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Top 4 des types de clients croisés au café du coin, en télétravail

Être en télétravail ne veut pas forcément dire qu’on doit toujours bosser depuis son canapé. Parfois, on peut s’exporter dans le café du coin de la rue, et être fascinée par la population qui y fait son trou, tout comme nous.

Je suis en télétravail depuis quelques mois. Pas qu’un peu, mais totalement. Ce qui veut dire que mon bureau, ce n’est plus la rédaction dans nos locaux parisiens, mais une petite partie de ma chambre, avec une chaise (qui roule, et ouais), une étagère et un bureau en bois. J’y ai accroché des affiches, j’ai transporté tout le bordel que j’avais accumulé à la rédac (mes collègues sont bien contents de ne plus voir mes piles de livres et de jouets) et je l’ai installé dans mon nouvel appart, dans la nouvelle ville où je vis désormais, loin du tumulte parisien. Et même si j’adore ce nouvel environnement, que je m’y sens bien et qu’il me convient la plupart du temps, j’aime aussi en sortir pour aller m’installer dans le café du coin, à deux pas de mon nouveau chez-moi.

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Ce lieu, il ressemble à tous les cafés un peu cosy qu’on peut trouver dans toutes les plus ou moins grandes villes de France. Des canapés confortables, une jolie déco, des cappuccinos et même des petits gâteaux maisons qui se dévorent bien trop rapidement. Tout est là. Et ce qu’il y a surtout, et qui me fascine chaque jour, c’est sa clientèle. Les visages changent chaque jour, mais les comportements se retrouvent presque à chaque fois, et j’ai voulu vous en dresser le portrait. Peut-être êtes-vous l’une de ces personnes, peut-être êtes-vous la gérante d’un de ces cafés, peut-être que vous êtes comme moi, l’une de celles qui adorent observer les gens assis à proximité, et imaginer ce qu’est leur vie. Ces portraits sont dressés au féminin, parce que, déformation professionnelle oblige, j’observe davantage les femmes que les hommes.

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Celle qui est toujours pressée

Elle est souvent là, dès l’ouverture du café, mais elle ne compte pas du tout s’installer dans un des confortables canapés à l’assise un peu usée. Pour elle, chaque jour, c’est un latte macchiato à emporter dans son thermos et un cookie végan. Elle ne supporte pas que la file d’attente devant elle n’avance pas et pianote frénétiquement sur son portefeuille qu’elle tient dans ses mains. Elle n’hésite pas à soupirer très fort si la personne devant elle a l’audace de ne pas savoir immédiatement ce qu’elle veut commander et qu’elle ose hésiter. Mais même impatiente, elle reste toujours très polie et sympathique avec celle qui lui sert sa boisson. Peut-être qu’elle a déjà fait ce métier dans une précédente vie, qu’elle sait ce que c’est, et qu’elle ne veut pas que son impatience impacte la personne en face d’elle.

Pour elle, que nous appellerons ici Sophie, tout doit aller vite, elle n’a pas le temps. Elle a déposé ses enfants à l’école (et l’un d’eux a visiblement oublié son manteau vu qu’elle le porte sur le bras, accolé à son sac à main) et elle a 17 minutes porte-à-porte pour se retrouver derrière son bureau, ouvrir et trier sa boite mail, avant de passer tout un tas de coups de fils qui seront sûrement très importants, puisque, je vous l’ai déjà dit, elle n’a pas le temps d’attendre, elle est déjà en retard.

Elle est de celles qui arrivent à marcher vite avec une paire de talons très hauts et je l’admire tellement pour ça, moi qui arrive à trébucher même en ne portant que des baskets plus plates que le QI de Darmanin. Je la vois monter dans sa voiture garée en double file, jeter son sac et le manteau de son môme sur le siège passager, et partir à toute vitesse, oubliant son latte macchiato sur le toit de sa bagnole.

Celle qui vient ici pour papoter

Si je dois lui donner un âge approximatif, je dirai qu’elle doit avoir dans les 75 ans bien trempé. Peut-être même un peu plus, mais je n’ai jamais été douée pour donner un âge aux gens, alors bon, c’est à la louche. Elle, je l’appelle Marianne dans ma tête, parce qu’elle a un port de tête plein de fierté, un peu comme une ancienne danseuse étoile, et un regard très franc. C’est ce regard si direct qui me fixe ce matin, ou plutôt qui fixe mes autocollants Madmoizelle collés sur mon ordinateur.

