La Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés dans une grosse dose d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
La question pour la Daronne
Chère Daronne,
J’ai 27 ans et je suis en couple depuis 5 ans avec un homme qui a 20 ans de plus que moi, et qui est déjà père de trois enfants. Il ne veut plus d’enfant. Pour ma part, mon rapport est ambivalent à la maternité, teinté d’angoisses et de culpabilité face à l’injonction sociale et familiale à être mère.
Mon désir de maternité est en perpétuel mouvement et je ne sais comment répondre à la question de la maternité. Renoncer à mon couple ou à un enfant ?
C.
C’est un dilemme déchirant et évidemment faire couple avec un homme qui rejette la paternité m’interroge. Peut-être est-ce un moyen inconscient de faire parler mon « non-désir » d’enfant et de ne pas affronter ma propre ambivalence ?
Je suis perdue et peut-être que tes mots m’aideront à y voir plus clair. J’aimerais lui en parler, mais sans savoir ce que je veux vraiment, les mots pour le dire sont difficiles à trouver.
La réponse de la Daronne
Ma petite personne assise sur la barrière,
Merci pour ton courrier. Tu me fais confiance et j’apprécie, même si, pour me connaitre personnellement, je ne sais pas si je ferais de même. Enfin bon.
Si la question que tu me poses est complexe (tu le sais, sinon tu n’aurais pas eu besoin de me la poser) c’est qu’elle oppose deux vérités contradictoires : avant d’en avoir, la plupart des gens n’ont aucune idée de s’ils veulent des enfants, mais décider (ou non) de faire un enfant n’est pas une décision rationnelle pour autant.
Si tu te demandes comment on peut savoir si on veut des enfants, je suis navrée de t’apprendre que je n’en sais strictement rien. Je suppose que c’est comme tout ce qui fait très très peur dans la vie, si un jour, l’envie est plus forte que la peur, c’est que c’est quand même plutôt oui.
Heureusement, j’ai réussi à explorer quelques pistes de réponses, que je te livre en exclusivité.
Prends le temps de sonder ton cœur (ne dirait-on pas du Fillozat ?)
À 27 ans, il te reste du temps pour affiner ta réflexion, même si cela implique d’avancer sans savoir si ton couple tiendra ou pas sur le long terme. Néanmoins, permets-moi de te rappeler que même si vos désirs s’alignent comme les astres dans un ciel d’août, la terre est pleine d’ex-partenaires, jadis persuadés qu’ils resteraient ensemble toute la vie.
Je crois à l’inconscient, mais je regrette qu’on lui prête autant d’intentions ridicules. Demande son avis au psychologue que je ne suis pas, mais si tu veux le mien, je pense seulement que la majorité des jeunes de 22 ans ne se posent pas de telles questions quand ils se mettent en couple. Et même s’ils la posent, il est parfaitement possible qu’ils changent d’avis en cours de route. Les premières copines qui accouchent (et qui se mangent le post-partum façon coup de pelles dans la tronche), voir ses enfants à lui grandir, trouver ta voix professionnelle, ou personnelle, ou qu’en sais-je, ce sont autant d’événements qui peuvent aiguiser (ou enterrer) ton désir.
Une chose est cependant certaine, il faut que tu puisses en parler à ton conjoint. Je te déconseille d’attendre d’y voir plus clair, et même d’avoir fait ton choix pour ça. Confie-lui tes doutes et ton ambivalence tels quels. Il ne pourra surement pas te répondre clairement, mais en tant que compagnon, je pense qu’il doit posséder ces informations primordiales concernant l’hypothétique avenir de son couple.
Je veux un bébé, je fais quoi ?
Si tu veux devenir mère, mais que tu es toujours très amoureuse de ton partenaire, la suite te semblera froide et cynique. Ce n’est pas ma faute si la vie est foutue comme ça, mais même si l’histoire s’achève dans les caillots et la chair de vos cœurs explosés, vous retomberez amoureux et revivrez de belles histoires. Renoncer à ce couple, ce n’est pas te condamner à un futur de misère amoureuse. Sauf si tu décèdes accidentellement dans les semaines qui suivent cette rupture.
À l’inverse, si cette planète dispose d’un certain nombre de géniteurs potables, tu ne peux avoir un bébé qu’en le fabricant avec une personne consentante (ou presque, comme tu le verras plus bas). Renoncer à ce bébé, pour cet homme, c’est renoncer aux bébés, tout court.
À moins que ?
La norme m’encourage à te pousser dans les bras d’un jeune homme de ton âge aux spermatozoïdes frétillants et motivés. Malgré tout, je crois qu’en 2023, tu peux t’autoriser à explorer de nouvelles pistes, et même celle de faire maternité seule, tout en restant avec ton mec.
Je lis de plus en plus de témoignages de femmes hétérosexuelles, qui ne trouvent pas de configuration satisfaisante. Elles n’ont pas envie de se précipiter par dépit biologique sur le premier cismec basique venu (et comme on les comprend) et décident alors de faire un bébé sans impliquer de géniteur. Don de sperme anonyme (ou pas), coparentalité, méthode traditionnelle avec un copain, est-ce que tu pourrais élever un enfant à toi, conçu avec un géniteur tiers tout en restant avec ton compagnon ? Certes, tu élèverais ce petit seule, mais ta situation ne différerait pas de celles de milliers d’autres femmes célibataires, ou en ménage. Et tu pourrais rester en couple avec ton mec. N’est-ce pas merveilleux ? Ou bien a minima, envisageable ?
J’espère que mes pistes de réflexion t’aideront à y voir plus clair, je dois te laisser, mes enfants sont en train de torturer leur père, je dois le sauver,
La bisette,
Ta Daronne
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Concernant le fait de faire un enfant seule, c'est beau sur le papier mais on sait très bien que financièrement, ça peut être très compliqué. Faut vraiment en être consciente et avoir de l'aide autour (si maladie, rupture du boulot, ...). Il n'y aura qu'un salaire et qu'une seule personne pour gérer la charge mentale.
Pour faire un enfant en coparentalité, la France est assez compliquée au niveau du droit (on est certes plus à "1 papa et 1 maman" mais on reste au concept de "2 adultes qui sont ou ont été ensemble". Donc en cas de séparation de l'ami-père, il faut que les choses soient carrées.
Et bon, autant tomber amoureuse et "imposer" son enfant à son nouveau partenaire, c'est une chose, autant demander à son partenaire actuel d'accueillir un bébé qui ne serait pas le sien (ou le sien en le forçant), ben faut un mec sacrément ouvert et avec qui le dialogue marche vraiment...
En tout cas je souhaite à toutes les femmes qui se posent toutes ces questions de trouver leur bonheur et de ne pas avoir de regrets ensuite