Comment choisissez-vous vos livres ?
Est-ce que vous vous faites conseiller par votre libraire ? Est-ce que vous prêtez une attention au bouche-à-oreille autour de vous, ou vous suivez les parutions des éditeurs que vous aimez bien ?
Est-ce que vous lisez attentivement le résumé en quatrième de couverture ? Ou est-ce que vous vous laissez charmer par le visuel de couverture ?
Cet amoncellement de questions en introduction vient d’une interrogation : dans quelle mesure la couverture participe-t-elle au succès d’un livre ?
Pourquoi une bonne couverture de livre, c’est important
Éditer un livre, c’est vouloir le vendre, donc c’est réfléchir à ce qui va lui permettre de toucher le lecteur qu’il vise, et cela passe par la couverture.
Celle-ci permet d’informer sur le titre et l’auteur d’un ouvrage(service minimum de la couverture), puis sur son genre (science-fiction et polar n’ont pas les mêmes codes), son ambiance (plutôt l’angoisse ou plutôt le bonheur à tous les étages ?), et l’âge approximatif auquel il s’adresse (jeunesse, young adult, ou adulte ne sont pas conçus de façon similaire).
En un coup d’oeil sur les couvertures, il est possible de connaître tous les tenants et les aboutissants d’un livre, à condition que celles-ci soient réussies. Voici un petit travail pratique : qui est la cible de chacune de ces couvertures selon vous ?
Aujourd’hui, les possibilités pour faire de belles couvertures sont nombreuses. Illustrations, photos, graphisme pur, peinture, photos, hologrammes : le ciel est la limite et il faut presque le vouloir pour faire quelque chose de laid !
C’est beau
J’admets être immédiatement attirée par un livre si sa couverture me séduit, mais l’inverse est aussi vrai. Les couvertures de livre renvoient de nombreux signaux quant à l’ambiance du livre, ou du moins inspirent des émotions plus ou moins séduisantes.
Alors une photo en noir et blanc avec une femme qui pose de façon mélancolique va rapidement m’ennuyer et me faire fuir, tandis qu’un visuel plus graphique, pop, ou bien trouvé, va tout de suite me donner envie d’explorer son contenu.
Exemple, celui-là me donne bof envie, ça a l’air trop profond pour mes goûts personnels :
Alors que lui, je suis partante, car il a l’air de ne pas manquer d’humour et de folie :
Un autre cas intéressant est celui des éditions Zulma, qui optent pour des couvertures très graphiques et ont la capacité d’attirer immédiatement l’œil (ça donne envie non ?).
Et certaines couvertures très épurées peuvent avoir leur attrait. C’est le cas des romans des éditions La belle colère : le modèle est le même, mais le dynamisme de la typographie couplée à un titre qui claque, en plus de l’esprit impertinent revendiqué par la maison d’édition, tous ces éléments renvoient l’image d’un roman qui va laisser des traces dans les esprits :
Et en jeunesse alors, c’est le festival des merveilles. Par exemple, derrière ce chat, une couverture magnifique :
Certes, cela a quelque chose de superficiel : une couverture ne fait ni la qualité d’une écriture, ni celle d’une intrigue ou d’un rythme. Ne pas juger un livre sur sa couverture est une expression qui fait sens et ça serait dommage de passer à côté d’un bon livre pour la simple raison qu’il a une couverture ratée — ou simplement pas à notre goût.
Néanmoins, la recherche d’une couverture demeure importante dans le travail éditorial, puisque son choix doit refléter le texte. Le livre est, en plus d’une nourriture spirituelle, un objet bien matériel qui contient un art, celui de l’écriture : une belle fabrication, un joli papier, une couverture soignée, bref tout ce qui constitue l’écrin du texte participe à mettre en valeur la richesse de son contenu !
Je vous reparle très bientôt de Rat et les animaux moches, excellent exemple de fabrication qui sert le contenu du livre. Si tu cliques sur l’image, tu entendras une chronique que j’ai écrite pour France Inter.
De mon côté, j’’adore me lancer dans un livre en ayant lu uniquement sa couverture, et non le résumé, pour directement me plonger dans le roman et découvrir page par page ce qui va se passer.
Du marketing éditorial mais pas trop non plus
Être attiré·e par une couverture, est-ce être victime du marketing ? Il y a moyen.
Pour autant, le marketing poussé à son extrême n’est pas très efficace (un peu comme l’attaque trempette de Magicarpe).
Je pense ici à tous ces livres qui ont subi un relooking suite à leur adaptation sur grand écran.
Restreindre un livre à son adaptation cinématographique est quand même dommage, non seulement parce qu’il précède le film, et qu’il est une création en lui-même (une couverture de livre en guise d’affiche n’est peut-être pas très vendeuse je le concède) mais aussi parce qu’elle peut biaiser la représentation que l’on se fait de l’univers (Or le pouvoir de suggestion imaginaire joue beaucoup dans l’efficacité d’un livre).
Par rapport à cela, un grand merci aux éditions Gallimard jeunesse, qui n’ont jamais plaqué les affiches en couverture des livres Harry Potter au profit d’une recherche graphique plus intelligente (et plus accessible à un lectorat adulte).
À lire aussi : Comment réagir quand ton livre préféré a une adaptation pourrie ?
En 2016, la décision des éditions Rageot de moderniser les couvertures de la série Ellana pour la relancer n’avait pas du tout fait l’unanimité. Je vous laisse aller lire l’excellente analyse du blog Allez vous faire lire, qui avait soulevé avec pertinence que ces nouveaux visuels s’accordaient avec l’identité visuelle des dystopies contemporaines, mais renvoyaient aussi à la littérature érotique (et même aux histoires… de danse).
À lire aussi : « Harry Potter à l’école des sorciers » fête son anniversaire avec quatre éditions aux couleurs de chaque maison
Ne pas juger un livre sur sa couverture, ou le proverbe pris littéralement
Il est parfaitement possible de ne pas juger un livre par sa couverture pour se le procurer, et donc suivre le proverbe à la lettre.
L’initiative a quelques années, et je ne saurais lui attribuer une origine à quelqu’un en particulier. Mais la voilà : des libraires proposent de découvrir des livres en masquant complètement leur couverture. C’est appelé blind date, rencard aveugle – et c’est fort beau de rattacher la lecture à une relation amoureuse, ne trouvez-vous pas ?
Sur des couvertures neutres, c’est le genre du livre et quelques mots clés qui le caractérisent qui y sont inscrits, rien de plus rien de moins !
https://twitter.com/Brilliant_Ads/status/509806961836457984
C’est une sorte de pochette surprise littéraire !
La pratique s’est répandue, et un site anglais, Blind date with a book, propose même de commander un livre avec ce système de mots-clés.
En tout cas, ça suscite ma curiosité. Mais toi, serais-tu prêt·e à mettre quelques deniers dans un livre dont tu ne sais pas grand chose ?
Et toi, est-ce que la couverture du livre a de l’importance quand tu cherches une nouvelle lecture ? Qu’est-ce que tu regardes en premier quand tu as un nouveau livre entre les mains ? C’est quoi ta couverture de livre préférée de tous les temps ?
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Les Commentaires
En revanche, je l'ai lu il y a trop longtemps pour me souvenir clairement des personnages féminins (ou de leur absence)