Mise à jour du 11 avril 2018 —
Après plusieurs mois dans sa nouvelle vie, Ophélie est revenue à Paris et s’est lancée dans l’agriculture urbaine.
Elle a d’ailleurs sorti une vidéo pour définir ce concept dont on entend beaucoup parler ces derniers temps.
À lire aussi : Je suis spécialiste en agriculture urbaine et je vais reverdir nos villes
Mais hier, le 10 avril, la parisienne a partagé une vidéo pour apprendre à faire pousser des semis. Aperçu en vidéo :
N’hésite pas à aller checker son témoignage sur madmoiZelle juste ici et à rejoindre sa page Facebook, qu’elle vient tout juste d’ouvrir !
Le printemps est arrivé et pour le célébrer, madmoiZelle te propose une super box qui te poussera à mettre le nez dehors en toute décontraction : avec de quoi manger, de quoi faire des balades dans les bois sans égratignures, de la déco green et d’autres jolies surprises.
Alors n’attends plus, tu as encore jusque mercredi 11 avril pour la commander !
[cta lien="https://madmoizelle.myshopify.com/products/box-madmoizelle-fini-dhiberner"]COMMANDE TA BOX FINI D’HIBERNER[/cta]
— Article publié le 22 juin 2017.
Le 16 juin, je vous parlais d’Ophélie qui venait d’ouvrir sa chaîne YouTube, pour y raconter son changement radical de vie.
J’ai été intriguée et j’ai voulu creuser les raisons de ce bouleversement au cours d’une interview.
De Paris à la Sologne : un cheminement progressif
À ma première question concernant son histoire, Ophélie a fait une réponse que j’ai l’impression d’avoir entendu de très nombreuses fois :
« J’ai un parcours qui part un petit peu dans tous les sens. »
Mais lorsqu’elle dit ça, ce n’est pas pour faire semblant puisque pêle-mêle, elle a fait du théâtre, du cinéma, de la radio, elle a été pigiste, a co-fondé le magazine Retard, et dernièrement travaillait dans la communication.
« J’étais tout ce qu’on peut imaginer du cliché, la nana avec son « laptop » sous le bras qui parle de « hashtag » et de « social media » et de tous ces mots franglais. »
Alors, qu’est-ce qui l’a menée à quitter son appart et sa vie parisienne pour aller apprendre à faire pousser des légumes en Sologne ? Son cheminement vers l’écologie.
« Je me suis posé la question de pourquoi j’en étais arrivée à l’écologie et c’est vraiment la recherche d’autonomie. À Paris, si jamais on est coupé du monde, on a trois jours de survie alimentaire !
Par contre je fais une grosse distinction entre l’autonomie et l’autarcie : l’autonomie, je veux la transmettre ! C’est beaucoup de coopératif, d’associatif, comme les agriculteurs qui se prêtent entre eux leurs outils. »
Et de la réflexion à l’action, il n’y a qu’un pas qu’Ophélie a souhaité franchir :
« Je pense que ça part du fait que j’avais de plus en plus de copains qui devenaient végétariens et j’ai commencé à me poser des questions, comme « faut-il manger des animaux ? ». Plus on apprend, plus on est sensible à la cause.
Et après tu te dis « mais en fait mon mode de vie ne fonctionne pas ». Avec ce que je lis et ce que je pense, publier des hashtags, c’était plus cohérent.
Donc ça a plutôt été un cheminement progressif, combiné à une rupture amoureuse qui a été un petit coup de pied au cul en plus.
Il faut prendre le temps d’avoir cette réflexion. Les profs de ma formation nous en parlent beaucoup aussi ici, du temps, du cycle des plantes, de faire en fonction de la nature. »
Changer de vie, un « cliché » générationnel ?
Ophélie a également fait référence au cours de la discussion à David Graeber et à son avis sur ce qu’il appelle les « bullshit jobs » : des métiers perçus par lui comme aliénants et inutiles à la société.
« Je crois qu’on est beaucoup à vouloir revenir à des métiers manuels, j’ai des copains qui se sont lancés dans la menuiserie, le cuir, le métier de fleuriste… […]
Je me sens comme le parfait cliché de ma génération : j’ai fait de la com’, je profite de la vie, c’est simple… Jusqu’à une prise de conscience et un retour aux choses essentielles.
Mon job était complètement bullshit : on avait des problématiques qui ne sont pas essentielles, on se sentait un peu inutile. »
Mais malgré sa décision de changer radicalement de parcours, elle tient à trouver un juste milieu :
« Le problème avec ça c’est que je n’ai pas envie d’avoir un regard trop dédaigneux car j’ai rencontré des gens super et sensibles à ces causes, c’est juste qu’à un moment, soit j’étais en accord et j’allais jusqu’au bout, soit voilà.
