Après plus d’un an de télétravail à temps plus ou moins plein, l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens de la CGT, a demandé aux salariées et salariés comment ils et elles se sentaient. Les résultats de cette grande enquête sur le télétravail menée en mai-juin 2021 auprès de 15.000 répondants sont mitigés.
Si la quasi-totalité des personnes interrogées souhaitent poursuivre le télétravail (2 ou 3 jours par semaine) afin de réduire le temps passé dans les transports et avoir un meilleur équilibre vie pro / vie perso, elles sont nombreuses à pointer les inconvénients et les risques de cette nouvelle forme de boulot.
La santé des femmes malmenée par le télétravail
Les femmes sont d’ailleurs plus nombreuses à déclarer souffrir de cette situation imposée par la pandémie. Le télétravail a en effet eu des conséquences très concrètes sur leur santé physique.
Ainsi, les télétravailleuses déclarent davantage de maux de tête et de gènes oculaires (44 % contre 33 % pour les hommes), ainsi que plus de douleurs musculaires ou squelettiques (38 % contre 25 % pour les hommes).
Il faut dire que dans la majorité des cas, les employeurs n’ont pas investi pour acheter des équipements de travail pour leurs salariés (deuxième écran, siège ergonomique, etc).
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Les salariées sont aussi moins nombreuses à bénéficier d’un espace dédié pour travailler et s’isoler chez elles — et c’est une journaliste qui bosse depuis sa table de salle à manger qui vous l’écrit —. Elles sont 33 % à dire ne pas en avoir contre 30 % des hommes.
Plus de symptômes dépressifs chez les télétravailleuses
La santé mentale des femmes qui télétravaillent est aussi un peu plus préoccupante que celle des hommes (mais des biais genrés peuvent également entrer en ligne de compte, les femmes déclarant en général plus spontanément des difficultés de cet ordre).
Dans l’échantillon de la CGT, 19 % des télétravailleurs et télétravailleuses déclarent un symptôme dépressif. Un taux plus dégradé pour les femmes (20 % contre 18 % pour les hommes).
Une situation d’autant plus inquiétante, que les managers semblent avoir des difficultés à identifier ces problèmes à distance.
Seul·e·s 8 % d’entre eux s’estiment tout à fait sûrs de pouvoir détecter une situation de mal-être ou de difficulté de leur équipe ! C’est le sens d’un travail fondé sur le relationnel qui est directement impacté. Malgré cela, moins de 2 manageurs sur 10 ont eu accès à une formation au management à distance !
Étude de l’UGICT-CGT
Garde d’enfants et télétravail : les femmes en première ligne
Huit parents sur dix interrogés dans le cadre de l’étude disent avoir déjà fait l’expérience de télétravailler tout en s’occupant de leurs enfants.
Une situation difficilement soutenable sur le long terme et qui pénalise spécifiquement les femmes, qui sont un quart à signaler que le cumul télétravail et garde d’enfant était fréquent en 2020/2021 (contre 20 % des hommes). Elles sont par ailleurs 61 % à dire avoir dû assumer cette charge seules contre 31 % des hommes !
C’est même la double peine pour les femmes qui se tapent plus de contraintes : un tiers des télétravailleuses n’ont pas la possibilité d’adapter leurs horaires, alors que cela ne concerne que 21 % des hommes.
Sans surprise, cette situation crée des conflits familiaux : 20 % des femmes (contre 14 % des hommes) déclarent avoir été fréquemment confrontées à des tensions avec leurs enfants en télétravaillant.
Quant à être placée en activité partielle pour garde d’enfant (ou ASA dans le public) : seules 9% des personnes interrogées ont pu en bénéficier. Et un tiers d’entre elles disent avoir continué à travailler durant cette période ! Un chiffre qui « confirme la fraude massive à l’activité partielle » pour la CGT.
En télétravail, les femmes font moins de pauses et sont plus fatiguées que les hommes
Autre indicateur qui montre que les femmes sont plus pénalisées par le télétravail : elles sont moins nombreuses à déclarer avoir des pauses plus fréquentes et des durées de pause plus longues en télétravail : respectivement 21,5 % et 24 % (contre 28 % et 30 % pour les hommes) !
Tous ces facteurs se répercutent logiquement sur la fatigue : 34 % des femmes (contre 30 % des hommes) affirment être plus fatiguées en télétravail qu’en présentiel.
Il faut dire que pour l’ensemble des personnes en télétravail, les frontières vie pro / vie perso sont devenues plus floues et que le droit à la déconnexion n’est pas toujours respecté. Deux tiers des répondantes déclarent ainsi recevoir des sollicitations durant leurs périodes de congé, dont 10 % tout le temps !
Une situation qui selon la CGT nécessite de durcir la loi pour garantir le droit à la déconnexion :
« Alors que les entreprises ont, depuis 2016, l’obligation de définir des dispositifs garantissant le droit à la déconnexion, il s’agit dans la majorité des cas de pétitions de principe sans effectivité. Pour garantir le droit à la déconnexion, la loi doit imposer la mise en place de trêve de mails et de messages professionnels !
Le télétravail va bouleverser durablement l’organisation du travail, il y a donc urgence à mettre en place des régulations collectives pour prévenir les risques sur la santé, empêcher le délitement du collectif de travail, et garantir le respect du droit. »
Étude de l’UGICT-CGT
Un sujet dont l’ensemble des partenaires sociaux devraient se saisir rapidement, tout comme le gouvernement avant que plus de télétravailleuses et télétravailleurs ne soient touchés.
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Crédit photo : Alex Green / Pexels
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Les Commentaires
Je suis cadre donc pas d'horaires, c'est aussi arrangeant quand je dois aller chez le.doc que bébé est malade (pas besoin de poser toute une matinée). Et j'ai tendance à en faire plus parfois pr compenser la nullité d'autres (oui je suis cash certains collègues sont des boulets et quand un projet te tient à coeur, tu te sacrifies un peu trop..). J'ai une boss au top qui me demande régulièrement si j'en fais pas trop, donc il y a une part d'auto-pression c'est sur.
Avant le télétravail je n'avais pas d'enfants et je me permettais de rester plus tard, de m'organiser autrement. Là je dois tout condenser. Certains au boulot se permettent aussi d'organiser d réunions plus tôt ou tard, pdt la pause dej, car tt le.monde sait qu'on est à la maison dc pas de temps de transport, en ligne en permanence.. c un peu vicieux.
Mon conjoint rentre du boulot à 21h30 au moins 3 x par semaine. Je gère donc les soirées. Et clairement la répartition avec bébé n'est pas équitable :j'ai eu un congé mat plus long, j'ai pris bcp plus de choses des le début et je suis incapable de revenir en arrière persuadée que le bien-être de bébé en dépend.