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deux parents autour d'un bébé
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« On m’a déclenchée par 3 méthodes différentes » : Ornella raconte son accouchement

Trois déclenchements et presque trois jours: c’est ce qu’il a fallu à Ornella pour accoucher ! Elle nous raconte ce moment unique, les instants qui l’ont précédé, et ceux qui l’ont suivi.
  • Prénom : Ornella
  • Âge au moment de l’accouchement : 29 ans
  • Bébé attendu le : 15 mai
  • Bébé arrivé le : 27 avril
  • Heure d’arrivée à l’hôpital : 25 avril à 8h00
  • Heure d’accouchement : 27 avril à 14h45
  • Stats : 52cm et 3,270kg

Un an après avoir arrêté la pilule, suite à douze mois d’essais, mon fils s’est invité pendant des vacances en Italie : je suis tombée enceinte. La nouvelle m’a emplie de joie autant qu’elle m’a inquiétée. J’étais en plein changement de travail, j’avais des entretiens pour un nouveau poste, et le timing était… surprenant. Mon partenaire, quant à lui, était si heureux qu’il avait « l’impression d ‘avoir gagné au loto ».

Une grossesse agréable, malgré du diabète gestationnel

À part le besoin de faire deux siestes par jour au premier trimestre  — heureusement que je ne travaillais pas à ce moment-là  — la grossesse s’est très bien passée. Je garde un très bon souvenir de mon partenaire aux petits soins (j’avais droit à des massages de pieds tous les soirs) et de ces moments. Du moins jusqu’au sixième mois, où j’ai fait du diabète gestationnel. Je n’avais plus droit au sucre et là, quand on a déjà les restrictions alimentaires de la grossesse, c’est un peu dur pour les apéros et les sorties…

J’ai été suivie en libéral par une sage-femme, puis une obstétricienne a pris le relais à cause du diabète. De ce fait, j’ai également été suivie par un endocrinologue. J’ai aussi été suivie par un psychologue car j’ai des antécédents de crises psychotiques et de ce point de vue, la grossesse, l’accouchement et le post-partum sont des périodes à risque.

Pour autant, l’accouchement n’était pas une source de stress pour moi. Je me suis beaucoup préparée avec des cours classiques, de l’haptonomie et quelques cours d’hypnothérapie proposés par la clinique. Je me disais, pour me rassurer, que tout le monde sait accoucher et que des milliards de personnes l’avaient déjà fait, même seules à la maison !

Une échographie qui annonce l’accouchement

Trois semaines avant le terme, un vendredi on m’a dit d’appeler mon obstétricienne après une échographie de routine. Les échanges entre le bébé et le placenta n’étaient plus très bons, et j’ai dû aller à la clinique pour faire un monitoring. Là, les professionnels de santé ont décidé de me déclencher le lundi suivant. Entre temps j’ai dû faire un monitoring chaque jour… Ce qui a laissé le temps à la pression de monter tout doucement durant le week-end.

Le lundi matin, à 8 heures à la maternité, on a pris le temps de lire mon projet de naissance, et on m’a inséré un tampon d’hormones pour déclencher le travail. On m’a ensuite conseillé de marcher le matin et de faire une sieste l’après-midi, car les contractions arriveraient en fin de journée. On a suivi ce programme avec mon chéri qui est resté à mes côtés tout au long de mon séjour à la maternité (le pauvre télétravaillait depuis la chambre, et allait faire ses visios dans sa voiture).

Tours de parking le matin, donc, puisqu’on avait pas le droit d’aller ailleurs, puis sieste l’après-midi. Effectivement les contractions sont arrivées tout doucement vers 18 heures. Mon copain a même eu le temps d’aller faire quelques courses à côté pour nous préparer un petit apéro ! 

Après le (premier) déclenchement

Malgré une nuit un peu difficile à cause des contractions, j’ai pu somnoler un peu.

Mardi matin au réveil, le personnel de l’hôpital était content : mon col avait commencé à se dilater, et tout semblait prêt pour l’accouchement. J’ai même perdu les eaux au petit-déjeuner.

On a encore fait de la marche, et j’ai passé beaucoup de temps sur le ballon d’accouchement pour essayer d’avancer le travail. J’essayais de détourner mon attention des contractions, et on a même joué à Mario Kart dans la chambre d’hôpital !

Mario Kart
Ornella et son conjoint en train de jouer à Mario Kart, photographie privée fournie par Ornella

Vu la situation, l’accouchement était prévu dans l’après-midi et la sage-femme m’avait indiqué qu’on poserait surement la péridurale avant midi. Moi, je trouvais que je gérais bien, et que je n’avais même pas mal… Et pour cause !

Au monitoring d’après-manger, on s’est rendu compte que le travail avait tout simplement cessé, au grand étonnement de tout le monde.

C’est reparti pour un nouveau déclenchement, toujours avec des hormones mais cette fois-ci en comprimés. Le programme recommence : re-marche, re-Mario Kart, et re-apéro dans la chambre. Le temps commençait à être long, et nous comptions les bébés qui arrivaient en se disant que le nôtre n’était toujours pas là.

Heureusement, les monitoring réguliers nous rassuraient et nous montraient que tout allait bien pour lui, il n’avait juste pas envie de pointer le bout de son nez tout de suite.

Le retour des contractions

Après le repas du soir, les contractions sont revenues, et cette fois-ci de manière très intense. J’essayais de mettre en pratique mes cours d’haptonomie, d’hypnothérapie, de penser à mon bébé qui arrivait… J’ai même essayé de danser sur du Philippe Katerine et autres morceaux d’une playlist joyeuse qu’on avait faite pour l’occasion.

