— Article publié le 20 septembre 2013
Non mais dis-donc, Hollywood, t’aurais pas l’impression de nous prendre un peu pour des jambons ? Quand je dis « nous », je pense à tous les amateurs potentiels de films fantasy où se mêlent l’aventure, la surprise, la bagarre, l’imaginaire et, il est vrai, je te l’accorde, de l’amour, parfois mielleux.
C’est quand même pas une raison pour nous inonder de niaiseries déjà vues et revues. Pour ta gouverne, Hollywood, nous ne sommes pas tou-te-s des adolescentes au bon sens embrumé par les hormones. Non.
Parmi nous, il y a aussi des garçons et — avançons-nous — peut-être même des hommes ! Il y a des jeunes femmes aussi, des ados non hystériques (je te jure que ça existe) et des femmes plus âgées, sans doute. Et nous n’avons pas tou-te-s le potentiel de réflexion d’un mollusque amorphe dans un bain de cyprine.
Ne nous sous-estime pas et arrête tout de suite l’utilisation à outrance des clichés pour adolescentes. Parce que là, ça commence à bien faire.
Pauline pas contente.
Comprends-moi bien, Hollywood, j’ai un avis plutôt positif sur The Mortal Instruments : La Cité des Ténèbres. Pour de vrai. Sans dire que c’est un chef-d’œuvre, c’est, la plupart du temps, assez plaisant.
J’avais bien aimé le bouquin, et l’histoire de Clary, une jeune fille qui découvre un monde inconnu en même temps que des pouvoirs insoupçonnables, transposée en film, avait tout pour me donner le sourire.
D’ailleurs, le sourire, je l’ai gardé pendant une bonne partie du film. Pas la banane, non plus, hein : un petit sourire, du genre en coin et même, à plusieurs reprises, franchement, un rire. Il faut dire que certaines répliques sont plutôt drôles et que le piquant des personnages a été respecté.
La complicité aussi : les interactions au sein du trio Clary-Jace-Simon (Lily Collins, Jamie Campbell Bower et Robert Sheehan) fonctionnent très bien et les personnages d’Alec et Isabelle conservent leur caractère malgré un temps moindre à l’écran.
Côté bagarre, les scènes d’actions sont cools même si elles comportent plus de cris de rage qu’une finale de Roland Garros opposant Monica Seles à Michelle Larcher de Brito.
Un film estampillé « franchise à midinettes »
Du coup, Hollywood, me voyant globalement satisfaite, tu dois te demander : mais de quoi me plains-je ?
Je me plains parce que j’en ai marre que tu utilises des ficelles grosses comme des troncs millénaires pour estampiller des films « franchise à midinettes ». Stop !
Le coup de la chute malencontreuse, du regard profond, de la lumière tamisée et de la musique douce, même Plus Belle la Vie n’a pas osé s’en servir. Et la scène du piano, t’es sérieux ? Non parce qu’en plus de contenir l’information la plus inutile et la plus WTF du film, rappelle-toi que cette idée a été utilisée à foison, notamment dans Twilight 1 et Harry Potter 7.
Enfin, toute éventualité de se démarquer des autres films du genre a été avortée en dévoilant au spectateur le twist final avant même qu’il ait lieu. Tout ça pour rester dans le politiquement correct.
Réinvente-toi un peu, nom d’une pipe en bois ! Ces scènes n’apportent rien à l’intrigue, elles alourdissent inutilement le montage et elles décrédibilisent toute tentative de faire passer ce film pour autre chose qu’un appel au fangirling.
The Mortal Instruments et son succès mitigé
Un appel raté, d’ailleurs, puisqu’on en parle. Ce film n’est pas franchement un succès. Il est sorti dans les pays anglophones le 21 août dernier et, malgré une promotion en grande pompe, il n’a pas attiré les foules…
En effet, aux États-Unis, le film, qui a coûté 60 millions + 60 millions de promotion, a rapporté seulement 14 millions de dollars lors des cinq premiers jours. Histoire de se faire une idée, le premier Twilight avait rapporté 70 millions de dollars dans le même laps de temps…
Avec le temps et le merchandising les producteurs devraient globalement rentrer dans leurs frais mais c’est loin, très loin du succès escompté. Tellement loin d’ailleurs que le tournage de la suite, qui devait commencer à la mi-septembre, a été repoussé jusqu’à nouvel ordre. C’est dommage parce que, tu vois, rien ne me ferait plus plaisir que de revoir Robert Sheehan à moitié nu. Mais en même temps, Hollywood, peut-être que tu l’as bien cherché.