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Grossesse

Elles ont fait une PMA toutes seules, voici leurs conseils

Qu’est-ce qui attend les premières femmes célibataires qui se lanceront dans une PMA en France ? On a demandé à deux mères de nous partager leur expérience, entre parcours médical, parentalité solo et pression sociale.

Si c’était à refaire, Marie « le referait sans hésitation ». À 47 ans, elle est la mère de Mathilde et Aglaé, des jumelles de sept ans.

Son parcours, elle l’a trouvé « très simple » et se dit qu’elle a eu de la chance : une décision prise au printemps 2013, un premier rendez-vous dans une clinique espagnole (préférée à la Belgique alors qu’elle vit plus près, à Strasbourg), un traitement pour stimuler les hormones, et une première tentative d’insémination artificielle réussie dès le premier cycle !

Et là, le choc, quand elle apprend qu’elle attend des jumeaux ou jumelles.

« C’est devenu soudain très réel : j’allais me retrouver seule avec deux enfants. Et je me suis posé plein de questions, peut-être bêtes : comment allaiter deux bébés ? Faut-il les faire dormir dans la même chambre ? ».

Puis la joie a pris le dessus : « je me suis dit que c’était trop chouette, moi qui viens d’une grande famille et ai toujours voulu plusieurs enfants ».

« Vous êtes sûre d’être le seul parent ? »

Dans sa réflexion de parent solo, elle voulait éviter de « faire couple avec son enfant », de former un duo trop fusionnel.

« J’ai aussi tourné la question du père dans tous les sens : allais-je priver un enfant de quelque chose ? »

Finalement, elle se dit que les familles sans père, ça existe déjà. Plus tard, sa grand-mère lui dira même en blaguant qu’elle s’en sort peut-être mieux ainsi :

« Elle m’a dit : “de toute façon, les hommes n’aident pas, donc tu as raison ma poule, je suis fière de toi !” »

Cette boutade a beaucoup soulagé Marie, qui craignait la réaction de cette mamie vietnamienne très croyante. D’ailleurs, elle n’avait parlé de sa démarche à personne. Pendant des années, elle avait le projet, presque concrétisé, d’adopter. Mais les délais d’attente très longs pour une femme seule ont fini par avoir raison de sa motivation.

Quand sa famille a appris sa grossesse, « ils étaient tous fous, super contents », se souvient Marie. Et si « le reste du monde », elle « s’en fiche un peu », elle constate quand même que toute la société a un avis sur sa parentalité :

« Les gens se disent “elle n’a pas réussi à retenir un mec” ou “c’est un caprice”. C’est aussi compliqué de dire qu’on est crevée, parce qu’on va me répondre “Tu l’as bien voulu”… »

Au quotidien, elle bute sur une certaine ignorance institutionnelle : pour la rentrée de ses filles en CP, elle a prévenu la directrice d’école qu’elle était le seul parent de ses enfants. Laquelle lui a répondu « Vous en êtes sûre ? », craignant une femme divorcée voulant évincer son ex-mari.

« Ce n’est pas ancré dans les schémas familiaux. On n’est pas encore prêt pour les mères seules — ni les institutions ni la société ».

Isabelle, mère solo parisienne, a fait une expérience amère quand sa fille Charlotte, 6 ans, était encore à la crèche :

« Étant seule, on s’adressait à moi de manière paternaliste. Et quand j’ai eu un compagnon, l’attitude a été totalement différente, le personnel était comme soulagé que je me sois “trouvé quelqu’un”. »

Plus tard, quand sa fille racontait à l’école qu’elle n’avait pas de père, « les enfants la traitaient de menteuse ». Aglaé et Mathilde, les petites Strasbourgeoises, se sont entendues rétorquer :

« Ce n’est pas possible, une famille où il n’y a qu’une maman. »

Une femme serre tendrement dans ses bras un petit bébé.
Qui a dit qu’il fallait un père pour accueillir un enfant ?
(Crédit photo : Isaac Quesada / Unsplash)

« Si je trouve pas d’amoureux je ferais comme tata »

Alors, il faut faire preuve de pédagogie. Avec les enfants eux-mêmes, pour commencer. Pour leur expliquer pourquoi les autres enfants ne comprennent pas leur situation. Marie a fait le choix de « ne pas anticiper les questions de [s]es filles, mais de ne rien éluder non plus ».

À l’âge de 3 ans, elles lui ont demandé « Pourquoi on n’a pas de papa ? ». Elle leur a raconté qu’il y a plein de familles différentes. À 6 ans, elles ont dit qu’il fallait un papa et une maman pour faire un bébé. Alors Marie a précisé qu’il fallait seulement « la graine d’un monsieur et les œufs d’une dame » :

« Je leur ai dit que j’avais les œufs, mais pas la graine, et que j’étais allée en chercher dans un hôpital, car je n’avais pas d’amoureux ».

Isabelle, elle, a exploré avec sa fille des livres sur les différents modèles de famille, « pour pouvoir mettre des mots simples dessus » :

« J’en ai toujours parlé avec elle, sans tabou, et j’ai constaté que les enfants comprennent très vite et sans jugement ».

