Une compilation de nombreuses chroniques regroupant des concepts de l’époque contemporaine (alias l’anthropocène — l’âge où les humains ont commencé à avoir un impact sur la planète d’un point de vue géologique). Des pingouins de Madagascar à CNN, John Green note tout, sur un barème de 1 à 5 étoiles, dans Bienvenue dans l’anthropocène : Chroniques sensibles des choses humaines, son nouvel ouvrage.
À l’occasion de la sortie de ce livre dont Madmoizelle est partenaire, nous avons pu poser à John Green quelques questions brillantes. Qu’il a lui-même notées 5 étoiles, que voulez-vous qu’on vous dise de plus ?
John Green en interview : « écrire d’une manière qui divertit et qui instruit »
Madmoizelle : Comment avez-vous commencé à noter différentes choses et concepts de l’anthropocène ?
John Green : Moi et mon frère Hank traversions les États-Unis en 2017, et nous nous sommes aperçus que les gens s’étaient mis à TOUT noter sur une échelle de 1 à 5. Nous avons été particulièrement étonnés par certaines des « une étoile » attribuées au monde naturel : on a trouvé hilarant que des gens se connectent sur Google pour laisser une critique négative sur une rivière ou une forêt.
À cette époque, je jouais déjà avec ce format dans mon propre travail, et après ce road trip avec Hank, je suis rentré avec l’envie d’écrire une série de critiques du monde autour de moi. Ça a été le début de Bienvenue dans l’anthropocène.
Est-ce que ce livre a nécessité beaucoup de travail ?
Oui, et j’ai beaucoup apprécié faire des recherches sur des sujets divers et variés ! Pour moi, faire des recherches, c’est un peu comme être détective privé : il faut trier et découvrir comment les choses s’imbriquent et se connectent entre elles.
Avec ce livre en particulier, je me suis intéressé à tous les endroits dont les importantes forces historiques (que ce soit le changement climatique, inégalité, innovation technologique) entrechoquaient ma petite vie.
Quelle relation entretenez-vous avec l’anthropocène ?
Je dirais que c’est compliqué.
Comme je le dis dans le livre, je trouve ça à la fois merveilleux et terrible. Nous sommes en train de radicalement redessiner le climat et la biodiversité de la planète, mais nous sommes aussi (enfin d’après moi), la plus intéressante et importante forme de vie humaine de l’histoire de la Terre. Nous sommes à la fois capables d’une extrême générosité et d’une cruauté extraordinaire.
À titre personnel, ça a été très complexe pour moi, car je sais que je n’aurais pas survécu enfant si j’étais né à une période antérieure (j’ai fait face à plusieurs infections en tant qu’enfant qui auraient été mortelles sans antibiotiques). C’est pourquoi je suis reconnaissant (et dépendant) des avancées technologiques de l’anthropocène.
Considérez-vous que votre écriture a changé, des romans aux chroniques (ou des romans aux podcasts ?)
Je pense que c’est aux lecteurs et lectrices de décider.
Il y a plus de 2000 ans, Horace a écrit que la poésie devait « divertir et instruire ». Et c’est mon but quand j’écris : écrire d’une manière qui divertit et qui instruit, et cela que j’écrive de la fiction ou non.
Quelle est votre chronique préférée dans votre livre ?
Je ne pense pas qu’on devrait croire les écrivains dans leur évaluation de leur propre travail, mais je suppose que ma préférée est celle au sujet de la peste, qui parle de la peste noire et comment les êtres humains ont fait face à des pandémies.
Ça a été la plus compliquée à écrire, parce que ça a demandé beaucoup de recherches et parce que je voulais comprendre pourquoi j’avais si peur des maladies.
Est-ce qu’il y a un sujet que vous souhaitiez traiter mais que vous n’avez pas pu ?
Il y a une chronique sur ce film américain, Die Hard 4, que j’ai essayé d’écrire pendant des années. Je trouvais ça drôle d’écrire une critique très travaillée et poussée d’un film d’action complètement moyen, et j’ai passé plusieurs heures à écrire dessus et sur ce que ce film disait sur l’Amérique, la violence, la vengeance, etc.
Je pense que tout peut être intéressant si on y prête la bonne attention… et puis j’ai finalement décidé que je n’en avais pas grand chose à faire de Die Hard 4, et que c’était OK de ne pas avoir d’opinion dessus.
Est-ce que Bienvenue dans l’anthropocène : Chroniques sensibles des choses humaines est votre publication la plus personnelle à ce jour ?
Oui, c’est certain, car c’est la première fois que j’écris sur moi. C’est le premier livre où j’ai tenté d’articuler et de comprendre comment je regardais le monde.
J’adore écrire de la fiction car c’est une façon de tenter d’être quelqu’un d’autre, de voir le monde à travers d’autres yeux. Mais cette fois-ci, je ne voulais pas me fuir. Je voulais écrire en tant que moi-même.
Et sinon, quand même : pourquoi 4 étoiles à Mario Kart ? Il en mérite 5 !
J’aurais surement dû lui mettre 5. C’est un excellent jeu.
Pourquoi rien ne mérite zéro étoile ?
J’ai décidé qu’une étoile serait la plus basse notation car c’était la pire note sur de nombreuses plateformes (allant d’Amazon à Google)
Êtes-vous plus optimiste au sujet de la vie et du monde en ayant fini d’écrire ce livre ?
Je le suis, oui. J’ai écrit ce livre en partie pour écrire un chemin vers l’espoir, pour me rappeler que l’espoir est la bonne réponse à la condition humaine.
Est-ce que vous ressentez le besoin de tout noter dorénavant ?
Pas du tout ! Vraiment, le système de notation à étoiles n’existe pas pour les êtres humains, il existe pour des systèmes d’agrégation de données. Écrire ce livre m’a permis de comprendre que l’analyse critique ne peut pas vraiment s’appuyer sur ce système de notation. Ce que la critique vise vraiment, c’est de mieux comprendre l’univers et notre place dans celui-ci.
Peut-on attendre un volume 2 ?
Peut-être un jour. J’aime écrire des essais et j’ai aimé tellement aimé écrire ce livre. Mais la fiction me manque, donc je pense que je vais retourner un temps aux romans.
Bon, soyez honnête : combien d’étoiles méritent mes questions ?
Cinq étoiles !
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