Elle n’hésite pas à engager la conversation, à me demander ce que je fais comme travail, depuis combien de temps, ce que je suis en train d’écrire, ce que j’ai déjà écrit, pourquoi je fais ça, etc. Ses questions fusent, mais elle n’est pas intrusive, juste curieuse et c’est touchant. Elle me parle de féminisme, des manifestations auxquelles elle a participé plus jeune, de droit à l’avortement et de sa grande cousine qui avait dû faire ça clandestinement, il y a quelques décennies. Elle me paye un cookie et s’installe à côté de moi, et je n’ose pas lui dire que j’ai un article à écrire et que je n’ai pas vraiment le temps de papoter.

Bon tant pis, ça vaut le coup de discuter, j’écrirai mon article plus tard, quand elle en aura marre de débattre avec moi des différentes méthodes éducatives pour les enfants et des violences policières. Oui, dès le matin, je suis au ta-quet.

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Celle qui est là pour bosser toute la journée

Elle a tout prévu : son ordi, sa tablette, son téléphone et surtout, ce que moi, j’oublie systématiquement : les chargeurs pour tout ce matos électronique. Clairement, ce n’est pas une débutante du télétravail, on voit qu’elle est rodée, Amélie. Oui, je l’appelle Amélie, ça lui va bien, je trouve. Elle a un look que j’adorerais imiter, mais je n’ai visiblement pas son talent pour l’assemblage des couleurs et des matières. Ses bras sont tatoués, ses oreilles sont percées, son ordinateur tout décoré. Elle reste assise là toute la journée, à pianoter et à utiliser son trackpad avec énergie.

Elle fait souvent des Google Meet avec tout un tas de personnes, et j’arrive facilement à voir si elle a allumé sa caméra, juste en regardant si un sourire un peu forcé se colle sur ses lèvres. Elle doit être graphiste freelance ou quelque chose du genre, et une fois, je l’ai entendue être d’une diplomatie sans faille face à un potentiel client qui n’avait visiblement pas compris le concept même de la création artistique.

On se fait souvent des eye contact pendant la journée, plein de sororité, de ceux qui veulent dire « ouais, toi-même-tu-sais, le boulot parfois ça fait eich« . Je l’aime bien Amélie, je pense même que si je n’étais pas si associable et timide, on pourrait devenir pote, mais que voulez-vous, j’ai déjà du mal à me lier avec les gens que je connais, alors les parfaites inconnues, ce n’est pas pour tout de suite, vous en conviendrez.

Celle qui attend quelqu’un

Je ne sais pas qui elle attend, mais elle attend depuis vachement longtemps. Ou alors, peut-être qu’elle était très en avance sur l’heure du rendez-vous et que le temps s’étire et se rallonge, rendant les minutes qui la rapproche de celui ou celle qu’elle attend encore plus longues, mettant à mal sa patience.

Elle essaye de ne pas faire « celle qui attend » en scrollant sur ton téléphone, mais je la vois jeter un œil vers la porte, systématiquement dès que celle-ci s’ouvre. Son regard s’assombrit dès qu’elle voit que ce n’est pas celui ou celle qui devait la rejoindre, et elle retourne sur son téléphone, le dos rond, enfoncée un peu plus dans un des larges fauteuils en velours bleu. Je décide de l’appeler Myriam, parce que c’est un prénom qui lui va bien, et j’en suis presque à être déçue pour et avec elle, de voir que celui ou celle qu’elle attend n’est toujours pas celui ou celle qui vient de passer la porte. Quelle frustration.

Forcément, j’essaye d’imaginer : est-ce qu’elle attend son mec ? Sa meuf ? Un futur date ? Une ou un ami ? Un collègue de boulot ? Est-ce que c’est pour un entretien d’embauche un peu informel ? Est-ce que c’est quelqu’un de sa famille ? Si ça se trouve, c’est son père qu’elle n’a pas vu depuis des années, celui qui a quitté sa mère du jour au lendemain et qui les a laissées toutes les deux, seules. Peut-être qu’elle a décidé de lui donner une seconde chance après toutes ces années et qu’elle a accepté d’aller boire un café avec lui, pour écouter ce qu’il a à lui dire. Franchement, il a plutôt intérêt à ne pas être en retard, son père. Déjà qu’il s’est comporté comme le dernier des cons en les abandonnant alors qu’elle n’avait même pas 10 ans, il a plutôt intérêt à gérer ce rendez-vous, vous ne croyez pas ? La porte s’ouvre, et le regard de Myriam pétille : ce n’est pas son père, mais ç’a l’air d’être encore mieux que ça.

Allez, la prochaine fois, je vous dresserai le portrait de celle qui fait semblant de travailler et qui passe son aprèm à regarder des Reels sur Instagram en actionnant son trackpad de temps en temps pour que son ordinateur ne se mette pas en veille, de celle qui commande deux cafés tous les jours, mais qui ne les boit pas, et de celle qui rit si fort qu’on se demande si elle s’est fait mal quelque part.


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