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Culture

Les agressions quotidiennes vues par la psychologie

Les petites agressions quotidiennes sont partout : sous-entendus, ragots, phrases à double sens, poussée de colère… Comment les reconnaître et les éviter ? Suivez le guide !

L’autre jour, j’avais l’humeur d’un phacochère qui n’aurait pas graillé depuis des jours : j’étais ronchon. J’étais ronchon, et mon cher et tendre a eu le malheur de me poser une question tout à fait anodine – je ne sais pas trop pourquoi, mais je l’ai engueulé (pardon).

Ce type « d’agressions du quotidien », figurez-vous que nous serions un paquet à les faire subir à notre entourage. Pis encore : nos proches seraient des cibles privilégiées !

Pour la chercheuse Deborah South Richardson, lorsque l’on parle d’agressions, nous avons tendance à nous imaginer des situations de violences entre des personnes qui ne se connaissent pas forcément, ou sont ennemies… Mais en réalité, les agressions peuvent prendre des formes plus insidieuses, moins directes, plus passives, et seraient le plus souvent exprimées sur notre entourage (nos partenaires, nos ami-e-s, nos familles, nos collègues).

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Il m’a embêté. Du coup je l’ai embêté. Tu sais comment c’est.

Des agressions multiformes

Dans l’une de ses recherches, publiée dans le journal Current Directions in Psychological Science, Deborah South Richardson a exploré ces formes d’agressions quotidiennes.

Généralement, l’agression est définie comme « un comportement dont l’intention est de blesser quelqu’un » : l’idée d’agression implique donc un comportement, une intention, et une autre personne.

Pour la psychologue, il existe d’autres formes d’agressions, qui peuvent être motivées par d’autres intentions que celle de blesser (même si l’effet est effectivement blessant pour la cible). Frapper, insulter quelqu’un, tout le monde est d’accord : c’est une agression avec une intention de blesser.  Mais nous sommes décidément des êtres complexes et, souvent, nos agressions sont plus difficiles à déceler…

Lorsqu’une collègue vous dit que tiens, vous avez une sale tête aujourd’hui, il est possible qu’elle soit simplement curieuse, et souhaite sincèrement savoir si tout roule pour vous… et en même temps, cette question peut être blessante pour vous (et vous amener à complexer), auquel cas elle pourra être considérée comme une agression.

Imaginons une autre situation : vous annoncez à votre mère que vous ne pourrez pas être présent-e à une soirée qu’elle organise, et elle dégaine une petite phrase du genre « Oh… j’avais prévu de préparer ton plat préféré… ». Il est possible que votre môman n’ait pas d’autre idée derrière la tête… et en même temps, il est tout à fait possible qu’en filigrane, elle soit en train de vous dire « PARDON ?! 30 ans que je me casse le c** à te faire plaisir, et même pas tu viens me voir, ingrat-e

 » !

Dans ce cas, on peut se dire qu’il est aussi possible que votre mère souhaite induire une pointe de culpabilité en vous (je ne parle pas de toi, maman), ce qui est une forme d’agression.

Pour Richardson, les « agressions du quotidien » (hors agressions directes, physiques ou verbales) pourraient être :

  • Psychologiques : une personne en humilie une autre, la dénigre, essaie d’avoir un impact sur la perception que la cible a d’elle-même
  • Passives : un comportement qui a l’intention de blesser (ou peut blesser)  quelqu’un en ne faisant pas quelque chose, en étant un frein, un obstacle (par exemple, le « silent treatment », quelqu’un qui ne vous parle plus, qui ne répond plus à vos appels, vous agresse de façon passive…)
  • Indirectes : cette forme d’agression, qui peut rassembler les types d’agressions précédentes, désigne un comportement qui pourra blesser par ricochet, qui pourra interrompre des relations (une personne X raconte des choses sur une personne Y à une personne Z, par exemple).

Ce qui est extrêmement pratique dans ces types d’agressions passives et indirectes, c’est que la source de l’agression peut tout à fait nier son intention (parfois, elle peut ne pas la réaliser) et vous dire : « quoi, moi ? Mais je n’ai rien fait, enfin » (avec la variante « tu es parano, dis donc »).

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Je t’aime, donc tu m’énerves

Dans sa recherche, Deborah Richardson note que nous déclarons utiliser fréquemment des formes d’agressions passives et indirectes, et que nous les utilisons contre les personnes avec lesquelles nous interagissons le plus. Par exemple, notre partenaire, a proportionnellement plus de chances de nous gonfler qu’un-e inconnu-e (pas de bol), et notre colère peut nous pousser à utiliser des stratégies d’agressions passives, indirectes (la semaine dernière, je ne sais pas trop ce qu’il s’est passé, mais ma mère a foutu un beau taquet à une plante que mon père affectionne particulièrement).

Nos types d’agressions dépendent également de nos relations : avec nos partenaires et nos frères et sœurs, nous n’hésiterions pas à être dans l’agression directe (« t’es qu’un con »), alors qu’avec nos ami-e-s, nous expérimenterons plutôt de l’agression indirecte (« est-ce que tu sais que Machine a dit ceci ? »).

Dans nos vies, nous vivrons plus souvent ces « agressions du quotidien » que des agressions directes et physiques. Nous devrons plus souvent faire face aux remarques insidieuses, aux attitudes hostiles, aux ragots… Tous les types d’agressions ont des conséquences, plus ou moins importantes, plus ou moins graves. Si nous réalisons que certains de nos comportements peuvent être des agressions, ce sera déjà un premier pas vers des interactions moins violentes, et plus sereines.

La prochaine fois que nous n’aurons pas envie d’écouter l’anecdote de notre partenaire, que nous préférerons ne pas rappeler notre ami-e, que nous éviterons un-e collègue, que nous aurons l’envie de répandre un p’tit ragot, que nous arriverons en retard à un rencard entre potes… Prenons un instant pour identifier notre intention, accueillir notre émotion, et essayer d’opter pour un comportement non-violent !

Pour aller plus loin…


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Les Commentaires

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Avatar de Juun3
28 juin 2014 à 16h06
Juun3
Ça fait clairement réfléchir... on est tous victimes de ce genre d'agressions (dieu sait qu'entre le boulot et le cours, j'en cumule une bonne dose) mais j'avais jamais pensé que moi aussi je pouvais en faire subir de façon moins directe, plus insidieuse, et totalement inconsciemment (enfin pas tout le temps, certes, des fois j'en suis tout à fait consciente).
Bon sur la liste des choses à faire pour avoir une vie plus saine, je vais rajouter "tourner 7 fois la langue dans ma bouche avant de balancer ça" et "réfléchir à pourquoi est-ce-que je voudrais faire ça".
C'est dingue, entre ça et le harcèlement de rue et autres joyeusetés, j'ai vraiment l'impression qu'on vit dans une société malade et que ça ne va décidément pas en s'arrangeant vu que beaucoup d'entre nous considèrent ça comme étant "normal".
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