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Capture d’écran : France 24
Société

Comment la loi « Sécurité Globale » provoque la colère des journalistes, des jeunes et des femmes

La proposition de loi « Sécurité Globale » débarque au Parlement avec le fameux article 24, qui fait polémique : il pourrait interdire la diffusion d’images des forces de l’ordre.

Paris, Toulouse, Bordeaux ou encore Le Mans… Mardi 17 novembre au soir, les Français se sont mobilisés contre la proposition de loi « Sécurité Globale », aux relents liberticides. Malgré la situation sanitaire, des milliers de personnes ont défilé sur tout le territoire. Au cours de la soirée, la journaliste Hannah Nelson a été arrêtée et placée en garde à vue. 

Pas d’images, pas de manifestations ?

Avant même son arrivée devant les députés, la proposition de loi « Sécurité Globale » est décriée par l’opposition… mais aussi par les journalistes.

La cause ? L’article 24 qui crée la polémique et à juste titre. Il dispose :

« Est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser (…) dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale (…) lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police ». 

Des manifestations sans images, un danger pour les femmes

Si la loi est adoptée, un agent de police peut, par exemple au cours d’une manifestation, vous interpeller s’il considère que vous filmez en ayant l’intention de nuire aux forces de l’ordre. 

Une disposition qui, a fortiori rendra moins sûres les manifestations pour les participants, y compris les jeunes ou les femmes ! 

En octobre 2018, la France a vécu une série de manifestions inédites notamment avec les gilets jaunes et la réforme des retraites. 

Les participants ont, souvent à l’aide de leurs téléphones, capté un usage parfois excessif de la force par la police, notamment à l’égard des femmes.

On se rappelle tous cette image de cette jeune fille à Toulouse, tombée au sol après un croche-patte délibéré d’un CRS.

En mars dernier, il y a aussi eu ces vidéos montrant les heurts avec la police lors d’une marche féministe.

Parce que ces violences ont été filmées, elles ont pu être dénoncées. Or sans images, les violences policières n’existeraient pas. Et sans images, la justice ne peut pas se saisir. Un jeu dangereux, proche du déni de justice. 

Une atteinte à la liberté de manifester et d’informer

Avec l’adoption de cette loi, les femmes et les jeunes qui souhaitent participer à une manifestation vont y réfléchir à deux fois ! Yasmine, syndicaliste et militante, nous affirme, soucieuse :

« Je vais souvent manifester en famille avec mes enfants et c’est vrai que savoir que je ne pourrais pas filmer s’il y a un dépassement ça me pose problème. »

Certains citoyens risquent de renoncer à leur droit de manifester pour des raisons de sécurité. On est clairement dans une situation où la loi devient  liberticide.

En tant que journaliste, si cette loi est adoptée, je devrai moi aussi réfléchir à deux fois avant d’aller en manif ou publier une vidéo d’une interpellation. 

Du coup, cette proposition pose la question de l’auto-censure : à quel moment, au cours d’une manifestation ou dans la rue, la sécurité des forces de l’ordre prime sur celle des citoyens ?

C’est également la question du droit à l’information qui se pose : l’article 24 peut être considéré comme une atteinte au droit d’informer et d’être informé.

Dans cette optique, 400 journalistes et professionnels de l’information ont signé une tribune pour dénoncer une « loi contradictoire » sur Médiapart.

Selon Cécile Coudriou, présidente d’Amnesty, cet article 24 constitue « un réel problème dans une démocratie et pourrait créer un sentiment d’impunité » chez les policiers ou gendarmes.

Autre instance à pointer du doigt cette proposition de loi, le Haut commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU. 

Dans un rapport publié le 12 novembre dernier, le conseil s’inquiète et rappelle que la proposition porte atteinte au “droit à la vie privée, au droit à la liberté d’expression et d’opinion, et au droit à la liberté d’association et de réunion pacifique”.

Filmer les interventions policières, un réflexe de protection

Certes, on a tous et toutes ce réflexe de filmer dès lors qu’il se passe quelque chose avec les forces de l’ordre : c’est une manière de se sentir en sécurité et surtout cela permet d’éviter une escalade la violence. 

L’interdiction de filmer, c’est nous interdire de nous protéger. 

Difficile ne pas faire le parallèle avec l’assassinat de George Floyd aux Etats-Unis et l’importance capitale des images lors de son interpellation, qui ont contribué à un vaste mouvement contre le racisme et le violences policières au printemps 2020.

Si cette loi est adoptée, il sera sûrement difficile de dénoncer les autres « George Floyd » en France…

À lire aussi : George Floyd, #BlackLivesMatter… que se passe-t-il aux États-Unis ?


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

79
Avatar de grenouilleau
29 novembre 2020 à 15h11
grenouilleau
@LGM Ouh la ! J'avoue que ton message m'a fait bizarre, faut arrêter de mettre en avant son statut social pour imposer son avis politique en fait.

Comme tu dis que tu es doctorante-enseignante, je suis carrément étonnée de ce que tu dis. Tu réponds à côté ou par des arguments d'autorité, ou en me faisant dire ce que j'ai pas dit Franchement, l'humilité c'est important quand on veut évoluer sur ses connaissances.

Cela dit je vais te répondre :
- Déjà je précise que être doctorante, ou doctorante-enseignante c'est pas un argument. Et même, c'est pire si tu dis des trucs faux ou bizarre, c'est encore moins excusable (du coup heureusement que tu écris sous pseudo).

- le mouvement des enclosures : tu dis : "c'est XVI-XVIIIe en Angleterre, plutôt uniquement XVIIIe en France." déjà rien que ça c'est faux. Universalis (t'as vu j'ai pas mis wiki :cretin dit clairement que c'est fin moyen âge que ça commence. Le moyen âge c'est pas le XVIe siècle hein. Donc pour une doctorante en histoire, ça la fout mal.

