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Julie Demont domine en talons hauts depuis son cerceau aérien pour Fantasma Circus Erotica // Source : Inès Pollon
Culture

Domination en talons hauts depuis son cerceau pour Fantasma Circus Erotica : rencontre avec Julie Demont, acrobate aérienne

Créé par Manon Savary et Marc Zaffuto comme un cabaret qui réunirait plein de fantasmes, le spectacle queer et féministe Fantasma Circus Erotica fait quelques dates début janvier 2024 avant de revenir plus longuement cet été, aux Folies Bergère. L’occasion d’échanger avec Julie Demont qui en électrise la scène, depuis son cerceau aérien. Interview.

C’est toute une galerie de fantasmes éclectiques et électrisants qui embrase la scène des Folies Bergères en cette première semaine du mois de janvier 2024. Pour bien démarrer l’année, le show queer et féministe Fantasma Circus Erotica du duo SAVARY & ZAFFUTO, est revenue aux Folies Bergère le temps de quelques dates en guise d’amuse-bouche avant de revenir cet été durant les Jeux Olympiques de Paris 2024. Créé en novembre 2022, le show réunit plusieurs artistes qui dansent, se contorsionnent, s’envolent au foulard, au cerceau, ou à la barre de pole dance et exsudent chacun·e à leur façon une sacrée dose de sex-appeal. Que ce soit la maîtresse de cérémonie Allanah Starr, David Pereira, Esther, François Sagat, Jean Biche, Julian Ardley, Laure Petrie, Mimi, Piche, Sema-Tawi, ou encore Stessy. Juste avant une représentation, Madmoizelle a eu le temps de poser quelques questions à Julie Demont. Celle-ci a démarré la GRS à l’âge de 5 ans avant de se tourner vers le cirque et de se former en acrobatie aérienne, contorsion, pole dance, et cerceau. Outre des années au Manko Cabaret où elle a rencontré le duo créatif Manon Savary et Marc Zaffuto, l’acrobate aérienne a performé pour le Jean Paul Gaultier Fashion Freak Show, le Cirque de Paname, le Cirque Électrique, ou encore le Cabaret de Poussière. Rencontre de haute voltige.

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Interview de Julie Demont, acrobate aérienne du Fantasma Circus Erotica

Comment t’es-tu retrouvée sur le Fantasma Circus Erotica ? Est-ce que Manon Savary et Marc Zaffuto ont eu du mal à te convaincre ? 

Ça fait très longtemps que je travaille avec Manon et Marc. Je travaillais avec eux au Manko Cabaret [NDLR : situé sur la prestigieuse avenue Montaigne, il attirait tout le milieu de la mode de 2016 à 2019]. C’est une belle relation d’amitié, de travail qui continue depuis longtemps, donc je n’ai pas été difficile à convaincre du tout. 

En quoi les costumes t’aident à mieux incarner tes performances ?

Je pense que c’est comme les acteurs. Pour moi, sans costumes ou maquillage, c’est très difficile pour moi de rentrer dans le personnage. Je ne porte pas grand chose, très honnêtement, je suis assez dénudée. Mais justement, c’est ça qui permet de transmettre la sensualité de tout ce show.

Tes vêtements ne t’entravent pas trop dans tes acrobaties aériennes ?

Alors là, techniquement, la tenue que je porte ne m’aide pas du tout à être libre de mes mouvements (rires). C’est plutôt le contraire ! Je me suis un peu mis des challenges, en tout cas sur mon numéro solo. J’ai un ensemble de sous vêtements en cuir d’une créatrice que j’adore, Fräulein Kink. Mais tout est découpé, donc ça rentre dans la peau quand je fais des contorsions. J’ai des talons fétiches de quinze centimètres qui ne sont pas vraiment praticables. Mais moi, ça me donne du challenge et je pense que c’est ça que les gens apprécient dans mon numéro solo. C’est ce côté où on sent que c’est un peu vertigineux, pas évident et en même temps que c’est fluide.

Comment abordes-tu ton maquillage ?

