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Culture

Dans le monde du foot pro, « l’homophobie est la norme »

Les résultats d’une étude du Paris Football Gay réalisée sur près de 250 joueurs pro et en centre de formation : à l’image de son pays, le monde du football pro français est homophobe.

Ça sonnerait presque comme un cliché, une généralité grossière qui cantonnerait les footeux dans des rôles de mâles-d’un-autre-temps-effrayés-par-l’homosexualité, mais c’est pourtant une réalité mise en lumière par cette étude réalisée par le Paris Football Gay.

L’enquête démarre par un constat : en France, le football est devenu un miroir de la société actuelle, de la liesse et du black-blanc-beur de 1998 aux « racailles » de 2010 après la grève en Afrique du Sud. « Sociologiquement, le football est un objet majeur », donc forcément, l’homophobie latente dans son milieu ne serait qu’un reflet des débats houleux autour du mariage pour tous depuis 6 mois.

L’homophobie, « dernier tabou majeur dans le football »

Si l’UEFA et la FIFA se sont positionnées contre le racisme et les discriminations, l’enquête souligne que

« l’homosexualité est perçue comme le dernier tabou majeur dans le football, notamment dans le football professionnel. Anton Hysén, jeune footballeur suédois, est le seul joueur à avoir révélé son homosexualité et à être toujours en activité. Le coming out d’Anton Hysén est une première en Suède, et quasiment au monde. Aucun autre joueur professionnel de foot n’a fait un coming out, à part l’Anglais Justin Fashanu, en 1990. Malheureusement, le joueur mit fin à ses jours après de nombreuses réactions négatives dans son entourage sportif, et des rumeurs d’agressions sexuelles. »

Et l’étude de poursuivre :

« Officiellement, il n’y a donc « presque pas » de footballeurs gays, le sous entendu étant que les gays ne souhaitent pas jouer au foot et donc qu’il n’y a pas d’actes homophobes ! Jean-Pierre Escalette ancien président de la Fédération Française de Football (FFF) a refusé de signer la Charte contre l’homophobie proposée par le PFG. Ceci illustre parfaitement le constat suivant : « On n’a pratiquement jamais de cas qui se présente pour qu’on aille signer une charte en attirant l’attention sur quelque chose qui n’est pas heureusement répandu ». Et d’ajouter : « on fait plus de tort que de bien en essayant de trop en parler. Pour l’instant pas question de lancer des choses et de créer des problèmes là où il n’y en a pas »

La loi de l’omerta, donc, qui se répercute également au niveau scientifique, puisque cette étude est « la première à l’échelle nationale à s’intéresser directement aux joueurs de foot professionnels et à proposer une évaluation de l’homophobie. »

Une étude passionnante et surtout, une première

121 joueurs pro et 123 jeunes en centre de formation, répartis dans 13 clubs, y ont répondu. Certes, elle est loin d’être exhaustive (27,5% de taux de réponse sur les deux ligues pro), mais elle annonce que 41% des joueurs pro « expriment des opinions hostiles à l’homosexualité », un pourcentage qui monte à 50% chez les jeunes en centre de formation – comme quoi, ce n’est pas vraiment une question d’ouverture d’esprit chez les plus jeunes.

41%, un chiffre qui contraste fondamentalement avec les 8% chez les sportifs tous sports confondus.

Alors qu’aux USA, le premier basketteur de la NBA encore en activité a fait son coming-out cette semaine, l’étude révèle que 63% seraient surpris si un coéquipier révélait son homosexualité (73% chez les jeunes en centre de formation). Le cliché de la savonnette a, lui, encore de beaux jours devant lui : 55% des jeunes déclarent « avoir peur de se doucher avec lui » et 22% « préférent qu’il change d’équipe ».

Néanmoins, selon Anthony Mette, psychologue du sport responsable de l’enquête, assure que le tableau n’est pas si noir qu’il en a l’air :

« Il faudrait distinguer les opinions envers l’homosexualité en général et « ce que je pense » de mon coéquipier homosexuel. Une majorité de joueurs serait ainsi ouverte à l’idée de jouer avec un partenaire gay. »,

avant de conclure :

« Le travail qui a été mené envers le racisme et la symbolique des équipes « Black, Blanc, Beur », peut-il se retrouver dans le cadre complémentaire de la diversité sexuelle. Refuser ce travail serait renforcer inévitablement l’avancée du sport communautariste. Investiguer le champ de l’homophobie et des discriminations revient donc à choisir le sport de demain, celui du sport pour tous, celui du sport vecteur d’intégration, ou bien celui du sport « entre-nous ».

L’enquête complète est disponible ci-dessous :

via 20minutes.fr

 


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

11
Avatar de Joon
2 mai 2013 à 13h05
Joon
Je me demande si ça n'est pas lié à la vie en communauté entre hommes en centre de formation, dans les vestiaires (donc ce serait la même chose dans tous les sports de haut niveau ou à l'armée).

Je m'explique : sont-ils réellement homophobes ou ont-ils une crainte/gêne d'avoir quelqu'un de potentiellement attiré sexuellement par eux.
Evidemment les homos ne sont pas plus obsédés que les hétéros, donc auraient-ils les mêmes réactions si une femme partageait leur intimité?

J'ai une amie très proche lesbienne et transgenre (elle est née femme mais ne se sent pas femme ni totalement homme, elle a fait une mamectomie et bientot une hystérectiomie mais n'ira je pense pas plus loin), et bien elle ne se sent à l'aise dans aucun vestiaire, ni celui des femmes ni dans celui des hommes. Et je connais pas mal d'homos mal à l'aise dans les vestiaires.
A la base quand ces lieux ne sont pas mixtes c'est pour se retrouver entre personnes ayant le même sexe donc se sentir moins gêné de montrer son corps, ou pour éviter toute tension sexuelle en supposant que tous le monde est hétéro?
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