Bon, ce n’est pas une surprise : la dernière étude de l’Apec confirme que les femmes cadres continuent d’être discriminées en entreprise. À profils et postes équivalents, elles sont payées 7% de moins que leurs homologues masculins.
Elles accèdent aussi moins souvent à des fonctions de management ou à des postes de direction : 35% des femmes cadres sont managers contre 43% des hommes cadres. Et quand elles y parviennent, elles ont tendance à manager des équipes plus petites et ont moins souvent un budget à gérer.
« Des discriminations ? Pas dans notre entreprise voyons ! »
Pourtant, la majorité des cadres masculins ne semblent même pas avoir conscience du problème. Des discriminations ? Où ça ?
En effet, seuls 43% d’entre eux estiment qu’il existe des inégalités salariales entre les femmes et les hommes dans leur entreprise (contre 63% de leurs collègues féminines). Ce décalage est même encore plus important pour la tranche d’âge des 35-54 ans : 40% VS 65%.
Les hommes cadres sont aussi beaucoup plus nombreux à penser que les femmes et les hommes ont les mêmes chances de réussite au sein de leur entreprise. 87% d’entre eux le pensent contre 63% de leurs homologues féminines.
Là aussi, c’est chez les 35-54 ans que la différence de perception est la plus criante : 87% des hommes VS 59% des femmes sont persuadés que la méritocratie s’exerce parfaitement dans leur boîte.
« Non, mais les inégalités professionnelles, ça va mieux quand même ! »
Lorsqu’on demande aux cadres si les inégalités entre les femmes et les hommes se sont réduites dans le monde du travail ces cinq dernières années (notamment grâce à l’allongement du congé paternité
et à la création de l’index de l’égalité professionnelle), c’est plutôt le scepticisme qui prime.
Les mecs sont quand même plus optimistes : 41% d’entre eux pensent que la situation s’est améliorée depuis cinq ans, contre 14% des femmes.
Assez logiquement, une large majorité des hommes (82%) pensent que leur entreprise en fait assez sur le sujet de l’égalité. Les femmes sont moins nombreuses (60%) à partager cette opinion.
« Des quotas ? Euh… mais c’est pas un coup des féministes pour nous voler nos places au soleil, ça ? »
Non seulement les hommes perçoivent moins les inégalités que les femmes, mais en plus ils ne sont pas ultras chauds pour des mesures contraignantes (pour eux) visant à améliorer la situation. Quelle surprise !
La majorité ne souhaite par exemple pas que des quotas soient mis en place dans les comités de direction et les comex, à l’image de ce qui existe déjà pour les conseils d’administration depuis la loi Coppé-Zimmermann.
Seuls 34% des hommes cadres y sont favorables, contre 52% des femmes. Là encore, c’est chez les 35-54 ans que l’écart est le plus important : 31% VS 57%. Le fait que ça soit le moment où l’on accède (ou pas) au comité de direction n’y est sans doute pas pour rien…
Si les conclusions de l’étude ne sont pas étonnantes, c’est la première fois que le décalage de perception des inégalités entre les hommes et les femmes est illustré aussi clairement. Vivement qu’on mène ce genre d’études sur les discriminations liées aux origines, tiens !
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