Comme sa nièce, qui prévoit déjà de « faire comme tata si [elle] ne trouve pas d’amoureux : aller chercher une petite graine ». « Donc ça évolue ! » sourit Isabelle.

La PMA en solo : entre préparation et improvisation

Même si les choses ne bougent que doucement, cette désapprobation sociale ne doit pas freiner les projets d’enfant, selon Marie :

« L’important, c’est d’avoir mûri la réflexion sur le désir d’enfant, et, une fois qu’on est sûre, si la PMA est le moyen qui s’impose à nous, il faut y aller. »

Même si on n’a pas une situation stable ? « Moi j’étais en CDD, je n’avais pas de voiture et j’étais seule… est-on jamais prête ? », questionne-t-elle. Isabelle se rappelle s’être un peu préparée en lisant beaucoup de livres de sociologie notamment, mais estime aujourd’hui qu’on ne peut « jamais vraiment imaginer ce que ce sera ».

Elle conseille de ne pas se poser trop de questions, d’autant plus si la future mère n’a plus beaucoup de temps devant elle (la PMA est remboursée jusqu’à 43 ans, et on estime que la fertilité baisse nettement après 37 ans).

Elle concède quand même s’être lancée après s’être assurée qu’elle en aurait les moyens : pour augmenter un peu son salaire de professeure dans le secondaire, elle a passé l’agrégation. « C’est vrai qu’il faut un peu s’organiser », ajoute-t-elle. « Par exemple, j’habite à 3 minutes de mon travail ».

Et puisqu’en PMA, c’est le cycle d’ovulation qui décide, il faut pouvoir être flexible, se souvient Marie :

« On testait mon taux d’hormone, et s’il était assez élevé pour envisager un transfert [une insémination, ndlr], il fallait pouvoir aller à l’hôpital le lendemain ».

Mais contrairement à Isabelle et Marie, les futures mamans solo françaises n’auront pas à organiser de voyage en catastrophe, ni à payer de clinique, ce qui représente de sacrées économies.

Isabelle avait déboursé 5000 euros pour faire une FIV (fécondation in vitro, fortement encouragée à partir de 38 ans en Belgique), et des centaines d’euros de train.

Désormais, en France, la PMA est accessible et remboursée pour toutes les femmes (cisgenres), dans la limite de quatre FIV et six inséminations artificielles. Marie prévient quand même que la procédure en elle-même peut être intimidante et un peu froide :

« Le mot est peut-être fort, mais c’est un peu “l’usine” : on vous prend à l’heure prévue, on fait le transfert et vous repartez. Moi j’y étais allée seule et je ne l’ai pas très bien vécu.»

Penser à s’entourer avant de faire une PMA en tant que femme célibataire

Marie était prête à vivre une procédure longue et coûteuse. Mais elle n’avait pas tout anticipé pour la suite :

« Ce qui est difficile dans la vie de tous les jours, c’est qu’il n’y a pas de tierce personne. Je suis la seule à prendre toutes les décisions, je ne peux pas passer le relais quand je suis fatiguée ou énervée »

« Pour le sommeil, c’était dur au début », renchérit Isabelle.

« Si c’était à refaire, je prendrais une nurse de nuit [une puéricultrice qui vient s’occuper de l’enfant la nuit, lui donne ses biberons, etc. ndlr]. Mais cela ne veut pas dire que je regrette mon projet solo : je connais beaucoup de femmes en couple qui ne dorment quand même pas la nuit. Au quotidien, le mari peut être comme un deuxième enfant, donc ça en rajoute en charge mentale ».

Marie se dit aussi parfois que contrairement à d’autres mamans solo, elle a « l’avantage de ne pas devoir gérer la relation avec l’ex ». Pour la logistique, elle a eu « la chance énorme » que sa mère ait pris deux mois de congé pour emménager avec elle.

Isabelle dit aux futures mamans de « ne pas hésiter à prendre une baby-sitter ». La sienne récupère Charlotte deux fois par semaine à l’école :

« C’est aussi bénéfique pour avoir quelqu’un d’autre qui échange avec mon enfant. Elle lui dit parfois des choses qu’elle ne me dit pas à moi. »

Et, dans tous les cas, elle souhaite rassurer les inquiétudes vis-à-vis de la solitude :

« J’avais peur de ça mais je ne suis jamais vraiment seule : il y a le grand-père, l’oncle, les amis et amie… ».

Elle pointe que rencontrer d’autres mères solo peut faire beaucoup de bien : avec quatre autres femmes qui sont passées par une PMA à l’étranger, elle a fondé l’association Mam’en solo, qui organise notamment des événements collectifs. Au printemps, elles étaient plusieurs dizaines à se réunir pour un pique-nique à Paris. Et elles sont près de 1500 dans toute la France, mères ou futures mères.

« C’est aussi très chouette pour les enfants, de pouvoir leur faire rencontrer d’autres enfants qui n’ont qu’une maman. Ils se sentent moins seuls. »

Ces parcours de femmes qui ont fait un ou plusieurs enfants toutes seules, par PMA, sont riches d’enseignement pour celles qui leur emboîteront le pas. Courage à vous, en espérant que vos futurs bébés feront vite leurs nuits !

Crédit photo : Gabriel Tovar / Unsplash


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