Qui dit Fashion Week dit Paris, Londres, Milan ou encore New York. Et pourtant, ces capitales du style n’ont plus vraiment le monopole. Tokyo, Sydney, Séoul, Bombay, Stockholm… ont aussi leur lot de créateurs originaux. L’équipe de Vice est partie en Israël pour la deuxième Fashion Week de l’histoire de Tel Aviv en 30 ans. Résumé d’un reportage fascinant en trois parties.
Moschino ouvrait le bal de la Fashion Week israélienne
« Notre but est de montrer que nous avons des gens très créatifs en Israël. On veut changer la manière dont Tel Aviv est perçue. Ce n’est pas juste un endroit près de la méditerranée avec des chameaux et des M16 ». Le président de la Fashion Week, Ofir Lev, annonce la couleur. Pour résumer rapidement, Tel Aviv est le centre économique d’Israël. Surnommée « la ville qui ne dort jamais » pour ses fêtes interminables ou « la bulle » en référence à son détachement des conflits du Moyen-Orient, la ville n’est pas une référence en terme de style. Et pourtant, Israël a récemment pris une décision majeure qui chamboule le monde de la mode.
C’est le premier pays au monde à avoir voté une loi interdisant aux mannequins hommes et femmes trop maigres de défiler et/ou de poser pour des photos publicitaires. Depuis le 01 janvier 2013, les mannequins dont l’IMC (rapport poids/taille) est inférieur à 18,5 sont exclus. « Cependant », d’après Vice, « la loi est contestée car l’IMC est une mesure générale qui ne prend pas en compte certaines données comme la génétique ou l’origine. » La loi s’attaque également aux photos : si les celles-ci ont été photoshoppées, elles devront en porter la mention. Il faut savoir qu’en Israël, la première cause de décès des 15-24 ans n’est ni le cancer, ni les accidents de voiture ou l’alcool, mais l’anorexie. De quoi faire réagir.
« Les os sont pour les chiens. Les hommes aiment la viande », campagne de pub Simply U
Israël se mobilise au maximum pour lutter contre les standards de beauté trop maigres. Le photographe Adi Barkan a vu sa carrière radicalement changer quand, dans les années 90, « un modèle à qui il avait conseillé de perdre un peu de poids s’est quasiment laissé mourir de faim » (Vice). Il se bat aujourd’hui contre ce fléau avec l’aide d’agences telles que Simply U qui ne représente que des filles aux IMC corrects.
L’autre sujet brûlant qu’aborde la mode, c’est la guerre. « L’élément le plus significatif d’Israël, c’est son armée. C’est une partie importante de ce que l’on est » : Lior Nordman, photographe israélien, traite des sujets politiques et religieux en mettant en scène l’armée, la religion musulmane, les rapports hommes-femmes, le terrorisme et la sexualité. Lior aime provoquer et mettre son grain de sel dans le conflit.
« Elle tient le flingue, elle a l’air à cran. Elle lui couvre la bouche, il est pas agressif. C’est comme une femme qui dirait à son mari : la ferme, n’en parle à personne » – Lior Nordman
Les créateurs aussi se risquent au clin d’oeil. David Shilling, un styliste, sculpteur et architecte d’intérieur britannique essaye d’adapter son défilé au pays qui l’invite. En référence au discours de Netanyahu sur le programme atomique iranien à l’ONU, Shilling fait défiler une coiffe en forme de bombe sur la tête de ses mannequins. Ce dernier assure de façon amusée que ce n’est pas risqué. Pas si drôle quand on sait que quelques heures plus tard, Tel Aviv se faisait bombarder…
La fameuse coiffe « Bibi-bomb »
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