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Culture

« Folles de joie », l’humanité terrassante de la folie

Mélissa a vu Folles de joie, et a été conquise par cette comédie dans laquelle Valeria Bruni Tedeschi excelle !

Je suis allée voir Folles de joie parce que j’avais beaucoup aimé le précédent film de son réalisateur, Les Opportunistes, et qu’il a recasté Valeria Bruni Tedeschi qui y était excellente.

Dans Folles de joie, elle incarne à nouveau une bourgeoise, mais cette fois dans un contexte bien différent : celui d’une maison psychiatrique pour femmes. Elle joue Beatrice, diagnostiquée bipolaire qui a été internée à la suite d’une agression et de soucis judiciaires. Euphorique voire hystérique, elle n’a de cesse d’essayer de sortir et de réaffirmer sa position sociale.

Quand Donatella, fragile et renfermée, arrive, elle se prend d’affection pour elle et s’en rapproche à coups de « love bombing », l’entraînant dans sa quête de liberté et son évasion de leur asile.

Laissez-moi vous dire que Folles de joie a été une excellente surprise : cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un film aussi drôle, aussi bien orchestré tout en étant aussi touchant !

À lire aussi : « Alaska », une histoire d’amour épique à ne pas rater au cinéma

Un duo féminin parfaitement incarné en quête de liberté

Paolo Virzi nous livre un road-trip italien à la Thelma & Louise, film auquel il fait des références explicites. Folles de joie est l’histoire d’une belle amitié entre deux personnes à priori diamétralement opposées que leur solitude commune rassemble.

Prisonnières de leur propre cage, elles vont s’aider à aller mieux

La première est pour le moins intense, irresponsable mythomane en permanence euphorique qui suit toutes ses pulsions, et peut être sacrément tyrannique ; la seconde lutte contre la dépression, expliquant qu’elle est « née triste », renfermée dans sa fragilité. Toutes les deux sont prisonnières de leur propre cage, toutes les deux sont profondément seules. Ensemble elles vont s’aider à aller mieux, à enfin avancer.

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Cette évasion va les confronter aux causes de leur internement, leur permettant de mener à bout ce qu’elles poursuivaient, chacune libérant l’autre de ses fardeaux, en quelque sorte

Si elles sont ainsi folles de joie, c’est grâce à la force salvatrice de leur amitié.

Beatrice et Donatella peuvent sembler clichées au premier abord, mais leurs deux personnages sont développés avec subtilité, échappant à la caricature ou la facilité malgré des trames dont on peut avoir l’habitude.

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Un film féministe ?

Le seul bémol concerne leurs relations amoureuses, ainsi que celle suggérée de Fiamma, leur responsable dans la maison psychiatrique. Les trois femmes principales sont mises dans des positions de victimes, démontrant de la force partout sauf en amour, sorte d’angle mort de la lucidité. Les trois ont été, sont et/ou seront ainsi sous le joug de relations toxiques auxquelles elles semblent complètement soumises.

Si pour les deux personnages principaux cela apparait comme une dénonciation féministe de nombreux rapports hommes/femmes dans une société patriarcale sexiste, ayant pour conséquence leur mauvaise santé mentale, cela m’a dérangée pour le personnage de Fiamma qui fait figure de repère stable et sain, de protection. Attention, sautez les deux prochains paragraphes si vous ne voulez pas être spoilé•e !

À lire aussi : La différence d’âge dans les couples, ou le sexisme à Hollywood illustré

On voit plusieurs fois le supérieur de Fiamma lui envoyer des signaux à la limite du harcèlement sexuel – même si le doute est permis. Elle n’a clairement pas l’air intéressée, jusqu’au plan final où il profite de ce qu’elle serre sa patiente dans ses bras pour venir l’embrasser dans la nuque par derrière, sans que Fiamma ne se dégage ni ne proteste. C’est montré d’une façon romantique, dans un plan qui a l’air de vouloir être beau et touchant.

Mais après avoir noté comment le directeur la regardait lourdement, lui faisait des avances qui n’avaient pas l’air réciproques, le voir arriver par derrière à ce moment amène à se demander si elle est bien consentante – et du coup si les relations toxiques ou en l’occurence pas clairement saines sont dénoncées ou montrées comme romantiques. Je regrette donc juste que la dénonciation n’ait pas été plus explicite — sans que cela n’entache pour autant vraiment le film.

Tout est en effet extrêmement bien joué et se défend – Valeria Bruni Tedeschi est particulièrement formidable, et son duo avec Micaela Ramazzotti très touchant.

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L’aventure de la folie dans son délire et son émotion

Folles de joie dépeint une vraie aventure, provoquant des rencontres, des confrontations, des courses et embuscades. Et c’est très très drôle, par l’extraversion du personnage de Beatrice et ses humeurs, les comiques de situations… C’est juste savoureux et transgressif, comme une ode à la folie et sa liberté, affranchie des limites de la société.

La folie est également le média d’une réflexion sociale discrète mais présente, le film explorant du bas de l’échelle sociale au luxe, posant la question de l’encadrement des maladies psychiques et des structures de soin.

En conclusion

Folles de joie fait tomber les frontières convenues entre la folie et la santé mentale, nous fait comprendre la folie et la rend belle. Le film est une invitation à la remise en question des règles et jugements sociaux, dépeignant comment la folie permet d’échapper à la réalité, en permettant de l’appréhender différemment.

C’est un film plein de sensibilité et de tendresse, qui réussit à être aussi délirant que bouleversant – à voir en salles depuis ce mercredi 7 juin !


Les Commentaires

3
Avatar de Xylo
11 juin 2016 à 17h06
Xylo
Je n'ai pas lu tout l'article pour ne pas me spoiler car ce film me donne drôlement envie... Aurait-on enfin droit à un film avec des malades psys qui inspirent des sentiments autre que la méfiance et la peur? Ce serait tellement, mais tellement bien uppyeyes:
Déso pas déso, monde du cinéma et autres industries plus ou moins culturelles, mais les fous dangereux ça commence à bien faire! Changez de disque ^^
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