À moins d’habiter dans une grotte sans Internet, ou d’être vieille (c’est mon cas), tu as très certainement entendu parler du meme « Jsuis pas venue ici pour souffrir ok ? », qui amuse les réseaux sociaux depuis le mois de mars.
J’ai donc découvert récemment l’origine de cette phrase que j’entends partout. Le 6 mars dernier, Meryem, 24 ans, participe à l’émission C’est mon choix sur les phobies insolites.
La sienne ? Une peur viscérale des cafards. Pas si insolite j’ai envie de dire, moi-même je serais moyen-chaude pour triturer ces insectes répugnants.
Toujours est-il que Meryem se voit proposer une confrontation avec les bestioles — Phobie insolite : vont-ils la surmonter ? annonce le sous-titre…
« Je suis pas venue ici pour souffrir, ok ? »
Spoiler alerte, Meryem n’a aucune intention de se confronter à des cafards, car, je cite sa phrase désormais célèbre sur l’Internet francophone:
« Je suis pas venue ici pour souffrir, ok ? »
Je suis pas venue ici pour souffrir : excellente leçon de vie
Son expression et sa phrase sont devenues un meme de l’Internet français. Mais au-delà de la belle tranche de rire, je trouve que cette réplique renferme un enseignement de vie précieux.
« Je suis pas venue ici pour souffrir » est en passe de devenir ma nouvelle philosophie de vie. Voici pourquoi je compte bien me répéter cette phrase au quotidien.
Je suis pas venue ici pour souffrir… au travail
Je t’ai déjà raconté mon burn out ? Oui, lorsque le ministre du Travail disait que c’était pas vraiment une maladie professionnelle. Ça m’avait un peu mise en colère parce que le médecin qui m’avait mise en arrêt m’avait dit cette phrase :
« Vous passez 70% de votre temps éveillé au travail.
C’est normal que ça vous affecte. »
Et ce burn out m’avait fait ressurgir une autre phrase, prononcée par mon père alors que je l’appelais un soir, pendant ma première année de travail.
J’avais passé une journée passablement désagréable, et je ressentais le besoin de m’en plaindre. Il m’avait répondu :
« C’est le monde du travail, c’est comme ça, c’est pas une partie de plaisir ».
Sauf que JE SUIS PAS VENUE ICI POUR SOUFFRIR, OK ? Tout simplement. Si je m’étais appliquée cette réflexion, j’aurais quitté ce job beaucoup plus tôt. Ou j’aurais arrêté de me laisser marcher dessus par mes collègues beaucoup plus tôt.
Au lieu de souffrir en silence et d’être progressivement enfoncée dans la frustration, je me serais prise en main. Je serais allée parler à mon manager, aux ressources humaines si besoin, directement à mes collègues pour faire en sorte d’obtenir leur respect.
Et en cas d’échec de ces négociations, je serais tout simplement partie travailler ailleurs. C’est ce que j’ai fait au bout de trois ans. Ça m’aurait juste évité un burn out, au passage…
Raison pour laquelle j’ai autant d’admiration pour EnjoyPhoenix, qui prend cette décision forte : refuser de rentrer dans le moule.
Je suis pas venue ici pour souffrir… en amitié
Il fut un temps où l’amitié était un processus naturel et facile pour moi : l’école. Lorsqu’on se retrouve au sein de la même classe pendant dix mois de l’année, des amitiés naissent assez automatiquement, pour peu qu’on ne soit ni trop timide, ni trop introvertie.
À l’âge adulte, ça se corse. Hors des bancs de l’école, ça devient plus compliqué de rencontrer des gens et nouer des amitiés. Mymy avait d’ailleurs lancé tout un dossier sur l’amitié à l’âge adulte, c’est dire si le sujet est plus complexe qu’il n’y paraît.
Combien de fois me suis-je retrouvée à accepter des plans de sorties qui me saoûlaient ? À aller « boire des verres » quand j’avais pas envie de boire, dans des endroits trop bruyants, trop enfumés, trop tard en soirée par rapport à mes envies du moment ?
Je suis pas venue ici pour souffrir, c’est pas forcément envoyer bouler mes ami•es en leur disant : vous faites chier à sortir toujours dans le même bar et à enfumer autant nos soirées en appart !!!
L’idée, c’est plutôt d’interroger mes propres envies, et de les leur communiquer. Et si on se faisait plutôt un pique nique dimanche midi, au lieu d’une enième soirée d’appart samedi jusqu’à pas d’heure ?
