des imprévus. De plus, les horaires moins chers ne sont pas compatibles avec le travail. »

Pour le reste, Francesca dépense son argent dans les musées, le vinyles, les accessoires pour la maison. « Je ne suis pas sportive, cela n’aide pas pour la ligne, mais ça fait du bien au budget ! »

Le dernier craquage de la jeune femme est l’achat de places pour 2 jours d’un festival de musique rock en Angleterre en août. « J’y ai dépensé tout l’argent reçu à Noël, mais ça fait des années que je veux y aller. »

L’épargne et les projets d’avenir de Francesca

Chaque mois, Francesca parvient à épargner environ 400 € : 300 € sur son livret A et 100 € sur son assurance vie, partagée à 50-50 entre les titres euros et les titres immobiliers un peu plus risqués. Si elle a encore de l’épargne disponible (environ 200 €), elle la laisse sur son compte courant pour ses dépenses immédiates et des petits plaisirs. 

À terme, la jeune femme aimerait évoluer dans son agence pour obtenir un meilleur poste et donc un meilleur salaire. 

« J’ai en tête une roadmap sur combien d’argent je devrais gagner à 30, à 35 ans et quelles positions je devrais occuper dans un an, trois ans, cinq ans… Cependant, je ne veux pas tout sacrifier pour atteindre mes objectifs financiers car je trouve que la famille et les relations améliorent la vie, quel que soit le salaire que l’on gagne. »

Merci à Francesca d’avoir épluché son budget pour nous !

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Les Commentaires

75
Avatar de Aesma
16 juin 2023 à 17h06
Aesma
C'est assez relou de voir les gens se la ramener à base de "on aime pas les riches".
Personne n'a dit que la Madz qui témoigne gagnait trop d'argent et devrait être payée le smic, par contre le fait de se sentir pauvre à presque 3k€brut et le mépris de classe induit par les supermarchés discount qui ne sont pas assez propres oui ça fait bondir.
Sur le smic justement beaucoup ont réagi aux messages de @GabyMoose pour dire qu'elle était mal payée et qu'elle devrait gagner + surtout en comparaison des conditions de travail décrites - perso c'est vraiment ce qui m'a fait le + bondir :
• interdiction des pauses
• taux horaire indiqué sur la fiche de poste à 37h mais qui est attendue à minimum (!!) 42 à 45h
• travail le WE + la nuit
• partir à 18h45 parce qu'on ne peut pas rester + faute de transport (et ça emmerde la boite qu'on parte aussi "tôt"
• reproches lorsqu'un collègue prend sa soirée (?!!) pour s'occuper de sa santé (!!)
• patron qui bosse depuis son lieu de vacances ou ne voit quasiment pas ses enfants (et donc ne s'en occupe pas)
Même des petites phrases qui semblent là pour "rattraper le coup" me glacent : "on ne travaillait pas systématiquement pendant la pause du midi"
Je précise que ce n'est absolument pas la Madz que je critique mais bien les conditions de travail susmentionnées qui sont proprement indécentes et correspondent à de l'exploitation pure et simple et bien évidemment ce système capitaliste de merde qui valorise le fait de littéralement se tuer au travail pour gratter des miettes de salaire sans avoir l'opportunité de vivre un minimum pour soi. Tout cela mène irrémédiablement à des burn-out.
@Roomi Parce que la vraie pauvreté il n'y en a pas en France ? Une famille monoparentale qui gagne un smic et vit dans un taudis voire dans la rue dans ce pays est moins à plaindre qu'une famille gagnant 1€/jour au Sénégal ? On est vraiment là pour niveler par le bas ? Il y a + de 300 000 SDF en France dont une certaine proportion de personnes qui ont pourtant un emploi (!) mais vivent dans leur voiture, dans des hôtels quand iels en ont les moyens ou chez des marchands de sommeil (ce qui paradoxalement coûte encore + cher !)
On parlait de crise de l'immobilier, non seulement ça coûte la peau du cul de se loger quand on a pas hérité d'un petit pécule ou qu'on ne vit pas chez papa-maman qui ont acheté leur pavillon de banlieue à l'époque où c'était facile mais en prime aucun bailleur ne souhaite louer à une personne pauvre qui ne peut pas justifier d'un CDI, de garant·es etc. Du coup y a des immondes crevards qui proposent des trous à rats insalubres pour des montants mirobolants parce qu'il vaut mieux avec un toit sur la tête que risquer de se faire agresser en vivant dans la rue (75% des femmes SDF ont déjà été violées)
Perso je gagne moins du smic et je ne m'estime pas bien rémunérée pour mon taf, et parallèlement je m'estime privilégiée car je rembourse un crédit immo pour mon appart (parce que en couple + aide de nos familles). J'ai du mal à me considérer comme proprio sachant qu'on est endetté·es jusqu'en 2043 et que le notaire nous a dit qu'en cas d'incendie la banque serait remboursée en priorité par l'assurance (que l'on paye) car l'appart lui appartient + qu'à nous Mais on sait aussi que nos échéances ne dépasseront pas ce qui a été convenu avec la banque (contrairement aux loyers qui ne cessent d'augmenter) et que cet investissement nous permettra d'être + à l'abri quand on ne sera plus en état de travailler (vu que la retraite est un conquis social en voie de disparition)
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