Vers le milieu de soirée, j’ai demandé à passer en salle nature, une salle où sont disposés des accessoires et des fournitures qui aident au travail. J’y ai pris un bain beaucoup trop chaud (mon mec pensait que plus c’était chaud, mieux c’était… Il l’a donc réglé à 45 degrés) et j’ai beaucoup marché pour contrôler les contractions.

Quand j’ai vomi tout mon repas (ce qui est assez fréquent, mais je ne le savais pas), j’ai commencé à paniquer et j’ai demandé la péridurale. C’est là que nous avons appris que je n’étais dilatée qu’à deux centimètres… Pas encore l’heure.

Vers une heure du matin, on me l’a installée et ce fut la libération. J’ai pu somnoler un peu dans la salle d’accouchement et attendre tranquillement que mon bébé arrive.

Le troisième jour à l’hôpital

Le mercredi matin, il ne s’est pas passé grand-chose puisque j’attendais que le bébé descende. À ce moment-là j’étais sous péridurale et je ne bougeais pas trop. Je regardais les monitorings à l’écran pour passer le temps, et j’écrivais beaucoup à ma maman pour lui raconter ce qu’il se passait.

On m’a encore inséré des hormones (de l’ocytocine, cette fois-ci) à plusieurs reprises pour faire avancer le travail. Enfin, la sage-femme est arrivée et m’a dit qu’il serait bientôt l’heure de pousser.

Elle a tout préparé, et nous avons attendu le dernier moment pour commencer. Mon fils faisait son petit bonhomme de chemin, calmement et comme il fallait, donc aucune raison de précipiter les choses… Mais c’est là que j’ai commencé à faire quelques calculs.

Un périmètre crânien fait environ 34 centimètres. J’étais dilatée à 10 centimètres. Mathématiquement, ça ne passe pas. Je me suis alors mise à réclamer une césarienne, ce qui a bien faire rire tout le monde… Et pourtant, spoiler alert : ce n’est pas passé, j’ai été déchirée pendant l’accouchement, et j’ai eu droit à 10 points de suture.

« J’ai pu avoir ma main sur sa tête pendant la poussée »

Lorsque la sage-femme a commencé à voir ses cheveux, nous avons patienté encore un peu, et c’était parti.

Je garde un souvenir véritablement magique de la poussée. J’avais demandé à pouvoir toucher la tête du bébé au moment où il arrivait, et c’est ce qui m’a été proposé, et même plus. La sage-femme m’a laissé poser ma main sur sa tête tout au long de la poussée, et ce geste m’a donné une force supplémentaire. Je sentais son avancée, et je poussais encore mieux !

Lorsque mon bébé est enfin sorti, la maïeuticienne m’a permis de l’attraper, et j’ai pu le prendre et le poser moi-même sur moi. Toutes les demandes de mon projet de naissance ont été respectées, et je tiens vraiment à la remercier, cette sage-femme (qui était la même lundi à mon arrivée et mercredi à l’accouchement), car sans elle, je n’aurais sans doute pas le même souvenir de ce moment. Globalement, je me suis sentie soutenue tout en voyant mon intimité respectée.

Compte Instagram dédié à la maternité d’Ornella

Après l’accouchement, des jours agréables

Le souvenir de ma rencontre avec mon bébé est assez flou. Je me souviens que j’ai pris le bébé sur moi, que nous l’avons regardé dans les yeux, que nous nous sommes embrassés avec mon conjoint… Mais j’ai l’impression qu’il y a eu une espèce de faille temporelle, et que l’heure de peau à peau est passée en deux minutes. On a pris ensuite un petit selfie, et je l’ai mis au sein.

Pendant ce temps, les sages-femmes s’occupaient de l’expulsion du placenta et de
me recoudre. Moi, j’étais vraiment ailleurs.

Les jours à la maternité qui ont suivi ont été très agréables, nous avions une grande chambre et nous en avons fait un petit cocon. Nous avions même pensé à prendre une petite lampe avec nous pour ne pas avoir à utiliser les néons criards de l’hôpital la nuit. Nous voulions vraiment que ce soit un bon moment. On a continué à se rendre la vie belle à base d’apéros à l’hôpital et de commandes de sushis maintenant que je pouvais en manger. Pour être honnête, on avait plus l’impression d’être à l’hôtel qu’à l’hôpital.

Les membres du personnel médical étaient très gentils également et toujours présents pour
nous aider. J’ai eu des difficultés à allaiter et ils étaient toujours avec moi pour m’aider. Ils nous ont beaucoup appris et beaucoup rassurés sur notre rôle de parents. Au retour chez nous, j’ai eu droit à un gâteau d’accouchement et à une visite de mes parents.

Deux semaines après l’accouchement, je fais une crise psychotique

Mais deux semaines après l’accouchement, sans m’en rendre compte, j’ai eu un épisode psychotique maniaque qui m’a amenée à être hospitalisée en psychiatrie. Ce genre de psychose existe après l’accouchement, mais reste rare. Moi, qui suis suspectée de bipolarité, j’ai un terrain fragile et la fatigue, le stress, la chute d’hormones ont déclenché mes symptômes.

Souvent, on dit de ne pas faire trop de choses sur cette période et de bien se reposer. Mais moi, j’ai voulu faire trop de choses. Gérer ma nouvelle parentalité, inviter du monde à la maison, être une parfaite femme au foyer… Ca n’existe pas, la perfection. Et sans m’en rendre compte, je ne dormais plus. Résultat, deux semaines et demi d’hospitalisation, dont je me suis remise petit à petit. Il m’a fallu du temps pour pouvoir me recentrer sur nous trois !

À lire aussi : Double peine : le Covid toucherait plus durement les personnes atteintes de troubles psy

Crédit photo : William Fortunato / Pexels


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