Ou, au contraire, est-ce qu’on casserait pas notre routine en allant en boîte samedi soir, plutôt que de vider des mauvaises bouteilles de vin, serré•es à 25 dans un appart trop petit ?
Pour toutes les fois où jme laisse bolosser en amitié, je lève mon verre de Perrier-rondelle à ma nouvelle ode : Je suis pas venue ici pour souffrir, ok ?
À lire aussi : L’amitié à l’âge adulte, épisode 3 — Se défaire de ces « amis » qui ne vous veulent pas que du bien
Je suis pas venue ici pour souffrir… en amour
C’est la plus évidente, non ? Une relation amoureuse qui fait souffrir, pourquoi, quel est le but ? Ai-je vraiment besoin de drames et de larmes pour connaître des émotions fortes ?
J’ai zéro patience pour les relations de couple qui ne m’épanouissent pas. Peut-être suis-je un poil trop exigeante, mais je préfère ça à l’alternative, au risque de tomber dans des schémas abusifs…
Je refuse catégoriquement de souffrir en amour, j’ai vraiment ni le temps ni l’énergie dans la vie pour rester avec des gens lorsque nos relations ne sont pas mutuellement épanouissantes, enrichissantes.
Et quand je parle de souffrance, je ne parle pas uniquement des violences physiques, ni des abus psychologiques, mais bien déjà des premières étapes. « Tu as le droit de rompre avec un mec bien », rien que cette leçon est essentielle pour moi.
À lire aussi : REPLAY — You Go Girl #2 : Comment sortir d’une relation toxique ?
Je suis pas venue ici pour souffrir, point de départ hors de ma zone de confort
Pour moi, cette phrase n’a pas vocation à être une excuse pour rester bien au chaud dans ma zone de confort. C’est, au contraire, un élan de sortie. Je m’explique : elle me sert de déclic pour prendre conscience que ma situation est inconfortable, justement.
Souvent, si je me retrouve mal à l’aise ou malheureuse dans le travail, en amour ou en amitié, c’est justement parce que j’ai suivi un schéma « logique », sans prendre en compte assez clairement mes propres envies et mon épanouissement personnel.
C’est comme ça que je me retrouve « enfermée dans le confort d’un CDI », et que je ne remets pas cette situation en cause, au motif que tant de gens rêveraient d’être à ma place.
Sauf que mon bonheur n’est pas conditionné par le vote du public, c’est pas un sondage populaire. La seule voix qui compte, c’est la mienne.
Et commencer par m’interpeller moi-même, en me répétant que « je suis pas venue ici pour souffrir, ok ? », c’est pas la pire des façons de réagir.
C’est un très bon point de départ pour :
- reconnaître qu’une situation ne me convient pas
- réfléchir à ce dont j’ai réellement envie.
Il ne reste plus, ensuite, qu’à créer le plan de sortie de cette situation, vers celle que j’ai envie d’atteindre. Me rappeler que je suis pas venue ici pour souffrir, c’est la première étape d’une démarche de bienveillance envers moi-même.
Si je souffre, c’est pas normal. Cette situation doit changer, et je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour en sortir. Parce qu’effectivement, je suis pas venue ici pour souffrir ! Alors merci Meryem pour cette réaction pleine de bon sens !
Et toi, est-ce que tu t’étais déjà posé la question en ces termes ? Qu’est-ce que tu changerais dans ta vie pour aller mieux ? Comment comptes-tu t’y prendre pour améliorer ton quotidien ? Viens en parler dans les commentaires !
À lire aussi : Pour être heureux, posez-vous cette question 4 fois par jour
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires
@Nedjma
J'ai changé de poste et ça ne va toujours pas, c'est même pire. Je suis dans un milieu majoritairement masculin et qui ne demande pas de qualifications spécifiques. En gros, je suis entourée d'idiots sexistes à l'humour gras. Et ils m'épuisent. Je fais des crises de nerfs, j'ai envie de casser des bouches, et je me suis retrouvée avec le dos bloqué. J'ai donc décidé de démissionner, et c'est comme si un voile se déchirait. Je me sens telleet plus légère !
C'est dommage parce que je pense sue ce métier aurait vraiment pu bénéficier de changements et surtout de féminisme (on fait tellement de social). Bref, je me suis mangé un mur. Ça arrive a tout le monde, mais ça fait mal.