Le marketing est un truc formidable qui consiste à faire passer des vessies pour des lanternes, de la souffrance pour du confort et des moments de suicide narcissique pour le summum du glamour. Mais si.
Le masque au concombre – ou à la fraise ou à la boue des Alpes
C’est le grand classique. Sous prétexte de retrouver une carnation de bébé de huit mois, on se plâtre le visage façon maçonnerie, et plus les produits sont dégueu, plus on a l’impression qu’ils sont efficaces (soit dit en passant, ça marche aussi avec les médicaments : à efficacité égale, les patients guérissent plus vite si leur sirop a un goût immonde… salut, effet Placebo). J’adresse ici une pensée spéciale aux masques à l’argile qui forment une croûte digne des aliens de Roswell. Et dois-je vraiment parler peeling et patchs anti-points noirs ? Non, hein ?
Le maquillage
Hé si. Entre la bouche en cul-de-poule pour s’appliquer le rouge à lèvres et le fait de se tirer sur les yeux pour appliquer décemment l’eyeliner, il faut admettre que si les salles de bain ferment à clef, ce n’est pas seulement pour faire pipi tranquille.
Le démaquillage
A en croire les maniaques de la beauté, oublier son démaquillage est l’équivalent du crime contre l’humanité et ta peau va te traîner au tribunal pénal international. Une fois encore, merci aux salles de bain de fermer à clef afin que restent tapies dans l’ombre ces scènes dignes de Scream 26 : yeux de panda, rouge à lèvres baveux, zone T huileuse, cils qui font de la résistance. Vous avez vu la couleur des cotons après le démaquillage ? Personnellement, je songe à en faire une guirlande anti-mecs pour quand je veux éviter les plans drague.
L’épilation
On n’a toujours rien trouvé de mieux que de se coller des bandes dépilatoires un peu partout, et systématiquement quand le facteur vient apporter un colis. A l’arrachage, le mélange de cire inégalement appliquée et de poils martyrisés pourrait servir à terroriser des enfants, si vraiment on était méchantes. Ne parlons pas de l’épilation des sourcils et de ses charmantes marques rouges qui tapent l’incruste pendant une heure. Et de la phase de repousse. Et des poils incarnés. Et des boutons. Non, vraiment, l’épilation n’a de « moment beauté » que le nom… et moi clairement, ces mots me restent en travers de la gorge.
Le sport
La dernière fois que j’ai transpiré dans un club de fitness doit remonter à deux ans mais jamais, oh non jamais, mon cerveau meurtri n’oubliera à quoi je ressemble en jogging dégueu, avec des auréoles de transpiration sur le t-shirt et un visage couleur grand cru de Bordeaux. Sauf pour les accros des sports uniquement féminins, notons que le moment d’ultime lose est systématiquement atteint exactement quand un homme balistique vient compléter sa tablette de chocolat en te souriant (tu voudrais te couvrir le visage avec ton t-shirt mais tu as tellement transpiré que tu ne supporterais pas ta propre odeur, pas de bol).
Face à une telle persistance dans le concept de beauté acquise par la laideur, force est d’avouer que FORCEMENT ça cache quelque chose. Voici ma théorie du complot : on est effectivement plus belles après avoir « pris soin de nous »… mais 90% de cette beauté tient du contraste avec la situation précédente. On a forcément une belle peau EN COMPARAISON avec un moment Roswell. On a forcément un joli teint APRÈS avoir tourné écarlate sur un tapis de course. On se sent forcément mieux JUSTE parce que la douleur de l’épilation est passée.C’est la raison pour laquelle le marketing va continuer, dans les années à venir, à nous entraîner dans un cauchemar sans fin de masques marron et d’expériences « plaisir » à base d’électrochocs. Notons enfin que c’est ce même effet de contraste qui nous fait trouver normal de mettre 15 euros dans un fard, sous prétexte qu’il est à 40 euros chez Chanel, alors que ça reste de la poussière pigmentée et point barre.
Le Grand Capital, décidément, c’est plus fort que toi.
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