Alors qu’Emmanuel Macron vient tout juste d’annoncer une stratégie nationale pour lutter contre l’endométriose, c’est au Parlement que les choses bougent !
Ce matin, une proposition de résolution portée par la France Insoumise a été adoptée et pourrait permettre enfin la reconnaissance de cette maladie gynécologique comme une affection longue durée (ALD).
À la tribune, la députée Clémentine Autain a rappelé les conséquences très concrètes de l’endométriose et l’urgence d’agir :
« Combien de femmes se sont vues répondre quand elles confient leur maladie, ce qui n’est pas évident parce que ça touche à l’intime, que c’est dans le domaine des menstruations, qui est un sujet qui reste malheureusement encore tabou ?
On leur dit “c’est dans ta tête”, “t’es toujours fatiguée” et puis c’est normal d’avoir mal quand on a ses règles. Ce sont des petites phrases récurrentes qui sont culpabilisantes, d’abord, mais qui disent aussi le déni et qui ajoutent à la douleur de l’endométriose, celle du mépris et de la condescendance. »
L’impact de l’endométriose au travail
Le texte présenté par LFI rappelle que l’endométriose « constitue un handicap invisible ayant des conséquences sociales, économiques et professionnelles pour les femmes qui en sont atteintes. »
Il cite par ailleurs les résultats de l’enquête Endotravail menée en 2020 et dont les conclusions montrent très clairement l’impact de la maladie au travail :
« Premièrement, neuf personnes atteintes d’endométriose sur dix subissent de la fatigue chronique et plus de la moitié des troubles émotionnels tels que l’anxiété ou une sensibilité accrue (62%) qui affectent les relations professionnelles.
Deuxièmement, elles peuvent souffrir de douleurs lombaires (66%) et de douleurs dans les jambes (45%) ce qui peut rendre des postures de travail pénibles comme le fait de devoir rester debout plusieurs heures.
Enfin, un troisième type de troubles affectent également le quotidien des travailleuses atteintes d’endométriose : il s’agit des troubles digestifs (70%) et urinaires (32%) qui ne touchent pas que celles qui ont des atteintes aux intestins ou à la vessie. »
Si l’accent a souvent été mis sur l’infertilité comme conséquence majeure de l’endométriose, l’impact sur le quotidien ne doit plus être négligé.
La reconnaissance de l’endométriose comme une ALD pourra permettre d’accéder au remboursement des soins, de poser des arrêts maladie en cas de crise, ce que beaucoup ne peuvent pas se permettre de faire.
L’enquête estime qu’un quart des répondantes ont « demandé au moins 5 jours de congés ou de RTT au cours des 12 derniers mois en anticipant les symptômes incapacitants de leur endométriose, pendant leurs règles par exemple. »
Le gouvernement réticent à la reconnaissance de l’endométriose comme ALD
Un pas en avant après des années de tabou et de silence autour d’une maladie pourtant courante.
Pourtant, le gouvernement n’a pas soutenu la résolution – qui n’a cependant pas de valeur contraignante –, alors même qu’elle fait consensus dans l’hémicycle, y compris chez les parlementaires LREM. L’incompréhension demeure : Emmanuel Macron ne déclarait-il pas deux jours plus tôt à quel point la lutte contre l’endométriose lui tient à cœur ?
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Crédit photo : Assemblée nationale (capture)
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