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Cinéma

Le Seigneur des Anneaux, le classique que j’ai mis des années à aimer

Sarah est une lectrice de Rockie et une bibliothécaire passionnée. Du coup, forcément, les livres ça la connaît… Aujourd’hui, elle nous raconte comment elle a fini par se réconcilier avec Le Seigneur des Anneaux.

J’avais environ 10 ans quand les adaptations du Seigneur des Anneaux sont sorties au cinéma. Suite à cette chouette trilogie, j’ai décidé de lire les bouquins. Mon père les ayant lu « avant que ce soit à la mode, duh » m’avait dit que c’était génial, prodigieux, incroyable, donc ni une ni deux, je me suis lancée.

Eh bien, je me suis prodigieusement emmerdée. Je suis allée jusqu’au milieu des Deux Tours avant de lâcher totalement le truc. Pfiouuuuuuuu ! Les chansons à rallonge alors que tu as déjà 8.000 personnages avec trois noms différents, l’action à deux à l’heure, les 0,3 personnages féminins en fond qui ne servent à rien… Et quand je pense qu’on reproche à Proust ses 30 pages d’intro sur le sommeil alors que là on en a 70 sur le calendrier Hobbit ?! J’en pouvais plus, je suis retournée aux films.

Il va falloir que j’assume de ne pas kiffer Tolkien

Environ 10 ans plus tard, j’avais rangé mes classiques de la littérature dans ma liseuse, arrêté mes études de lettres, et ça faisait déjà quelques années que je bourrinais de la fantasy. Mon copain a décidé de se faire la trilogie de Tolkien, et je l’ai suivi. Et là, re-séchage absolu : je finis à peine le premier tome, je n’en peux plus de la longueur malgré de réels moments de joie grâce à des personnages comme Tom Bombadil.

Bref, je laisse tomber. On ne peut pas tout aimer, d’ailleurs moi je déteste Flaubert, donc il va falloir que j’assume de ne pas kiffer Tolkien malgré tous mes efforts. Le style a vieilli, toute la fantasy est passée derrière et pour moi, le résultat est un peu fade et déjà vu. Je me résous à avoir un avis de vieille conne et à passer à autre chose.

Et puis un jour, avec mon copain, on finit l’intégrale des Vargas qu’on a pu trouver en livres audio : on ne sait plus quoi écouter mais on a envie de continuer à « lire » ensemble.

Je traîne sur les sites pour trouver la perle rare, et là : La Fraternité de l’Anneau – nouvelle traduction. Avec mon expérience, je suis mitigée, mais mon copain est enthousiaste et me lance « en plus si ça se trouve, le lecteur est super ! ». Peu convaincue, j’ouvre le fichier, je lance la démo… Et là c’est notre lecteur d’amour, Thierry Janssen et sa délicieuse voix qui nous raconte l’histoire de deux petits hobbits qui combattent le nazisme les forces du mal. Allez, ok, on tente !

Une nouvelle traduction du Seigneur des Anneaux et tout change !

Et enfin, je suis entrée dans le livre. Le lecteur est excellent, mais ce n’est pas ce qui m’a permis d’accrocher. La traduction a été repensée et dépoussiérée sous la direction du grand spécialiste français de Tolkien, Vincent Ferré (qui gère actuellement la grosse expo Tolkien de la Bibliothèque nationale de France prévue pour l’automne 2019).

On sent vraiment dans ce nouveau texte la volonté de faire honneur aux images inventées en anglais par Tolkien, la différence entre les registres utilisés par les personnages, et la fluidité du texte est bien plus évidente. Bref, la lecture est digeste et même les chansons passent bien.

Le format audio rapproche aussi le livre de la tradition orale voire de la chanson de geste dont s’inspire parfois Tolkien. Et après avoir rigolé en imaginant un fromage lorsqu’on évoque « le Comté », j’ai fini par être totalement séduite, et par enfin voir la beauté du texte que cachait la vieille traduction.

Tolkien, ce n’est pas que l’épique, l’invention de créatures magiques qui alimentent encore des centaines d’auteurs et d’autrices, ni même la création de langues magnifiques. C’est surtout, pour moi, un écrivain qui arrive à faire respirer son récit. On sent sous sa plume son amour pour la nature, avec des descriptions saisissantes de paysages.

Ok, j’aime bien Tolkien finalement

Le Seigneur des Anneaux aborde aussi la question du rapport à l’autre et à la différence d’une manière moins caricaturale que dans les films. Je pense par exemple à la très belle amitié (?) entre Legolas et Gimli réduite à une rivalité viriliste dans les adaptations. En vérité, il y a de très beaux passages sur l’importance du lien au-delà des différences culturelles.

Bien sûr, certaines des visions ont vieilli, en particulier concernant la place des femmes. À part Eowyn la guerrière, il y a peu de femmes actives. Les relations hommes-animaux sont plus développées que celles entre les hommes et les femmes… D’ailleurs, il me semble bien qu’aucune femme ne se parlent pendant la trilogie… Fail critique du test de Bechdel !

Mais l’ensemble reste fascinant de beauté et d’inventivité, et pour moi la trilogie vaut la peine d’être lue pour tous les détails poétiques et magiques qui sont évincés des films par manque de temps.

Plus largement, cette expérience m’a bien montré qu’une œuvre se découvre à plusieurs étapes de la vie. Ne pas aimer un bouquin à 15-20 ans ne veut pas dire qu’on ne l’aimera jamais (sauf pour Flaubert, erk), et qu’en cas de blocage, le livre audio peut aider. Passer de l’écrit à l’oral, se débarrasser du poids du livre, c’est déjà se dégager d’une lourdeur qu’on associe à un auteur (oui, ça fait un peu psycho de comptoir dit comme ça).

Et toi, tu as réussi à venir à bout du Seigneur des Anneaux ? Qu’est-ce que tu en as pensé ?


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