La Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés d’une louche d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
Chère Daronne,
j’ai un fille en primaire, un fils au collège et je dois te faire un aveu : je DÉTESTE participer à leur vie scolaire.
Déjà je me sens en décalage avec les autres parents, je n’ai pas le profil ni les goûts de la mère traditionnelle. Et puis je n’aime pas les ragots, les luttes de pouvoir, la compétition entre enfants, ça ne m’intéresse pas et je n’ai pas du tout envie d’y être mêlée. Quand il faut aller les voir jouer ou aider, je trouve des excuses pour me défiler ou alors je ne parle à personne.
Mais mes enfants commencent à me le reprocher. J’ai beau essayer de leur expliquer que je ne serais jamais comme les autres parents, ils voudraient que je fournisse des efforts. Ça me gonfle. Help !
Maud
La réponse de la Daronne
Mon petit boudoir,
Ah ! La mère impliquée à l’école, qui ragote à tir larigot avec ses copines, qui tyrannise les co-organisatrices de la kermesse de l’école, qui flirte avec le professeur principal pour gonfler le bulletin scolaire de son marmot un peu lent, qui se tape le jardinier et… Désolée, j’arrive à cours de cliché.
Clairement, dans la pop culture, la mère de famille investie dans les activités extra-scolaires n’a pas le beau rôle et est décrite au mieux comme une harpie opportuniste, au pire comme une paumée qui n’a que ses enfants auxquels se raccrocher dans le désert morose qu’est sa vie, car ainsi va la vie des mères, n’est-ce pas ? Nulle, vide et uniquement centrée sur une progéniture ingrate. Je comprends que tu n’aies pas envie d’être mêlée à ça.
Mais finalement, quand tu parles de ça, sais-tu vraiment de quoi tu parles ou participes-tu malgré toi à la perpétration de stéréotypes sexistes visant à décrédibiliser (encore une fois) une catégorie entière de femmes ? La vie extra-scolaire de ses enfants n’est pas un bloc monolithique, et il y a mille et une choses à faire pour y participer sans perdre sa santé mentale ni renier sa personnalité et ses aspirations profondes. Promis.
Des fois dans la vie, il faut se forcer un peu
À mon avis, dans certaines situations, c’est bien de se forcer un peu. (Pas dans tous les domaines, messieurs si vous détournez ma phrase pour justifier vos entorses au consentement, sachez que je vous conchie.)
L’existence est pavée de conventions sociales super reloues qui nous forcent à nous extirper de notre zone de confort alors que, franchement, si on s’écoutait, on se baladerait à poil dans la rue, on ignorerait le voisin qui pue du bec lorsqu’il nous salue et on dirait enfin à son beau-père que la prochaine fois qu’il s’avise de nous servir son gratin de brocolis, on lui jette notre part à la tronche.
La vie nous oblige à faire tout un tas de trucs dont on n’a pas envie et ça va dans les deux sens puisque quand on ne nous dit pas bonjour, qu’on refuse de nous rendre un menu service de voisinage ou qu’on critique ouvertement notre enfant, on est aussi les premiers à râler. Donc tu vois, les conventions sociales ça fait plaisir à tout le monde.
Tu vas penser que je digresse, et tu pourrais avoir raison, car c’est bien mon genre. Mais pour une fois non. Je vois cette nécessité de s’impliquer un minimum dans les activités / événements scolaires comme une convention sociale. On ne peut pas se soustraire totalement de la vie publique de son enfant. HEY MAIS LES HOMMES LE FONT BIEN EUX ! Oui, et ça fait partie des raisons pour lesquels on les déteste.
C’est dur, mais c’est comme ça, avoir des gamins scolarisés, c’est aussi devoir respecter certaines règles tacites plus ou moins reloues et devoir régulièrement se confronter à des parents à qui on n’a parfois rien à dire, pour le bien de sa progéniture.
Les parents ne sont pas un groupe homogène
Je vais t’avouer que je suis toujours un peu surprise quand une mère clame sa différence vis-à-vis des autres mères. Je te l’accorde, certains individus cultivent plus volontiers leur excentricité que d’autres, mais globalement nous sommes tous différents. Il faut impérativement arrêter de voir tous les parents comme un groupe homogène qui partagerait un seul et même cerveau et la personnalité nulle et chiante comme la pluie qui va avec.
Tout le monde détonne à sa manière et surtout, TOUT LE MONDE se demande ce qu’il fout là, entouré de ces grandes personnes qui ont l’air si sûres d’elles. La daronne qui s’est autoproclamée organisatrice de la soirée de Noël, moi, je te parie qu’elle compense comme elle peu un syndrome de l’imposteur de la taille du cosmos.
Une fois que tu as intégré ça, tu devrais être en mesure de comprendre que personne n’attend de toi que tu te coules dans ce moule fantasmé du « parent parfait » et que par ailleurs ce parent n’existe pas puisque si tous ces adultes font bonne figure à l’école, crois-moi, quand les masques tombent en privé, c’est la grosse déglingue.
Personne ne te demande de participer à TOUS les événements, d’accompagner TOUTES les sorties, d’héberger TOUS les playdates, de cuisiner TOUS les gâteaux et ni même de taper la discute à tout bout de champs. Certains vont avoir envie de participer au maximum, grand bien leur fasse, on manque de moyens, on a besoin de ces personnes-là.
Mais les autres peuvent choisir les domaines qui leur plaisent. Tu aimes bien cuisiner ou écrire, mais les interactions sociales t’épuisent (Coucou, moi aussi) ? Tu peux pâtisser un gâteau que d’autres parents se chargeront de vendre, ou de rédiger des articles pour le blog de l’école. C’est déjà très bien et tes fils ne pourront plus te reprocher de ne pas suffisamment t’impliquer.
Il y a tellement de façons différentes de s’investir qu’il en existe forcément qui vont te convenir. Et surtout te prouver que tu peux être toi-même puisque CROIS-MOI, en approchant un peu plus ces parents que tu sembles aujourd’hui juger un brin, tu vas te rendre compte que beaucoup sont comme toi.
Allez, je te laisse, je dois aller voir mon ainé jouer au foot alors qu’il pleut et qu’il joue comme un pied.
La bisette
Ta daronne
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Image en une : © Unsplash/Christopher Ryan
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Les Commentaires
S'impliquer dans la vie de l'école peut se faire de plein de façons différentes en fonction de son temps libre. Je pense que chacun.e a sa place et peut être source de bonnes idées.
Je vois surtout là la peur de mal faire, de ne pas être à la hauteur des autres parents. Alors que j'ai déjà été en sorti scolaire avec d'autres parents et on se demandait ce qu'on faisait là