Je ne crache pas du tout sur la com’, la preuve j’en fais actuellement en montant ma chaîne YouTube. Car ça a aussi été le problème des écolos qui pendant très longtemps étaient mauvais en la matière, et c’est cool que des gens viennent avec ces outils là pour porter ce message. »
Oser se lancer dans le YouTubeGame
YouTube, revenons-y justement. Ce n’est pas toujours évident de se lancer lorsqu’on pense à la place qu’ont les femmes sur cette plateforme et au harcèlement qui les attend parfois. Mais Ophélie relativise beaucoup :
« J’ai grandi, je n’ai plus besoin de l’approbation de tout le monde pour faire des choses. J’avais juste peur au niveau de la technique et d’ailleurs ça se voit sur les premières vidéos, même si là je commence à me roder.
Avec mon passé de communicante, j’étais plus habituée à créer des personnages et là je me fous un peu plus à poil. Mais c’est pareil, je suis ravie : ça m’apprend à me mettre démaquillée devant la caméra. Voilà, c’est moi et je lâche prise. »
Pour autant, elle s’impose (avec l’aide de copains qui l’ont encouragée) de faire une vidéo par semaine pour avoir « une petite mais bonne pression, et ne pas lâcher en cours ».
Comment rendre l’écologie sexy ?
Mais parler transition écologique sur YouTube, ça requiert quand même quelques trésors d’ingéniosité en communication virale, si on veut faire passer le message. D’où les chatons avec lesquels je vous ai bassiné•es dans l’article précédent.
« Je tente le tout pour le tout, ça c’est génial parce qu’il y a plein de petits animaux super mignons ici, parfois ils rentrent en classe, ils se battent au milieu de la salle de cours et ça fait du bien, les animaux donnent beaucoup de bien-être ! »
Elle aimerait aussi beaucoup créer une passerelle plus tangible entre son univers et celui du YouTube beauté, « utiliser leurs codes, pour faire par exemple un « what’s in my bag » ou des morning routines ».
« Je n’ai pas la prétention de devenir une grosse youtubeuse mais si ça permet de toucher les filles de 15 ans qui regardent les tutos beauté et de les interroger, c’est chouette. »
La pédagogie à toutes les sauces
Quoi qu’il en soit, elle parvient pour l’heure à combiner cette activité à son apprentissage.
« Là où je suis c’est un cursus de 2 mois et demi et après je ferai du woofing. On aide le maraîcher sur place, c’est super intense parce que c’est une formation destinée aux gens en reconversion.
On arrive tous avec des projets différents : certains veulent faire des micro-fermes, des épiceries, avec un groupe on s’intéresse à l’agriculture urbaine. »
Pour autant, il ne s’agit pas seulement d’apprendre à faire pousser des légumes car l’agriculture contient également toute une part de gestion :
« On a aussi tout l’aspect juridique, apprendre à quels statuts on a accès, etc. L’univers paysan est un peu difficile.
Il y a une vraie différence entre ceux qui débarquent et ceux qui le sont de génération en génération. Pour nous c’est plus facile d’arriver directement dans le biologique, mais pour eux il y a souvent déjà des parcelles de terrain. »
Des parcelles, Ophélie n’en a pas et elle n’en veut pas forcément :
« Je me vois bien papillonner, je ne me sens pas ancrée dans une terre. […] J’ai envie de montrer que les choses peuvent changer.
Développer des cours pourquoi pas pour des particuliers, aller dans les écoles, les entreprises pour les aider à monter des potagers sur les toits. »
Et pour commencer donc, c’est sur sa chaîne YouTube que ça se passe. Dans sa dernière vidéo, on apprenait à repousser les limaces et à cuisiner du pesto aux fanes de radis : très bon bail (mais n’oublie pas l’ail) !
À lire aussi : « Demain », le film-mode d’emploi pour un monde meilleur, a dépassé le million d’entrées !
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires
J'encourage souvent les madz à se remettre en question de ce côté, surtout que comme elle le dit bien, on vit en constant flux tendu, demain y'a une crise, les marchés sont dévalisés ou les transporteurs bloqués ou l'argent vaut plus rien, t'as 3-4 jours d'autonomie alimentaire, après c'est le grand inconnu. On te filera de la bouffe "à condition que"....
Ca peut pas faire de mal de devenir plus indépendante sur des questions aussi vitales, je salue donc l'initiative !