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Je suis musulmane, et je suis Charlie

« Je suis Charlie », scande la France entière depuis hier, depuis l’attentat meurtrier dans les locaux de Charlie Hebdo. « Je suis Charlie », lance en chœur cette lectrice de confession musulmane.

— Article initialement publié le 8 janvier 2015

Mis à jour du 9 janvier 2015 — Preuve s’il en fallait que ce témoignage était plus que nécessaire, plusieurs actes islamophobes sont à déplorer depuis l’attentat perpétré contre la rédaction de Charlie Hebdo. L’information est rapportée par Libération :

« Depuis l’attentat contre Charlie Hebdo, au moins treize actes visant la communauté musulmane ont été recensés en France. Ces actes étaient récurrents bien avant mercredi, mais force est de constater qu’ils se sont multipliés en deux jours, s’ajoutant à la masse des commentaires et tweets islamophobes sur la toile. »

Lire la suite sur Libération : Deux jours de passages à l’acte islamophobes.

Mis à jour le 8 janvier 2015 —

Vous avez été nombreux et nombreuses à nous envoyer des lettres ouvertes, des réactions, des messages de colère, d’amour ou de détresse suite aux évènements survenus dans les locaux de Charlie Hebdo. Merci à tou•te•s pour votre implication, vos mots, vos réflexions. Voici le témoignage que nous avons choisi de publier.

En tant que citoyenne, j’ai voulu écrire. Écrire pour moi, pour ne pas oublier mais aussi pour protester, puisqu’apparemment exprimer ses idées est dangereux. Je ne veux pas et je ne peux pas faire comme si de rien n’était, comme si ce jour noir n’existait pas, n’avait jamais existé. Comme si on n’avait jamais abattu des personnes froidement juste parce que certains ne partageaient pas leurs idées.

À lire aussi : Je suis Charlie Hebdo, le choc des images et la colère des mots

Je ne sais pas comment commenter cet épisode. Je ne peux pas avoir une démarche scientifique, ce n’est pas mon travail. Et je n’ai ni le talent, ni l’envie pour le faire. Je ne suis pas sûre que tomber dans le pathos dégoulinant soit la meilleure chose à faire. Et pourtant, je ne suis pas certaine que je vais réussir à avoir une distance suffisante pour écrire sans faire des maladresses.

L’effroi m’a saisie quand j’ai compris que c’était vrai, que cela c’était bien passé, qu’en 2015 on pouvait encore mourir parce que nous dérangions, parce que nos idées n’étaient pas admises par tous. Et pourtant ce n’est pas un phénomène nouveau ! Des tas de personnes meurent chaque jour pour ça, à cause de ça. Mais en France… Vraiment, je suis tombée de haut, j’ai tellement foi en mon pays que je ne pensais pas que cela pouvait arriver chez nous

.

Comme tout le monde, je condamne. Je condamne l’intention, je condamne cette volonté de tuer à tout prix, cette haine qui pousse à éliminer l’autre, cette détermination morbide. Je n’en sais pas plus, je ne suis pas concernée personnellement, donc je ne ferai pas de spéculations sur cet incident, sur les acteurs de ce drame.

Mais au-delà de ça, c’est le pays qu’on a touché. On a touché à un journal, incarnation de la liberté d’expression. On a en quelque sorte attaqué la liberté. Comment peut-on vouloir s’en prendre à la liberté ? Charlie Hebdo devient le symbole de la liberté de la presse. On a assassiné Charlie, et par la même occasion on a tué notre liberté, la liberté que chacun possède en théorie.

Ce que je veux dire ensuite, j’ai besoin de l’exprimer. Évitons les amalgames, soyons uni•e•s. Uni•e•s autour des valeurs qui ont été bafouées, pour montrer que tou•te•s ensemble nous sommes contre ces actes. Cette attaque ne doit pas motiver des idées de haine mais celle du rassemblement.

Déjà j’entends qu’on accuse certaines communautés, on demande aux musulman•e•s, en particulier, de répondre de cet acte. Je porte en moi l’amour de cette communauté, je partage certaines de ses idées, mais j’éprouve aussi un amour énorme pour ma patrie, j’ai un attachement profond à mon pays. Alors non, je ne m’excuserai pas pour ce que ces gens ont fait, sous prétexte qu’ils partagent la même confession que moi. Ils n’ont pas agi en mon nom et je ne leur ai pas donné mon autorisation.

Non, je ne m’excuserai pas pour un geste que je ne cautionne pas, pour un acte qui me donne envie de vomir. Je me contente de condamner, comme tout•e citoyen•ne doit le faire. Encore une fois je brandis la même phrase : « Not in my name », pas en mon nom. En tant que citoyenne, je suis en guerre contre l’attaque qui a été perpétuée ; en tant que musulmane, je saigne de savoir que les valeurs qui me sont si chères ont été utilisées pour justifier un acte terroriste.

On a coutume de dire qu’on se souvient toujours de ce qu’on faisait quand on a appris pour le 11 septembre 2001. J’ose espérer que tout le monde se souviendra du 7 janvier 2015, pour que les victimes ne soient pas mortes pour rien, que la liberté n’ait pas été attaquée en vain.

Je suis Charlie.

À lire aussi : Je suis arabe et je ne vous veux aucun mal.

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Les Commentaires

88
Avatar de Wissalovski
17 juillet 2016 à 10h07
Wissalovski
J'ai vraiment du mal avec l'expression "être charlie". J'aimerai sincèrement qu'on détache "condamner les attentats" et "être un journal problématique en tout point".
Concrètement il n'y a pas une fois ou j'ai ouvert un Charlie hebdo sans grincer des dents : une majorité d'hommes blancs qui reprennent la narration islamophobe traditionelle de nos chers auteurs français ? Une couche d'humour misogyne bien gras pour "public déconstruit" alors qu'on se mange les même blagues de la part de nos proches ou tout au long de nos vie professionelle ? Des blagues déshumanisantes sur les morts en Afrique/Moyen Orient alors qu'a chaque épidemie/attentat on attend des appels de nos familles ? La liste est encore longue.
Le risque de mourir dans un attentat, j'ai grandis avec. J'ai perdu des proches suite aux décisions arbitraires de nos pays démocratique. On oublie bien trop souvent que les premières victimes du fondamentalisme sont les musulmans.
C'est donc en pleines connaissances de cause que je, et de nombreux autres, condamnons les attentats. Prière de ne pas déformer nos condamnations et nous faire basculer dans un assimilationnisme malsain histoire de "montrer patte blanche".
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