« L’omerta a assez duré, brisons la ensemble ». Ce sont les mots qui concluent l’introduction du rapport de l’Association nationale des étudiants en médecine de France, qui alarme sur la réalité des violences sexistes et sexuelles dans les études médicales.
Quelques mois après le mouvement #SciencePorcs qui dénonçait la culture du viol dans les IEP, ce sont les étudiantes et étudiants en médecine qui s’élèvent contre les violences sexistes au sein de leur milieu professionnel et académique.
Avec plus de 4000 étudiantes et étudiants interrogés, pour une enquête diffusée sur tout le territoire français, les résultats de l’association sont sans appel : non seulement l’hôpital est un milieu marqué par ces violences, mais elles y sont encore trop banalisées.
30% des étudiants et étudiants déclarent avoir été harcelés sexuellement
À la question « Avez-vous déjà reçu des remarques sexistes à l’hôpital ? », près de 4 personnes interrogées sur 10 répondent par la positive. Analysées en prenant en compte le critère du genre, ces réponses dessinent un tableau emprunt de misogynie, puisque 49,7% des femmes interrogées, soit près d’une étudiante sur deux, ont déjà vécu cette situation (contre 12% des hommes).
L’étude se base sur la récurrence de ces faits pour les qualifier de harcèlement sexuel. Or, 38% des femmes interrogées déclarent avoir subi des remarques de manières répétitives : elles sont quatre fois plus que leurs pairs masculins (10%).
En moyenne, ce sont donc 30% des externes en médecine qui ont été harcelés sexuellement à l’hôpital, sur leur lieu de travail.
Les chiffres mettent par ailleurs en lumière une autre réalité glaçante : dans 9 cas sur 10, ces actes sont opérés par des supérieurs hiérarchiques
, en position de pouvoir assumée sur ces étudiantes et étudiants.
Par ailleurs plus de 20% des femmes interrogées affirment été mises mal à l’aise par des remarques non sollicitées sur leur vie sexuelle. Dans la majorité des cas (51,8%), elles sont l’œuvre d’un ou d’une supérieure hiérarchique.
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Face à ces actes, les victimes parlent peu
Parmi les victimes, seule une proportion restreinte choisi de signaler ces agissements, principalement à leurs proches. Le harcèlement sexuel étant un délit condamné par la loi, l’association a l’origine de l’étude a choisi d’interroger les raisons de ce silence.
L’explication la plus fréquente de la part des étudiants et étudiantes est que signaler ne sert à rien. Parmi les autres réponses récurrentes, on trouve notamment le fait de ne pas savoir à qui s’adresser, mais aussi la peur des retombées possibles de ce signalement sur leurs études et leur carrière.
Des chiffres qui témoignent d’un système où la parole, loin d’être libérée, ne permet pas de trouver une solution viable pour les victimes.
La fac de médecine est aussi un lieu de sexisme et de violences
Hors des murs de l’hôpital, cette culture sexiste est aussi bien présente à l’université. Ainsi, les chansons paillardes censées représenter « l’esprit carabin » des étudiants en médecine sont considérées comme blessantes pour près d’une personne sur 8, dont 16% des femmes.
Si le cadre est différent, les chiffres changent peu : près d’une étudiante sur deux subit des remarques sexistes. Elles sont trois fois plus que les hommes à relever ces agissements. Quant au harcèlement sexuel, ce sont deux étudiantes sur cinq et un étudiant sur 8 qui déclarent en avoir été victimes au cours de leur cursus.
L’étude révèle par ailleurs que 15% des étudiantes en médecine ont été la cible d’agression sexuelle au cours de leur vie universitaire, et 3,5 % d’entre elles ont subi des viols. Ces violences ont lieu, dans la grande majorité des cas, lors d’évènements « festifs » (galas, week-end, soirées…). Dans ces cas, les agresseurs sont la plupart du temps d’autres étudiants.
C’est donc l’intégralité du monde des études médicales qu’il est urgent de repenser : des études aux stages, les violences sexistes et sexuelles marquent lourdement les parcours des futurs professionnels et professionnelles de la santé.
Pour clore l’étude, L’ANEMF appelle à une « tolérance zéro » envers ces agissements, et à faire du monde hospitalier un milieu sain pour celles et ceux qui y exercent. Une lutte dans laquelle l’association s’engage à se lancer, et dans laquelle nous ne pouvons que la soutenir.
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