Au niveau du make up, ça a toujours été une autre de mes petites passions et je me considère un petit peu comme une drag queen. Je mets déjà énormément de makeup, mais plus ça va, et plus j’en rajoute ! Parfois, je me dis que je vais rester que sur les paupières, mais à chaque fois je finis par m’amuser jusqu’aux sourcils et au-delà, c’est pour ça que j’ai fini par les raser d’ailleurs. Sans, ça rend le maquillage beaucoup plus facile. J’ai imaginé ce maquillage comme le plus envoûtant possible, même de très loin, car on est aux Folies Bergère, qui est une très grande salle, donc il faut pouvoir capter le regard même à distance. Pour ça, les faux-cils gigantesques, ça aide (rires) !

À quoi ressemblent tes numéros ? Qui les a chorégraphiés ?

En premier lieu, je fais le tableau d’ouverture en petit lapin, ce qui est vraiment super fun à faire tous ensemble. C’est Mimi qui l’a chorégraphié. C’est une bonne manière de démarrer le spectacle. Ensuite, je fais mon numéro solo de cerceau aérien parce que c’est celui qui est un peu le plus périlleux et qui me demande beaucoup, beaucoup de concentration. C’est moi qui l’ai chorégraphié. Il tourne autour des fétiches du talon et de la domination. Plus tard, j’ai un super duo avec Mimi sur une voiture accidentée, on y fait des acrobaties aériennes en duo, et on l’a chorégraphié ensemble. Pour les réflexions musicales, on a collaboré tous ensemble, avec Manon Savary et Marc Zaffuto.

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Ton cerceau est-il un partenaire de danse à part entière ? Comment tu le choisis ?

Oui, c’est un peu mon meilleur ami depuis quelques années. C’est un peu mon alter ego. J’ai évolué un petit peu dans le choix des cerceaux au fil des années. J’ai commencé avec des cerceaux plutôt lourds au début, avec deux points d’accroche. Maintenant, j’ai un point d’accroche. Avant, j’avais du scotch en tissu par-dessus. Maintenant, je n’ai plus rien. C’est que du métal argenté. Dernièrement, j’ai voulu essayer d’en prendre un peu plus grand, mais j’ai pas du tout aimé. Maintenant, le mien est pas très lourd, assez petit par rapport à ma taille et et en métal. Evidemment, ça glisse si tu transpires, donc l’été ou quand tu es stréssée, il faut beaucoup s’essuyer les mains ! Mais on peut utiliser de la colophane [NDLR : substance récoltée à partir des arbres résineux comme le pin, utilisée notamment par les violonistes sur la mèche de leur archet pour tirer un meilleur son du frottements sur la corde de leur instrument] ou de la magnésie [NDLR : carbonate de magnésium utilisée comme anti-adhérent et pour absorber la sueur]. Mais le risque de glisser par inadvertance fait partie du frisson (rires).

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Comment décrirais-tu le show Fantasma Circus Erotica dans son ensemble ?

Je trouve que c’est un joli combo entre quelque chose de très esthétique, visuellement très intéressant. Des performances qui prônent de belles valeurs autour du sexe. La collaboration avec plein d’artistes différents qui sont plein·e·s de talents. Et le choix des musiques est super bien, aussi ! 

Justement, comment as-tu choisi la musique qui t’accompagne sur ton solo de cerceau aérien ?

On est parti sur un morceau de FKA twigs, « mary magdelene ». Cela fait longtemps que je veux l’utiliser pour un numéro de cerceau. Il n’est pas évident à travailler car il y a beaucoup, beaucoup de changements, de rythme, de nuances. C’est assez intense. Mais je pense que c’est ça qui fait que c’est intéressant. J’adore FKA twigs dans toute sa pluridisciplinarité, en tant que chanteuse mais aussi danseuse, y compris de pole dance.  Elle en a une approche très artistique et organique. Je suis très heureuse de pouvoir performer sur un de ses sons.

Dans quelle mesure Fantasma Circus Erotica est-il un spectacle féministe ? 

