La prise de poids pendant la grossesse fait partie de la longue liste des inquiétudes relatives à la maternité même si, évidement, elle n’arrive pas à la cheville de la peur des complications médicales.
Et cette prise de poids, elle ne stresse pas que les femmes enceintes ! Les professionnel·les de santé, médecins généralistes, obstétricien·nes et sages-femmes gardent aussi un œil sur la balance afin de pouvoir détecter tout problème de santé comme le diabète gestationnel ou l’hypothyroïdie.
Pour discuter de ce sujet important et qui souffre encore d’idées reçues, j’ai pu interviewer Tania Totolidis Stoltz, médecin généraliste et nutritionniste dans le Vaucluse (si son nom te dit quelque chose, c’est normal, on lui doit plusieurs articles sur Rockie dont l’excellent Le gras est ton ami, il faut l’aimer aussi).
Pourquoi prend-on du poids pendant la grossesse ?
La prise de poids fait partie des aspects inéluctables de la grossesse, et il y a une raison à ça : un bébé, qui pèsera en moyenne 3,5 kg à terme, grandit dans l’utérus de la femme enceinte. Et il ne vient pas tout seul ! Le placenta et le liquide amniotique pèsent aussi sur la balance, tout comme l’utérus, qui grandit et s’épaissit pendant la grossesse.
De plus, pour s’adapter à son état de gestation et préparer la naissance, le corps se transforme : il stocke des graisses qui serviront de réserves énergétiques pour la fin de grossesse et l’allaitement.
Le volume sanguin augmente aussi, tout comme celui des seins, pour nourrir le bébé d’abord in-utero puis après l’accouchement. Comme si ça ne suffisait pas (même si c’est nécessaire), il ne manque plus qu’un peu de rétention d’eau pour faire s’envoler les chiffres digitaux.
Combien de kilos est-il conseillé de prendre pendant la grossesse ?
Selon la professionnelle de santé, « la prise de poids idéale pour une femme de corpulence normale se situe entre 9 et 12 kg ». Ce sont les recommandations officielles de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), mais celles-ci doivent être adaptées au profil de chacune.
« Une femme avec un poids de forme plus petit pourra prendre un peu plus de poids, et il sera conseillé à une femme en obésité de prendre moins, généralement entre 5 et 9 kg », explique Tania.
Quels sont les risques d’une « mauvaise » prise de poids ?
La médecin, qui suit beaucoup de femmes enceintes, avoue ne pas être pour « la rigidité alimentaire » pendant la grossesse, mais elle reconnaît qu’il faut faire attention si la prise de poids est trop importante : « il y a plus de risques de fausse couche précoce, de mort in-utero et de macrosomie, mais aussi d’avoir un accouchement plus compliqué à cause d’un bébé trop gros.
»
Les femmes obèses doivent être plus particulièrement suivies à cause des problèmes de diabète que peut entraîner leur corpulence : « le diabète gestationnel n’est pas réservé aux femmes en situation d’obésité, et une future maman très mince peut aussi être concernée, mais il y a quand même plus de risques. »
Si une trop grande prise de poids pendant la grossesse peut s’avérer dangereuse, ne pas en prendre assez peut aussi être embêtant. Ce n’est pas gênant lorsque la femme a quelques réserves, mais si ce n’est pas le cas et que le poids de départ est déjà faible, il peut y avoir un risque de mort foetale.
« À cause de son impact direct sur le corps, la grossesse peut aggraver des troubles alimentaires préexistants. J’encourage les femmes à ne pas avoir peur d’en parler afin que le ou la médecin qui les suit puisse les conseiller de façon adéquate », alerte Tania.
Une femme enceinte doit-elle manger pour deux ?
Même si l’adage veut qu’une femme enceinte doive manger pour deux, pour elle et pour son bébé, ce n’est pas vrai : « plutôt que de manger pour deux, la femme enceinte doit manger deux fois mieux, corrige Tania. Les 1000 premiers jours du bébé, de la fécondation jusqu’à ses 2 ans environ, sont déterminants pour la santé future de l’enfant. Il est donc important d’avoir une bonne alimentation composée de légumes, de protéines et de féculents semi-complets, et ce même avant de concevoir. »
Pourtant, même si elles n’en ont pas besoin, il arrive souvent que les femmes enceintes aient envie de manger comme quatre : « en début de grossesse, certaines ont tendance à avoir faim plus souvent. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à fractionner ses repas pour éviter les hypoglycémies causées par le grand besoin d’énergie du foetus. L’important, c’est de s’écouter et de manger quand on a faim. Et on peut parfaitement s’autoriser quelques écarts trop gras et trop sucrés de temps en temps. »
Les vitamines et minéraux pendant la grossesse
Avant de se lancer dans les « essais bébé », Tania Stoltz conseille de prendre rendez-vous avec un·e généraliste ou un·e gynécologue afin de se faire prescrire un bilan sanguin : « les résultats permettent de proposer une supplémentation adaptée au profil de la patiente. »
La plupart du temps, on conseille aux femmes de prendre de l’acide folique avant et jusqu’à la fin du premier trimestre de grossesse afin prévenir les risques de malformation du système nerveux de l’enfant : « c’est très bien de prescrire des folates mais il faudrait en faire de même avec l’iode, qu’on a tendance à oublier. Pourtant, les femmes enceintes en ont besoin pendant la grossesse et c’est un oligo-élément essentiel pour le bon développement des hormones thyroïdiennes du bébé », explique la médecin.
Certains choix de vie demandent aussi un suivi plus particulier, notamment le véganisme : « si on est vegan, il est important de le préciser à son médecin avant la conception ou en tout début de grossesse afin qu’il puisse garder un œil sur la possible carence en vitamine B12 ».
Retrouver son poids de forme après la grossesse
« On dit souvent qu’il faut 9 mois pour fabriquer un bébé et 9 mois pour retrouver son corps. C’est un peu nul comme affirmation mais ce n’est pas totalement faux », reconnaît Tania.
Pour reprendre son poids de forme, la professionnelle ne conseille aucun régime spécifique ni restriction particulière : « comme pendant la grossesse, l’important, c’est de s’écouter et de manger quand on a faim. Plus on est obsédée par son poids, plus c’est compliqué de mincir, alors il faut prendre son temps et ne pas se mettre de pression inutile. Une alimentation équilibrée et la reprise d’une activité physique régulière sont normalement suffisantes pour balayer les derniers kilos post-accouchement. »
L’allaitement, recommandé par l’OMS pendant les 6 premiers mois de l’enfant, est souvent présenté comme la botte secrète de celles qui ont rapidement retrouvé leur silhouette pré-grossesse.
Pour la médecin, s’il est vrai que nourrir son enfant au sein demande beaucoup d’énergie, ce n’est pas non plus miraculeux : « quand on allaite, on a tendance à avoir faim plus fréquemment et donc à manger en plus grande quantité, ce qui n’est pas forcément idéal pour perdre du poids. En plus, la fatigue des premiers mois peut entraîner des compulsions, alors il faut quand même faire attention à manger sainement. »
Et toi, quel a été ton rapport à la prise de poids pendant ta grossesse ? Ou si tu souhaites avoir des enfants, est-ce que c’est un sujet qui t’inquiète ?
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.