La Daronne répond à vos questions en essayant de ne pas être trop à côté de la plaque.
La Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés dans une grosse dose d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
La question pour la Daronne
Chère Daronne,
Je suis ce qu’on appelle une « Dog mum ». Je n’ai pas d’enfants et je n’en veux pas, mais j’ai un Pouki qui me comble de joie. Pouki, c’est mon chien de quatre ans que j’ai adopté bébé.
Le problème, c’est que lorsque mes proches parlent de leurs enfants, ils ne comprennent pas que je me permette de répondre en citant Pouki. J’ai parfaitement conscience que les situations sont différentes, mais, moi aussi, je peux traverser ces questionnements inhérents à la présence d’un petit être vulnérable sous mon toit. Je sens qu’on me juge, que pour les parents, mon chien vaut moins qu’un enfant et que j’agace mes amis quand je compare ma vie à la leur.
Mélanie
J’en viens à ne plus oser parler de mon chien, et je trouve ça très injuste. Moi aussi, j’aimerais bien pouvoir raconter les frasques de mon bébé poilu.
Comme je sais que tu as des enfants, je me permets de te poser la question.
La réponse de la Daronne
Mon petit chat (AHAHAHAHAHA)
Avant de commencer, je tenais à te féliciter pour ton bon sens. Moi aussi, j’adore les chiens et je suis toujours enchantée de rencontrer quelqu’un qui partage mon bon goût.
Depuis beaucoup trop d’années, le monde entier se passionne pour les chats. Je ne m’explique pas les raisons de cette passion douteuse : le chat est un animal totalement inintéressant. J’espère que les amateurs de chats ne s’offusqueront pas, après tout le sentiment est entièrement partagé et rien n’indiffère autant un chat qu’un humain qui lui a déjà servi ses croquettes.
Le chat représente tout ce que je déteste avec notre société de l’apparence. Sous prétexte qu’esthétiquement, la bestiole est assez jolie, à onduler comme ça avec ses petites pattes cotonneuses et ses ronrons manipulateurs, on la porte aux nues. Pourtant, comme le prouve la cicatrice que feu ma grand-mère arborait sur le mollet, le chat est avant tout un prédateur dangereux. Et particulièrement son chat de l’époque, qui atteignait des sommets en matière de sadisme.
Bref, revenons à nos moutons, un animal beaucoup moins agressif et méprisant que le chat, qui a l’avantage de distraire mon fils, mais qui ne vaut rien à côté d’un toutou.
Est-ce qu’avoir un chien, c’est la même chose qu’avoir un enfant ?
Je n’aurais jamais pensé devoir répondre à cette question un jour, mais s’il le faut : Non, avoir un chien, ce n’est pas comme avoir un enfant.
Le chien est un mammifère issu du groupe des canidés, alors qu’un enfant fait partie de la famille des primates. Les colonnes vertébrales de ces deux êtres vivants ne sont pas conçues de la même façon. Si nous partageons avec les toutous un système pileux extravagant, lorsque le corps de l’enfant se couvre de poils, il ne marche déjà plus à quatre pattes depuis longtemps. Exception faite de sa première soirée Malibu Passoa. C’est vrai, le chien et le bébé font tous les deux pipis sur le tapis, apprécient les croquettes et parfois même un petit morceau de crotte fraîchement pêché dans un bac à litière.
Pour avoir été moi-même chargée de l’éducation de chiens et d’enfants, je ne crois pourtant pas me tromper en affirmant que cette éducation diffère selon l’espèce. Par exemple, le Daron et moi devons assister plusieurs fois par an aux réunions organisées par l’école de mes enfants. Je ne crois pas que nous serions tenus de participer à ces événements si nous avions eu un chien. Et si tu avais un humain, tu ne serais pas condamnée à ramasser derrière lui, plusieurs fois par jour, jusqu’à la fin de sa vie. Chacun sa croix.
Personne ne compare personne à personne, okay ?
Est-ce que je comprends que les parents te jugent lorsque tu compares ta vie de dog mum à leur vie de kid parent ? Oui.
Je comprends également qu’un parent s’agace si tu compares son adolescent agressif à ton chien qui aboie quand il croise un scooter. Et si Pouki piquait dans la boîte de chocolat à Noël, tu n’aurais pas envie qu’on vienne te parler d’enfants et de fraises Tagada.
Le sujet révèle avant tout un problème plus général : la façon que nous avons de nous projeter, au lieu de nous contenter de recevoir simplement la parole de l’autre.
À force de considérer que toute décision différente des leurs, constitue une critique personnelle, les gens sont infoutus de se raconter des trucs sans que cela tourne à la bataille larvée.
Vive les enfants, vive Pouki, chacun chez soi, les vaches sont bien gardées (et vivent les vaches)
Tu as le droit de préférer la compagnie de Pouki à celle d’un petit humain et tu as totalement le droit de l’assumer. N’en déplaise aux parents, l’amour que tu portes à Pouki ne remet pas l’existence de leur marmaille en cause.
Je n’arrive d’ailleurs pas à croire qu’il faille le préciser, mais non, on ne peut factuellement pas mettre en compétition des chiens et des enfants, ça n’a aucun sens, voyons.
À ce jour, aucune étude scientifique, ni sociologique, ne s’est penchée sur le sujet. En l’absence de consensus, il convient à chaque individu de décider pour lui-même s’il préfère les chiens, les enfants ou les deux. Personnellement, je préfère mes enfants à Pouki (ne m’en veux pas) et toi, tu préfères Pouki à mes enfants (je ne t’en veux pas).
Partant de ce postulat, et avant de clore ce courrier étrange, je voudrais te donner quelques recommandations :
- Écoute tes amis sans te targuer de commentaires personnels qui n’auront rien voir avec le sujet, en fait (même si tu crois que si, c’est non).
- Continue d’aimer et de parler de ton Pouki, pour ce qu’il est, un compagnon aussi unique que merveilleux, que tu n’honores pas à sa juste valeur lorsque tu le compares à un vulgaire bébé humain.
- Éloigne-toi de ceux qui considèrent que tes choix de vie ne valent pas les leurs. Parent ou pas, un proche décent est là pour se réjouir avec toi et faire risette à Pouki comme tu fais risette à leur nouveau-né puant. Je profite d’ailleurs ce courrier pour briser ce tabou : les nourrissons sentent le lait oublié dehors en pleine canicule, le chien mouillé et le vinaigre. En comparaison, les flatulences de Pouki font l’effet d’une brise d’été gorgée de soleil et de lavande.
- Souviens-toi que tout le monde juge, même moi (OH SURTOUT MOI) mais que lorsqu’on juge, souvent, on ne parle que de nous. Car nous, les humains, sommes des animaux très égocentriques, contrairement aux chiens. Vive les chiens.
Je te laisse, Fafoo, mon furet chéri, a besoin de se dégourdir les pattes.
La bisette,
Ta Daronne
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