C’est un spectacle féministe parce que toutes les femmes qui sont représentées sur scène expriment leur personnalité, leur propre énergie. Elles défendent aussi le choix d’être dénudée ou non sur scène, d’être qui elles veulent représenter. C’est beaucoup de femmes fortes, chacune à leur façon, dans plusieurs formes de féminité ou non possible. C’est un spectacle engagé qui représentent plusieurs sexualités, expressions et identités de genre, encore trop souvent marginalisées. Présenter ça aux Folies Bergère, un espace relativement plus mainstream que la plupart des cabarets, c’est fort et important, même politique.

Comment tu te prépares au quotidien pour ce genre de spectacle ?

J’ai besoin de m’entraîner au moins un peu tous les jours. Le minimum, c’est 2h, mais l’idéal c’est plutôt 4h. J’ai un point d’accroche chez moi, mais ce n’est pas là où je m’entraîne le plus. Je vais plutôt dans une salle dédiée près de mon domicile, où je peux croiser des potes et on peut s’entraîner ensemble. J’adore l’énergie de troupe, vivre des choses fortes ensemble, c’est hyper motivant, entraînant, engageant. 

Quel est ton rapport à la nudité ?

C’est une des premières fois où je fais du cerceau aussi dénudée. J’ai vachement accepté mon corps à travers ce spectacle. Quand on fait du cerceau, on va parfois prendre des positions qui ne sont pas toujours esthétiques. Eh bien ça m’a aidé à en avoir un peu rien à foutre d’avoir des bouts de gras qui dépassent, quoi. Le corps est beau dans tous ses états, dans toutes ses formes qui font sa puissance. Et c’est ok d’être dénudé. Je dirai même que ça peut faire du bien de voir des gens nus !

Recommanderais-tu la pratique du cerceau à tout le monde ? Qu’est-ce que ça t’a apporté, personnellement ?

Ça m’a apporté beaucoup de liberté en termes de mouvement. C’est arrivé à un moment dans ma vie où, parce que j’avais fait beaucoup de sport de haut niveau au sol, ça m’a  apporté de la liberté par rapport à la gravité. Ne plus sentir le poids de mon corps, avoir l’impression de voler. Tout le monde peut s’y mettre à condition que ça vous procure du plaisir. Après, c’est vrai que les débuts sont durs et requièrent qu’on prenne de la force. Mais ça muscle, justement. Dans la douleur, certes, mais on s’habitue et on peut alors prendre de plus en plus de plaisir dans la pratique. 

Quelle relation entretiens-tu avec la douleur et le danger, qui font forcément partie d’une pratique comme le cerceau aérien ? 

Quand on fait du cirque généralement, on doit composer avec la douleur. Toutes les disciplines du cirque font mal, c’est un fait. Cette souffrance fait partie du métier, comme pour plein d’autres sports de haut niveau, d’ailleurs. Il faut un peu dépasser ses capacités physiques et au fur et à mesure, ça fait moins mal. Il faut s’habituer à ce rapport à la douleur. Après, est-ce qu’on finit par aimer ça ? Peut-être (rires) ! Ça vient avec l’habitude, de monter toujours plus haut, tourner toujours plus vite : plus on le fait, plus ça nous semble facile. Mais si on s’arrête trop longtemps, on se rend compte à nouveau d’à quel point ça peut paraître dangereux et le stress revient. Heureusement, je suis devenue accro à l’adrénaline que ça procure. C’est un vrai sentiment de bonheur quand on est suspendue à un cerceau.

Vous pouvez voir Julie Démont dans le cadre du spectacle « Fantasma Circus Erotica », les 3, 4, 5 & 6 Janvier 2024 à 20h00, aux Folies Bergère (32 rue Richer, 75009 Paris). Le spectacle reviendra cet été durant les Jeux Olympiques de Paris 2024.

Distribution : Allanah Starr, David Pereira, Esther, François Sagat, Jake DuPree, Jean-Biche, Julian Ardley, Julie Demont, Laure Petrie, Mimi, Piche, Sema-Tawi, Stessy. Une création SAVARY & ZAFFUTO. Création chorégraphique : MIMI. Création costumes : Angèle MICAUX. Création lumières : Pascal NOËL. Création vidéo : Clément DEZELUS. Production : La Neuvième Production.

Julie Démont performera également en février 2024 au Cirque électrique (10 place du Maquis du Vercors 75020 Paris).


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