- Ensuite tu dis : "Pour la France, les dernières grandes famines, c'est début XVIIIe siècle (grande famine de 1709 en particulier). Auparavant, on a structurellement des venues régulières de disettes et famines, parfois extrêmement meurtrières (celle de l'hiver 1693-94 en France, c'est 2 millions de mort !).
Affirmer qu'il y a plus de famine en France au XIXe siècle (post-enclosure) que sous l'Ancien Régime (pré-enclosure), c'est au mieux de la falsification historique, au pire un mensonge éhonté."

Ok. Le truc c'est que tu présentes ça comme si j'avais dit l'inverse : j'ai jamais dit l'inverse. C'est exactement ce que je dis : les enclosures créent de la misère, les paysans n'ont plus accès aux communs, donc famine, donc exode urbain (édit : j'avais mis rural en allant trop vite, mais bon l'idée était claire : des paysans partent en ville parce qu'iels ont plus de quoi bouffer). Je vois pas en quoi ça contredit ce que j'ai dit sur les enclosures qui créént de la famine.
Tu veux tellement que j'ai tort que tu te crée un homme de paille pour y coller tes connaissances. Mais en fait j'ai jamais dit qu'il y avait moins de famines au XIXe que dans l'Ancien Régime. J'ai dit (je me cite) : "Pour les famines, elles étaient moins nombreuses avant les enclosures" = à quel moment cette phrase veut dire "y a moins de famine au XIXe que dans l'Ancien Régime" ? "avant", ça veut pas dire "Ancien Régime" en fait. Pareil pour mon premier message, j'ai même pas donné de date. Et je suis pas rentrée dans les détails parce que, comme je l'avais annoncé, je faisais un "résumé-résumé".

Et en plus j'ai pas dit "les famines c'est seulement uniquement les enclosures". J'ai bien écrit "Notamment" (mon premier message). Ça veut dire "pas que".
Donc là aussi, c'est faux, pas parce que ce que tu dis est faux pour le coup, mais parce que tu es partie du principe que j'avais dit autre chose. Bref tu m'as mal lu. Et encore une fois, comme tu dis que tu es doctorante, ça la fout mal. Surtout que moi j'avais bien dit dans mon premier message "Je vais résumer-résumer", ça veut bien dire que je vais pas rentrer dans les détails de qui a fait quoi en 1769 hein.

- pour les spéculations sur le grain, j'ai parlé précisément du cas de l'Angleterre (j'ai dit, je me cite :"la grande famine en Irlande par exemple, elle a été édit : aggravée (pas organisée) par la spéculation des Anglais" (pour éviter les pinaillage : oui l'Irlande c'est pas exactement l'Angleterre, mais l'Angleterre prenant des décisions qui impactaient l'Irlande donc ça compte))
Et toi, tu me dis que j'ai tort, en te basant sur le cas de la France ? Et en disant que tu vas laisser l'Angleterre de côté ? Mais wtf pour une doctorante qui donne des cours ? Je te dis Angleterre, tu réponds "non, en France c'était pas ça à part deux-trois cas" ... Donc en plus si par hasard j'avais dit la France c'était pas faux non plus. Mais passons.

- L'argument que c'est un historien "marxiste" : oui, et ? Le prof de 2014 que tu cites, il a zéro idées politiques peut-être ? Il vote pas ? Les profs de fac ont jamais d'opinions politiques ? Du coup ils font de l'histoire complètement objectivement ?
Tu peux ne pas être d'accord avec un historien marxiste, mais dire que ce qu'il dit est faux parce qu'il est gauchiste, ou parce qu'il a écrit édit : dans les années 40 (pas 40 ans), c'est juste bizarre comme argument. Et édit : les années 40, c'est pas comme si le gars avait écrit y a trois siècles, hein.

- Et pour le dernier truc où tu dis : "Je ne parlerai pas d'histoire contemporaine que je ne maîtrise pas autant. Néanmoins, le lien entre avancée sociale et peur de la Russie communiste me semble hasardeux. Les avancées citées sont toutes ou quasiment toutes le fruit du front populaire ou de gouvernements où participe le parti communiste : le parti communiste français fait-il passer des lois pour éviter que la France ne devienne communiste ?"
Ah oui effectivement, c'est pas ton domaine
Si tu es doctorante en histoire, tu n'es pas sans savoir que la révolution russe a eu lieu avant le Front populaire ? Avant 1945 et le CNR ?
C'est pas un truc confidentiel, la révolution russe de 1917 c'est assez mainstream, et pas besoin de faire une thèse là-dessus pour en avoir entendu parler. C'est niveau lycée, pas niveau fac. Et que c'était regardé avec inquiétude par toute l'Europe, et par exemple que le nazisme c'était parce que "plutôt Hitler que Staline", pareil. Donc il y a bien un lien entre l'existence d'une puissance communiste et ce qui s'est passé socialement en Europe au XXe siècle. Le Front populaire, c'est les années 30, le nazisme aussi, et en 45 les bourgeois avaient la peur des chars rouges, et ça aussi c'est mainstream. Et le néo-libéralisme depuis 30 ans, comme par hasard ça matche avec la fin de l'URSS. Mais c'est sans doute une coïncidence (ironie, non).

édit : le ton de mon message est sec, parce que tu es venue en revendiquant un statut de "sachante", donc tu as d'autant plus de pression pour pas dire n'importe quoi. Tu peux pas en même temps mettre en avant ton statut d'étudiante de haut niveau (et même enseignante) et attendre qu'on te laisse dire des bêtises ou en te le faisant remarquer gentiment.

édit 2 : ajout de lien pour moyen âge
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