« Une petite blague » selon les auteurs, une agression sexuelle selon la loi. Le 19 janvier dernier, l’antenne régionale de BFMTV révélait la circulation, au sein du service de réanimation de l’hôpital lyonnais Édouard-Herriot, d’un questionnaire portant sur les pratiques sexuelles des soignants.
Diffusé depuis le mois de décembre, il posait des questions tendancieuses relevant de la vie privée et pouvant s’apparenter, dans le cadre professionnel, à du harcèlement sexuel. Le questionnaire, également affiché dans certaines salles de garde, posait des questions telles que : « Pratiquez-vous la fellation, le cunnilingus, le sadomasochisme ou encore aimez-vous recevoir un doigt dans l’anus ».
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Une alerte déposée pour « danger grave et imminent »
De quoi mettre profondément mal à l’aise certain·e·s. salarié·e·s. L’une d’elles avait d’ailleurs rapporté les faits à la direction des Hospices Civils de Lyon (CVL) via le syndicat FA-FPH (Fédération Autonome de la Fonction Publique Hospitalière).
Cette agente, dont l’identité a été rapportée à ses collègues, fait aujourd’hui l’objet d’un harcèlement intense de la part de l’auteur du questionnaire et par ses collègues. Selon Le Parisien, l’agente de la fonction publique hospitalière aurait été « insultée sur les réseaux sociaux et agressée le 23 décembre à sa prise de poste par un objet sexuel, en plâtre, représentant un sexe masculin (signé de la main de plusieurs salariés du service) », qui cite le FA-FPH. Suite à cette agression et à « ce choc psychologique », elle aurait été admise aux urgences et « a été mise en arrêt de travail ».
Dans la foulée, le syndicat a déposé « une alerte danger grave et imminent », dans laquelle il réclame la tenue d’une instance extraordinaire « au vu des conditions de travail dégradées dans le service ». La direction n’a pas approuvé cette demande même si elle dit prendre la situation très au sérieux. La salariée agressée, toujours en arrêt, se dit « dévastée et angoisse à l’idée de reprendre le travail ».
Des comportements inacceptables au nom de « l’esprit carabin »
Ce n’est pas la première fois que les hôpitaux publics sont sous le coup d’accusation de harcèlement sexuel. En 2015, une fresque située dans une salle de pause des internes à l’hôpital de Clermont-Ferrand, et mimant un viol collectif entre super-héros, avait suscité une vive polémique, avant d’être effacée.
En janvier dernier, une note ministérielle avait acté la suppression des fresques à caractère pornographique ou sexiste dans les salles de garde, et auxquels de nombreux soignants sont attachés au nom de « l’esprit carabin »… Souvent au mépris du bien-être et de la sécurité des femmes qui gonflent leurs rangs.
En 2017, une étude de l’intersyndicale nationale des internes en médecine (Isni) avait ainsi démontré que 6 internes femmes sur 10 vivaient quotidiennement des situations de sexisme ordinaire dans le cadre de leur travail. 8,7 % ont été victimes de harcèlement sexuel.
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